En 1968, à la suite de l’assassinat de Martin Luther King, certains quartiers de Washington ont été dévastés par les émeutes. Dans Georgia Avenue et aux alentours, le temps semblait s’être arrêté. Les immeubles et les boutiques avaient un côté délabré et rares étaient les personnes à s’aventurer par ici — exception faite des automobilistes qui empruntaient cette route, l’un des principaux axes entre le Maryland et la capitale fédérale.
En ce début de 2015, pourtant, des immeubles résidentiels flambant neuf surplombent des bâtisses centenaires. De nouveaux restaurants branchés côtoient des établissements appartenant à la même famille depuis la nuit des temps. La génération Y coudoie les résidents de longue date aux arrêts de bus. La seule chose qui semble immuable, c’est la circulation automobile. Certains voient dans ces changements une revalorisation du quartier. D’autres parlent de « gentrification ».
Mon mari et moi, qui habitons Washington depuis une bonne vingtaine d’années, sommes arrivés dans ce quartier voici sept ans seulement. Nos voisins, eux, sont là depuis 55 ans ! L’aïeule se souvient encore de l’époque où la rue se terminait par une forêt. Aujourd’hui, les arbres ont cédé la place à deux hôpitaux et des échangeurs reliant le nord-ouest au nord-est, le Maryland au district de Columbia.
Sur Georgia Avenue, les murs du nouveau restaurant « Mothership » arborent la fresque d’un artiste local, Nekisha Durret, lequel a bénéficié d’une bourse pour la création artistique dans les quartiers de la Commission du district pour les arts et les lettres. L’œuvre, intitulée « The Wait » (L’attente), montre plusieurs personnages contemplant un vaisseau spatial suspendu dans l’air. Je passe le long de ce bâtiment tous les jours et cette peinture suscite en moi des sentiments mitigés, comme toujours face au changement, faits d’anticipation, de crainte, de curiosité et de doute. Car le changement ne profite pas toujours à tous.
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