Le libre accès aux données est au cœur de la lutte contre la pauvreté et du développement : c’est le message qu’il faut retenir aujourd'hui au terme de la Conférence internationale sur l’ouverture des données publiques qui s'est tenue du 10 au 12 juillet à Washington.
Le nouveau président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a accueilli des centaines d’experts et de partisans du libre accès aux données sur le lieu de la conférence, mais également sur le web. Dans son message d’accueil, il s’est réjoui que le libre accès aux données soit « véritablement devenu une préoccupation d’ordre international » depuis que la Banque mondiale a commencé à rendre ses données accessibles gratuitement au public en 2010.
Depuis le lancement de cette initiative, l’institution a ouvert l’accès à 8 000 indicateurs de données pour 200 pays et sur une période de 50 ans. Ce mouvement s’inscrit dans un effort plus général qui vise à développer l’accès à l’information et à élargir le cercle de ceux qui souhaitent contribuer à la résolution des problématiques du développement. La Banque mondiale collabore actuellement avec les gouvernements des pays en développement qui souhaitent également mettre en place un libre accès aux données et accroître la transparence des finances publiques, afin d’inspirer la confiance des investisseurs, des entreprises et des ménages, ainsi que d’orienter leurs prises de décision.
Selon Jim Yong Kim, « c’est un champ qui prend actuellement de plus en plus d’importance ». Récemment, la Banque mondiale a d’ailleurs apporté son appui aux initiatives entreprises par les gouvernements kenyan et moldave pour ouvrir les données publiques. « Nous pouvons et comptons aller plus loin dans l’appui que nous apportons à la transparence en matière de gouvernance et de prestation des services publics. »
La conférence, qui a vu le jour grâce à l’Initiative de la Banque mondiale pour le libre accès aux données, Data.gov et l’Open Development Technology Alliance, accueille pendant trois jours des décideurs politiques et experts venus des cinq continents et originaires d’une cinquantaine de pays. Lors de la journée d’ouverture, plus d’un millier de personnes ont suivi le webcast sur Banque mondiale Live et de nombreux tweets on été publiés avec le hashtag #IOGDC.
Au nombre des intervenants éminents, Steven VanRoekel, directeur des services d’information des États-Unis, a souligné les retombées du libre accès aux données, avec un retour sur investissement qui dépasse largement la simple transparence : non seulement l’ouverture des données publiques permet aux citoyens de savoir ce que font leurs gouvernants et favorise le débat et le journalisme citoyens, mais elle peut aussi être synonyme d’essor économique. Selon Steven VanRoekel, le libre accès aux données météorologiques aux États-Unis a par exemple généré près de 100 milliards de dollars d’activité économique.
Et celui-ci d’ajouter : « À mesure que les pays favorisent et démocratisent l’accès à leurs données, d’énormes possibilités s’offrent à nous pour instaurer un monde meilleur pour tous. »
La directrice générale de la Banque mondiale, Caroline Anstey, a quant à elle indiqué que l’ouverture des données a permis à l’institution de développer de nouveaux schémas d’interaction. Les expériences novatrices basées sur la collaboration de masse (crowdsourcing), telles que les hackathons et les concours d’applications, représentent une part croissante des activités de la Banque mondiale. Celle-ci a également pris la tête d’un « partenariat pour l’ouverture des données sur l’aide » (Open Aid Partnership) : après avoir cartographié les activités de 30 000 projets menés dans 143 pays et mis à la disposition des citoyens des outils leur permettant de s’exprimer sur ces activités, elle collabore à présent avec les bailleurs de fonds pour rassembler tous leurs projets sur une plateforme cartographique unique. La Banque mondiale aide par ailleurs les pouvoirs publics à mettre en place des législations sur l’accès à l’information et œuvre notamment auprès des pays qui ont rejoint le « Partenariat pour un gouvernement transparent » (Open Government Partnership), en les aidant à atteindre un plus haut niveau de transparence grâce à une cartographie des dépenses publiques.
Bien entendu, « la condition du libre accès aux données, c’est l’existence même de données », a ajouté Caroline Anstey. L’Afrique n’est sans doute pas en mesure de connaître l’ampleur des effets de la crise financière sur ses citoyens les plus pauvres, tandis que seulement un quart des pays africains publie des données sur leur production agricole de base. D’après la directrice générale de la Banque mondiale, la proportion de la population enregistrée à l’état civil atteint seulement 1 % en Asie du Sud et 2 % en Afrique subsaharienne.
« Pour les statisticiens, comme pour vous tous ceux ici présents, le terrain aujourd’hui n’est plus celui du langage des chiffres arides et poussiéreux », a poursuivi Caroline Anstey. « Vous êtes en première ligne d’un mouvement puissant qui peut engendrer des mutations décisives, un mouvement dont les bénéfices peuvent être universels. »
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