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Inondations au Mozambique et dérèglement climatique

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Au Mozambique (a), la saison des pluies a tourné au drame pour 110 000 habitants de la vallée du Limpopo : ces derniers jours, l’eau a tout submergé, champs, villes et villages, obligeant des milliers de personnes à se réfugier sur les hauteurs. Pour l’instant, 40 victimes seraient à déplorer ; l’ampleur de la catastrophe est telle que le bilan pourrait s’élever à terme à 150 000 sinistrés.

Un avion de reconnaissance des Nations Unies a survolé la vallée lundi dernier, photographiant les centaines d’hectares de terres agricoles noyées sous des eaux boueuses à la suite de la crue du fleuve Limpopo et de ses affluents — c’est précisément dans ce genre de circonstances que l’on prend la mesure de l’importance du rôle humanitaire joué par l’ONU.

Le président mozambicain Armando Guebuza s’est rapidement rendu sur place afin de constater les dégâts et la situation des déplacés. Dans un centre d’hébergement d’urgence, il s’est entretenu avec des réfugiés originaires de la ville de Chokwé et de ses environs, et les a assurés de la solidarité nationale : « Nous sommes avec vous, nous partageons votre douleur car nous savons que vous avez presque tout perdu, votre maison, vos chèvres, votre bétail… ».


ImageSelon les relevés effectués entre 1960 et 2005, les températures dans le nord et le centre du pays auraient augmenté de 1,1 à 1,6°C. Les projections sur la période 2040-2060 tablent sur une hausse de 2,5 à 3,0°C dans l’intérieur des terres. Ces changements climatiques entraîneront une aggravation des périodes de sécheresse, une plus forte variabilité des précipitations et une augmentation des inondations, ainsi que la multiplication des cyclones violents et des feux de forêt.

Quant à l’élévation du niveau de la mer, en particulier pendant la saison des pluies, elle grignote peu à peu les 16 000 milles de côtes africaines, y compris au Mozambique.

À Maputo, plus au sud et à bonne distance de ces inondations, les conséquences de l’érosion sont bien visibles : le long de la Costa do Sol, à Marginal, les vagues se fracassent sur les énormes blocs de rochers ou les digues en béton installés là en renfort. À une époque, les édiles de Maputo avaient planté des arbres très résistants, les casuarinas, pour stabiliser le littoral. Mais la mer a fini par éroder les talus côtiers, mettant à nu les racines des arbres, et, l’an dernier, la ville a dû édifier en urgence une digue pour protéger la côte.

Si vous vous promenez sur la plage, au milieu des familles qui se baignent ou profitent de l’ombre des casuarinas, vous verrez que le nouvel ouvrage est déjà en train de se déformer, rappel s’il en fallait de la puissance des flots, qui battent sans relâche le rivage. Un peu plus loin, autour d’un nouveau lotissement en cours de construction, les dernières pluies violentes ont emporté un pan entier d’une route à peine achevée, avec pour conséquence de devoir, de nouveau, procéder à tous les travaux de drainage.

Alors que le Mozambique est confronté à ces crues destructrices et aux effets lancinants de l’érosion côtière, on ne s’étonnera pas de voir le développement durabImagele et la résilience au changement climatique figurer parmi les priorités du Groupe de la Banque mondiale. Son président Jim Yong Kim l’a confirmé dans ses récentes déclarations pendant le Forum économique de Davos ainsi que dans une tribune publiée dans le Washington Post. Climat et développement sont inextricablement liés.


Lors de sa première visite officielle au Mozambique, mardi 29 janvier,  en tant que vice-président de la Banque mondiale pour la Région Afrique, Makhtar Diop a annoncé aux autorités de Maputo un appui immédiat pour aider à remettre sur pied les régions touchées par les inondations et, plus largement, pour renforcer la résilience du pays face au changement climatique.

Hasard du calendrier, alors même que la vallée du Limpopo commençait à sombrer sous les eaux, la Banque mondiale approuvait à la fin de la semaine dernière un financement de 50 millions de dollars sans intérêts (a) destiné à la lutte contre le changement climatique au Mozambique. M. Diop a indiqué au président Guebuza et à ses principaux ministres qu’ils allaient pouvoir bénéficier de ces fonds rapidement et avec flexibilité afin d’aider les familles et les communautés à se relever après les inondations dévastatrices. Il a aussi incité le bureau de la Banque mondiale sur place à restructurer les projets de développement en cours pour lever, en fonction des besoins exprimés par les autorités, davantage de fonds en faveur de ces actions.

Le Mozambique n’est en effet pas au bout de ses peines : il va falloir reconstruire les routes, les ponts, les systèmes d’adduction d’eau et les autres infrastructures essentielles qui ont été emportés par les crues récentes. Le relèvement des digues de Chokwé et Xai-Xai sera prioritaire. Mais il faudra aussi rebâtir les écoles et aider les agriculteurs à replanter dès que possible riz et maïs pour la seconde récolte de l’année.

Selon le ministre de l’Agriculture, environ 3 % des terres cultivées ont été ravagées par les inondations. M. Diop s’est personnellement engagé auprès des responsables mozambicains à mobiliser son équipe pour épauler le pays et l’aider à entamer le délicat processus de la reconstruction.

Le vice-président de la Banque mondiale a aussi insisté sur la nécessité de faire entendre la voix des Africains dans les débats en cours sur le changement climatique. Son souhait est d’ancrer les discussions dans la réalité des peuples concernés : des terres brûlées par le soleil au Sahel et dans la corne de l’Afrique à la côte méridionale soumise à l’assaut constant des vagues en passant par les zones arides du Kenya (a), quelles sont les répercussions du dérèglement climatique sur la vie quotidienne des populations et sur les cultures qui les font vivre ?

Pour plus d’informations sur les activités du Groupe de la Banque mondiale au Mozambique :

http://www.worldbank.org/en/country/mozambique (a)

Pour en savoir plus sur l’action de la Banque mondiale contre le changement climatique en Afrique : http://go.worldbank.org/PLCPCNBSW0 (a)


Auteurs

Phil Hay

Communication Adviser, Development Economics, World Bank

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