On a assisté ces dernières décennies à l’essor marqué du poids économique des pays dits du « Sud » (hors G7 et Europe occidentale) par rapport aux économies du Nord (Canada, Japon, États-Unis et Europe occidentale). Si la part grandissante de ces pays dans l'activité économique mondiale et le commerce international est un fait bien connu, leur rôle dans la finance mondiale est en revanche moins documenté.
Afin de mieux cerner la place du Sud dans les investissements internationaux, nous avons réuni un ensemble inédit de données nous permettant de comparer les investissements depuis et vers le Sud à ceux en provenance et à destination du Nord. Ces données comprennent divers types d’investissements : prêts et dépôts bancaires, portefeuilles-titres, investissements directs étrangers (IDE) et réserves internationales. Alors que la plupart des travaux antérieurs rendent compte des investissements des pays vers le reste du monde en général, nos données s'intéressent aux flux bilatéraux : elles indiquent la source et la destination des investissements internationaux, apportant un nouvel éclairage sur le degré d’intégration entre groupes de pays.
Nos conclusions, présentées dans une nouvelle étude (a), mettent en évidence l’essor du Sud dans la finance mondiale. Elles révèlent notamment que les investissements internationaux entre le Nord et le Sud ont connu une progression supérieure à ceux observés entre pays du Nord. Par ailleurs, l’intégration financière au sein des économies du Sud a progressé encore plus rapidement. En 2018, le Sud représentait entre 24 et 40 % des prêts et dépôts internationaux, des investissements de portefeuille et des IDE, soit une hausse d’environ 10 points de pourcentage par rapport à 2001.
Ces tendances se manifestent dans la valeur des investissements, mais aussi dans l'établissement de nouveaux liens entre les pays (carte 1). Autrement dit, les pays du Sud sont de plus en plus nombreux à tisser des liens d’investissement entre eux et avec des pays du Nord. Ces résultats valent pour de nombreux couples de pays. Ils ne tiennent pas seulement à quelques grandes économies du Sud, telles que la Chine, et restent par ailleurs valables quand on intègre les centres financiers offshore dans l’analyse.
Il convient de souligner que ces nouvelles relations d’investissement, quoique importantes en nombre, ont joué jusqu’à présent un rôle limité dans la croissance du Sud, dans la mesure où elles ne représentent qu’une part mineure de la valeur des investissements. Mais si elles continuent de se développer au même rythme que celui des deux dernières décennies, le Sud est appelé à gagner en importance et à égaler à terme le Nord dans les transactions financières mondiales.
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