« Le 12 mai 2008, un séisme d'une magnitude de 8,0 sur l'échelle de Richter, qui s’est soudainement déclenché à 14 heures 28 minutes 04 secondes, a secoué la terre, déplaçant montagnes et rivières et laissant un pays fortement dévasté et divisé… » Ceci est un extrait du rapport officiel chinois décrivant les conséquences catastrophiques du tremblement de terre qui, en frappant durement le Sichuan, a fait 5.335 morts ou disparus parmi les élèves et étudiants de la province.
Et voilà qu’il y a deux ans, au Népal, le 25 avril 2015, un séisme d’une magnitude de 7,8 a démoli ou irréparablement endommagé quelque 6.700 bâtiments scolaires. Heureusement que le séisme s’est produit un samedi, jour férié au Népal, sinon le bilan de morts et de blessés aurait pu être aussi sévère ou même bien pire qu’au Sichuan. De même, dans d’autres endroits du monde – au Pakistan, au Bangladesh, aux Philippines, à Haïti, en Équateur et, le plus récemment, au Mexique – des établissements scolaires ont été touchés par des catastrophes naturelles.
Pourquoi les bâtiments scolaires s’effondrent-ils ?
L’expansion des infrastructures scolaires, qui a été particulièrement rapide au cours des deux dernières décennies, pose des difficultés financières et institutionnelles aux autorités gouvernementales. La quantité a souvent primé sur la qualité, ce qui favorise des pratiques de construction à risque :
- De faibles capacités institutionnelles entravent la mise à niveau d’un important parc immobilier existant qui n’est pas conforme au code de la construction en vigueur ;
- Une planification inadéquate de la carte scolaire, un inventaire immobilier incomplet et un manque d’informations concernant les catastrophes naturelles ont souvent pour conséquence la construction d’établissements (dans des zones) à haut risque ;
- Ces risques sont exacerbés par l’usage de techniques de construction inadaptées, par de mauvaises pratiques de construction, et par un manque de maintenance des bâtiments ;
- Des contraintes budgétaires et un manque de programmation des investissements à long terme poussent les responsables à se concentrer sur le court terme.
Alors, que fait la Banque mondiale pour améliorer la sûreté et la sécurité des infrastructures scolaires ?
La Banque mondiale a, il y a trois ans, lancé le Programme mondial pour des écoles plus sûres ( GPSS), avec l’appui du Dispositif mondial pour la réduction des risques de catastrophes ( GFDRR), et nous avons ainsi financé des programmes en Colombie, aux Philippines, en Turquie (a) et dans d’autres pays.
Etabli maintenant à l’enseigne du Pôle du développement social, urbain et rural, le GPSS vise à promouvoir et à faciliter des investissements à grande échelle ayant pour objectif de rendre les infrastructures scolaires –actuelles et futures– plus fiables et plus résistantes aux catastrophes naturelles…, afin d’assurer aux élèves et étudiants un meilleur environnement pédagogique.
En cours de réalisation, nous avons appris à mieux comprendre les causes, les conséquences et les solutions face aux risques de catastrophes naturelles, ce qui nous a permis de construire des établissements plus sûrs et plus résistants. En utilisant des techniques de modélisation du risque, par exemple, nous avons pu faire une estimation quantitative des pertes et dommages éventuels dans les infrastructures scolaires en fonction d’une évaluation de phénomènes catastrophiques historiques (voir le schéma 1).
Comment parvenir à de meilleures solutions plus rapidement ?
En dépit d’accords internationaux visant à atténuer les risques associés aux catastrophes et à mitiger les effets du réchauffement climatique, force est de constater que la sécurisation des infrastructures scolaires (a) en est le parent pauvre.
Dans quelques pays en développement, comme la Turquie et le Pérou, nous avons mis en place des interventions qui cherchent à réduire la vulnérabilité face aux dangers, mais il reste beaucoup à faire pour les pays à faible et à moyen revenu qui sont situés dans des zones à risque élevé de catastrophe naturelle.
Les conditions qui doivent être réunies pour favoriser une prise de décision en matière de sûreté et de sécurité d’infrastructures scolaires sont au nombre de trois :
- Un argumentaire fondé sur l’expérience empirique est à la base de tout le processus – planification, conception, construction, fonctionnement, maintenance et réhabilitation de l’établissement ;
- Le financement est lié aux progrès réalisés en matière de réduction du risque en vue de fidéliser les gouvernements central et municipal dans cette approche ;
- Des solutions techniques, à prix modique et adaptées aux conditions locales, sont facilement accessibles.
Voilà l’approche recommandée par le GPSS pour l’avenir. Nous vous invitons à suivre cette série de blogs, au cours de laquelle nous partagerons résultats et avancées dans les projets menés au Pérou, au Népal, en République Kirghize et en Turquie. Vous constaterez l’impact positif de cette collaboration au niveau de l’intégration de la dimension « sûreté et sécurité » dans le concept bien plus large d’environnements pédagogiques de qualité. Nos partenaires – universités, secteur privé et société civile – seront également mis à contribution. Enfin, grâce à la toute nouvelle Bibliothèque mondiale de l’infrastructure scolaire, nous ferons la collecte et le partage d’une typologie des bâtiments scolaires avec informations concernant leur performance sismique.
Nous comptons particulièrement, encourager un large débat qui déboucherait rapidement sur des solutions à grande échelle, permettant de garantir aux enfants de pays en développement un meilleur cadre pédagogique, et mieux sécurisé.
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