Alors que je jouais aux devinettes avec mon fils de neuf ans pendant le week-end, il m’a donné l’indice « fumée noire » pour me faire deviner le mot « diesel ». Surprenant : moi, à son âge, j’aurais plutôt dit « bus » ou « camion » !
Le mot « diesel » vient du nom de son inventeur, Rudolph Diesel, qui a mis au point un moteur pour les poids lourds en Allemagne à la fin des années 1890. Le carburant diesel désigne tout type de carburant pouvant être utilisé dans un moteur diesel. La combustion de ce carburant fournit l’énergie qui permet la propulsion des véhicules utilitaires lourds, tels les bus et les camions. Elle génère également l’émission de particules fines, qui, associées à un certain nombre d’autres composés chimiques, produisent souvent une fumée noire.
En 2012, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que les émissions issues de la combustion de carburant diesel étaient cancérigènes. Le mois dernier, elle a publié des données montrant que plus de 7 millions de décès étaient imputables à la pollution de l’air, intérieure aussi bien qu’extérieure. La fumée noire émise par les moteurs diesel fait partie de la pollution atmosphérique extérieure, à laquelle participent bus et camions, comme me l’a expliqué mon fils après que nous avons terminé notre jeu.
Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’une étude (a) menée en 2013 par une équipe internationale de scientifiques souligne que les gaz d’échappement de diesel se composent essentiellement de carbone noir, lequel a un fort impact en termes de réchauffement climatique mondial, un impact près de 3 300 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone sur une période de 20 ans.
La triangulation des données scientifiques actuelles aboutit à un message simple et clair : la réduction des émissions de diesel est bénéfique pour la santé comme pour le climat.
Un nouveau rapport de la Banque mondiale (a), publié à l’occasion de la réunion du groupe de travail de la Coalition pour le climat et l’air pur (a), met en relation ces données scientifiques et les politiques publiques en évaluant l’impact économique qu’aurait la limitation des émissions de carbone noir grâce à des projets portant sur les transports. Il s’agit là de l’une des premières tentatives d’établir un cadre permettant d’associer une valeur monétaire aux effets positifs d’une réduction des émissions de carbone noir sur la santé et le climat ; il a été initié par des chercheurs de l’International Council for Clean Transportation (a).
Les résultats de quatre simulations de projets montrent que les seuls résultats sanitaires suffisent généralement à justifier ces opérations, bien que la prise en compte du carbone noir donne parfois plus de poids à l’argument économique en faveur de l’intervention. Toutefois, les résultats sont sensibles aux hypothèses relatives à l’horizon temporel concernant le potentiel de réchauffement climatique et au taux d’actualisation retenu pour le coût social du carbone.
Comme je l’indiquais dans mon billet précédent, si des preuves scientifiques plus solides et de meilleurs outils analytiques sont disponibles, il existe une réelle possibilité de changer de paradigme pour une analyse économique plus complète, qui rende compte des multiples effets bénéfiques des projets. Ce nouveau rapport constitue une tentative dans cette direction, qui, parallèlement, met en lumière les difficultés et les limites d’une telle approche. Un rapport de la Banque mondiale à paraître le mois prochain repousse encore plus loin les frontières de l’analyse. Alors, restez en ligne !
Prenez part au débat