Publié sur Opinions

Et si l’énergie solaire était une source d’émancipation pour la jeunesse africaine ?

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Rows of solar panel at a thermo-solar power plant. Copyright: World Bank. Rows of solar panel at a thermo-solar power plant. Copyright: World Bank.

Le Sommet africain sur le climat rassemble cette semaine à Nairobi des décideurs issus de tout le continent pour aborder les défis climatiques auxquels sont confrontés les pays d’Afrique. À l’occasion de cet évènement, j’aimerais mettre en lumière le potentiel que recèle l’énergie solaire pour le continent et la manière dont elle transforme la vie des jeunes Africains.

Au Kenya, le salon de coiffure de John Masha Ngowa, à Tezo, reste ouvert jusque tard dans la soirée grâce à l’énergie solaire hors réseau.   

De l’autre côté de la frontière, en Tanzanie, Yohana Mawaka, ingénieur électricien en herbe, travaille sur un projet d’énergie solaire à l’Arusha Technical College, un centre d’études sur les énergies renouvelables en pleine croissance. Au cours des décennies à venir, de jeunes Africains comme John et Yohana auront une formidable occasion de contribuer à la croissance économique et à la prospérité du continent.  

D’ici à 2075, près d’un tiers de la population mondiale en âge de travailler, soit 1,9 milliard de personnes (a), sera africaine. L’entrée sur le marché du travail de ces jeunes générations pourra transformer leurs communautés et leurs nations. Les énergies propres peuvent rendre possibles les investissements, les innovations et les nouvelles industries qui créent des emplois et favorisent une croissance inclusive et une prospérité partagée par tous.    

L’Afrique subsaharienne a encore du chemin à parcourir pour assurer l’accès universel à l’énergie et mobiliser tout le potentiel de sa jeunesse. Environ la moitié des Africains ont l’électricité, tandis que des centaines de millions d’entre eux vivent loin des réseaux nationaux. Mais chaque année, de plus en plus de personnes ont accès à l’électricité, souvent grâce à l’énergie solaire.

L’énergie solaire bon marché et abondante pourrait permettre de combler le déficit énergétique en Afrique. Selon la Banque mondiale, les mini-réseaux solaires pourraient d’ici à 2030 fournir une alimentation électrique ininterrompue de haute qualité à 380 millions de personnes, soit 30 % de la population , si les pouvoirs publics et l’industrie unissent leurs efforts pour faire baisser les coûts et surmonter les obstacles au financement.

Les pays africains sont à l’avant-garde de la révolution des énergies propres. Dans certaines régions d’Éthiopie, du Niger, du Nigéria et d’autres pays, l’énergie solaire alimente des communautés éloignées du réseau électrique. Plus de 75 % des Kényans ont désormais accès à l’énergie grâce à l’intensification des efforts pour accélérer les progrès. Dans le nord du Kenya, le projet de la Banque mondiale sur l’accès des zones mal desservies à l’énergie solaire hors réseau (a) met en place des mini-réseaux pour électrifier les écoles, les dispensaires et les foyers, soit 1,5 million de bénéficiaires. 

Entre 2018 et 2022, nous avons soutenu l’accès à l’électricité d’environ 77 millions de personnes et avons engagé 5,7 milliards de dollars pour poursuivre les programmes d’accès direct à l’énergie, principalement en Afrique.

En outre, nous intensifions considérablement nos efforts pour atteindre les populations pauvres et vulnérables, en particulier dans les pays en proie à la fragilité, aux conflits et à la violence. En République centrafricaine, par exemple, un nouveau parc solaire équipé de batteries de stockage est financé par des dons et des fonds privés. La première phase du parc solaire permettra d’alimenter en électricité 250 000 personnes dans la capitale, et contribuera ainsi à réduire la dépendance à l’égard du diesel, coûteux et polluant.

Cette centrale est la première d’une série d’interventions visant à développer les énergies propres grâce à des centrales solaires à grande échelle, des mini-réseaux et des solutions hors réseau pour les foyers. En moins de dix ans, plus de la moitié de la population du pays devrait avoir accès à l’électricité, contre 18 % actuellement.

Des efforts similaires sont déployés dans toute l’Afrique. Les pays d’Afrique de l’Ouest, où les taux d’électrification sont parmi les plus bas et le coût de l’électricité parmi les plus élevés du continent, ont pris des mesures au début de l’année pour réduire leur dépendance au pétrole. Le Tchad, le Libéria, la Sierra Leone et le Togo ont signé le projet régional d’intervention d’urgence dans le secteur de l’énergie solaire (RESPITE) afin d’augmenter rapidement la capacité de production d’électricité d’origine renouvelable raccordée au réseau et de renforcer l’intégration régionale dans les pays participants. Selon le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, ce projet marque « le début d’une révolution dans l’approvisionnement et l’accès à l’énergie ».  

Grâce à un accès accru à une énergie propre, bon marché et abondante, les jeunes auront davantage de possibilités de poursuivre leurs études, d’acquérir des compétences, de créer des entreprises et d’aider les autres à avancer sur la voie du progrès. Tel est l’objectif de Lucas Nyambalya, un autre étudiant de l’Arusha Technical College : « J’aimerais avoir une entreprise qui crée de grands systèmes énergétiques hors réseau pour aider la population rurale à accéder à une énergie propre et fiable. »  

Cette semaine, alors que nous nous réunissons à Nairobi pour le Sommet africain sur le climat avec le souci de faire émerger des solutions aux défis climatiques, pensons aux actions concrètes qui permettent aux jeunes Africains — comme John, Yohana et Lucas — de libérer le potentiel de la nouvelle économie climatique de l’Afrique. 


Auteurs

Axel van Trotsenburg

Directeur général senior de la Banque mondiale, Politiques de développement et partenariats

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