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Récolte de riz dans un village Thai à Mai Chau, province de Hoa Binh, nord du Vietnam
Il y a plus de deux décennies, les pays du monde se sont entendus sur la nécessité de faire face au changement climatique.
La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été adoptée en 1992. Elle a donné naissance à divers forums de négociation destinés à éviter les conséquences catastrophiques du réchauffement de la planète, qui est essentiellement imputable nos sociétés et à la pollution qu’elles génèrent.
Certes, des progrès ont été accomplis depuis, mais il reste encore tant à faire. La sécheresse, les inondations et les cyclones qui semblent déjà faire partie du quotidien ne sont en réalité que des signaux d’alerte sur ce qui nous attend. Si l’on veut empêcher que la situation ne devienne encore plus grave, il faut réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre, ce qui exige d’agir sans délai et avec la plus grande vigueur.
Les nouveaux Objectifs de développement durable (ODD), qui sont le fruit d’un incroyable processus de consultation au niveau planétaire, montrent le chemin à suivre pour promouvoir une croissance stable qui mettra fin à la pauvreté et dont chacun bénéficiera, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, dans un monde transformé par le changement climatique.
Chacun des 17 ODD renferme deux réalités simples et redoutables :
- Il n’existe aucun scénario dans lequel nous pourrions atteindre les ODD d’ici la date-butoir de 2030 si les émissions polluantes continuent au rythme actuel ;
- Il n’existe pas non plus de scénario dans lequel nous pourrions atteindre les ODD sans investir pour accroître la résilience au changement climatique.
Du point de vue du Groupe de la Banque mondiale, l’enjeu est de faire en sorte que les sociétés renforcent leur résilience face au changement climatique grâce à une croissance sobre en carbone, et, pour cela, de se doter des financements appropriés. L’ampleur des tâches nécessaires pour relever ce défi appelle une transformation de notre économie.
Et cette transformation ne sera possible qu’avec des moyens financiers extrêmement importants : une transition maîtrisée vers une économie résiliente et à faibles émissions de carbone requiert non pas des milliards mais des milliers de milliards pour que les pays, les villes et les populations puissent faire face aux effets du changement climatique.
La bonne nouvelle, c’est que l’action climatique n’impose pas de sacrifier l’économie. Comme le montre notre rapport Adding Up the Benefits of Climate Action (a), des politiques publiques bien pensées peuvent avoir des effets bénéfiques aussi bien sur l’économie que sur l’état de santé de la population et sur le climat.
Les banques multilatérales telles que le Groupe de la Banque mondiale ont bien sûr un rôle à jouer. Selon un rapport publié en juin, nous avons consacré l’année dernière plus de 28 milliards de dollars au financement de l’action climatique (a) et recueilli encore plus auprès d’autres sources. Mais ce n’est là qu’une fraction de la somme totale nécessaire.
Parmi les mesures à prendre, il faut généraliser les dispositifs de tarification du carbone (a) : celui-ci étant le principal polluant responsable du changement climatique, il est fondamental et impératif d’augmenter le coût des combustibles fossiles et de leurs émissions. Aujourd’hui, au moins 40 pays et plus de 20 villes, États fédérés et provinces recourent ou prévoient de recourir à une tarification du carbone, qui incite économiquement à ne plus dépendre des combustibles fossiles et à opter pour un développement sobre en carbone.
Il est également essentiel de mobiliser les ressources financières du secteur financier et les milliers de milliards de dollars qu’il gère. La Banque mondiale est l’un des pionniers de l’émission d’ obligations vertes (a), une solution innovante qui permet à des investisseurs privés de soutenir l’action climatique. Elle donne l’exemple du nouvel état d’esprit requis.
Nous agissons sur de multiples fronts. Nous accompagnons la transformation énergétique qui est déjà en marche en aidant les pays à passer à l’énergie solaire, à l’énergie éolienne et à d’autres formes d’énergie renouvelable. Nous aidons aussi les agriculteurs à s’adapter au changement climatique en utilisant de nouvelles technologies, de nouveaux modes d’alimentation de leur bétail et de nouvelles variétés végétales.
Nous avons pu constater l’efficacité de notre approche au Viet Nam, où un projet visant à changer les pratiques agricoles a fait diminuer d’environ 20 % la consommation d’eau pour la culture du riz, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre (a). Fort de son succès, ce programme a été étendu au delta du Mékong. En cinq ans, il devrait permettre de réduire les émissions de quelque 2,5 millions de tonnes d’équivalent CO2.
Des changements en apparence simples peuvent produire des effets de très grande ampleur. Au Bangladesh par exemple, la Banque finance la construction de plus de 500 abris en acier (a) destinés aux populations directement touchées par le changement climatique. Ces abris servent d’écoles, mais aussi de refuges en cas de catastrophe naturelle.
Les ODD seront mis en œuvre dans un monde profondément marqué par le changement climatique. Nous savons que nous devons cesser toute émission de carbone d’ici la fin de ce siècle. Ne remettons pas à demain ce qu’il faut faire dès aujourd’hui.
Rachel Kyte est vice-présidente et envoyée spéciale du Groupe de la Banque mondiale pour le climat. Ce billet fait partie d’une série publiée par le Huffington Pos t sous l’intitulé « What's Working: Sustainable Development Goals (a) » à l’occasion de l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) par les Nations Unies.
www.worldbank.org/climate
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