Soixante-cinq millions d’individus dans le monde sont des déplacés, à cause d’un conflit ou d’une guerre.
Les pays en développement accueillent 95 % d’entre eux (a).
Les déplacés ont besoin d’aide. Comme leurs communautés d’accueil, dont les infrastructures, les services publics et les marchés sont soumis brutalement à des pressions immenses, qui menacent la stabilité politique.
C’est pourquoi les institutions internationales de développement revoient leur approche des crises humanitaires et ne considèrent plus que l’aide humanitaire et l’aide au développement sont deux types d’interventions distinctes et successives. La Banque mondiale renforce régulièrement son soutien aux individus et aux communautés en situation de fragilité, de conflit et de violence (a) ou exposés à des risques de catastrophe, qui peuvent aggraver l’instabilité.
Le renforcement de la résilience des populations et la préservation des moyens de subsistance reposent sur la capacité à assurer des services financiers avant, pendant et après une crise humanitaire (a). Mais plus des trois quarts des adultes dans les pays confrontés à une crise humanitaire ne sont pas intégrés au système financier formel et dépendent au contraire de réseaux informels.
En général très réactifs, les membres des diasporas manquent souvent de solution efficace pour acheminer de l’argent aux populations touchées par une crise.
En apportant une réponse immédiate à la vulnérabilité, les transferts monétaires d’urgence, via notamment des dispositifs numériques, peuvent atténuer l’impact d’une crise. L’accès à des services financiers formels permet habituellement de se constituer un capital, de mieux absorber les chocs découlant d’une situation d’urgence, d’une maladie ou d’une blessure et de réaliser des investissements productifs.
En période de crise, les réseaux financiers sont un canal vital pour acheminer une aide très attendue. Pourtant, ils ne sont pas toujours préparés à ce type d’événements ni à un large afflux de déplacés.
Les systèmes de paiement sont particulièrement cruciaux lors d’une crise, puisque les acteurs humanitaires et les bailleurs de fonds seront amenés sur un laps de temps court à distribuer des fonds à des milliers de personnes.
L’épidémie d’Ebola l’a démontré. Avec la propagation de la maladie, le versement des primes de risque au personnel chargé de la prise en charge des malades devenait de plus en plus difficile. La Banque mondiale et les donateurs ont œuvré avec les gouvernements des pays touchés pour mettre en place des virements électroniques en lieu et place des espèces.
Mais pour que cela soit efficace, il faut disposer d’un réseau de points d’accès et d’un système de gestion des liquidités adaptés. Tous les pays ne sont par exemple pas dotés d’un régime simplifié de vigilance à l’égard de la clientèle ou de réglementations claires pour les agents financiers qui faciliteraient les transferts numériques.
Les organismes sans but lucratif sont souvent en première ligne pour apporter une aide pendant une crise humanitaire. Mais depuis quelque temps, ils peinent à accéder aux services financiers, avec la crainte injustifiée de financer, par leur intermédiaire, des opérations de blanchiment d’argent ou le terrorisme. Avec les banques, les organismes eux-mêmes et les autorités de régulation, la Banque mondiale s’emploie à faire évoluer cette perception pour que ces acteurs puissent conserver leurs comptes bancaires et acheminer des fonds vers les points chauds humanitaires (a).
En cas de dégâts matériels et infrastructurels (routes, télécommunications, réseaux énergétiques, agences bancaires, systèmes de virement et de compensation, agences de crédit), les capacités du système financier à surmonter la crise sont encore plus amoindries.
Globalement, nous devons parvenir à une meilleure compréhension des besoins financiers des personnes touchées par une crise et de la manière dont elles utilisent ces services.
Un rapport conjoint du CGAP et de la Banque mondiale, intitulé The Role of Financial Services in Humanitarian Crises (a), s’intéresse au rôle des services financiers pendant une crise humanitaire et propose une série de recommandations sur la manière dont les organismes de développement, les pouvoirs publics et les acteurs financiers peuvent compléter l’aide humanitaire de court terme par des interventions de plus longue haleine visant à assurer l’inclusion financière et, plus généralement, le développement.
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