La conférence de Paris sur le climat nous offre une occasion unique pour notre génération de faire passer clairement le message suivant : nous pouvons promouvoir la prospérité et la croissance économique sans que les émissions de carbone polluent la Terre et nous devons agir de toute urgence face à l’instabilité et au réchauffement de la planète.
Je suis convaincu que les responsables politiques du monde entier se montreront à la hauteur de ce défi à Paris. Quant à nous, au sein du Groupe Banque mondiale, nous aiderons les pays et les entreprises que nous comptons parmi nos clients à effectuer leur transition vers un développement économique à la fois résilient et à faible intensité de carbone.
Cette transition nécessitera la mobilisation de milliers de milliards de dollars d’investissements dans les systèmes d’énergie propre, les solutions en matière de transport urbain, la remise en état des paysages et les pratiques agricoles intelligentes sur le plan climatique — mesures décrites dans les plans nationaux connus sous le nom de « Contributions prévues déterminées au niveau national ». Plus de 170 pays ont communiqué leur plan à l’Organisation des Nations Unies.
Comme beaucoup d’autres, nous avons apporté les preuves économiques démontrant que plus nous attendrons pour amorcer la transition vers une croissance plus propre et sobre en carbone, plus le coût en sera élevé. Les pays courent le risque de s’enfermer dans des scénarios énergétiques, des systèmes de transport et une expansion urbaine tentaculaire à forte intensité de carbone qui rendront la situation encore plus difficile à l’avenir.
Les autorités nationales doivent dès maintenant envoyer à tous les acteurs économiques un message fort et cohérent pour leur faire savoir qu’elles apportent leur soutien à l’utilisation de technologies, de méthodes et de services plus propres.
Cette démarche implique la suppression des subventions, néfastes et coûteuses, en faveur des combustibles fossiles, mais aussi la démonstration de la vérité des prix grâce à l’adoption d’une mesure indispensable : la tarification de la pollution au carbone. De nombreux pays et un millier d’entreprises à travers le monde sont favorables à cette tarification.
Le premier jour de la conférence sur le climat, je me tiendrai aux côtés des dirigeants mondiaux pour appeler d’autres pays et d’autres entreprises à fixer un prix pour les émissions de carbone. Certains de ces dirigeants sont membres du Comité pour la tarification du carbone, groupe de chefs d’État et de gouvernement et de responsables de collectivités locales qui ont engagé un dialogue avec leurs pairs pour les convaincre de prendre cette mesure nécessaire et responsable.
Parmi les membres du Comité, réuni par la Banque et le FMI, figurent la chancelière allemande Angela Merkel, la présidente chilienne Michelle Bachelet, le président français François Hollande, le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, le président philippin Benigno Aquino III et le président mexicain Enrique Peña Nieto, ainsi que le gouverneur de Californie, Jerry Brown, et le maire de Rio de Janeiro, Eduardo Paes.
Les pouvoirs publics doivent aussi mener leurs politiques de manière à conduire les entreprises et les investisseurs privés à investir dans des modes de développement propres. Il est nécessaire d’appliquer systématiquement des normes d’efficacité énergétique pour les appareils électroménagers, les bâtiments, les voitures et les véhicules utilitaires, et de prendre des dispositions fiscales pour pénaliser le gaspillage et la pollution au carbone tout en encourageant l’innovation et une utilisation efficace des ressources.
Dans cette perspective, de nombreux pays devront obtenir des financements concessionnels pour éliminer les risques associés aux investissements dans de nouveaux modèles opérationnels ou des projets de grande envergure recourant éventuellement à de nouvelles techniques, afin d’accélérer l’adoption de technologies et de modèles opérationnels et, fondamentalement, investir dans la résilience.
Une grande partie des dispositions inscrites dans les plans nationaux sur le climat est conditionnée à l’apport d’un soutien financier. Nous nous sommes engagés à porter le montant annuel de notre financement de l’action climatique à quelque 29 milliards de dollars à l’horizon 2020 — soit près du tiers des 100 milliards de dollars de contribution que les pays développés ont annoncés la dernière fois que des négociations de cette importance ont eu lieu sur la question du climat.
Les initiatives contenues dans les plans nationaux sur le climat se chiffrent en milliers de milliards de dollars, et c’est là que nous avons besoin d’une impulsion politique pour mettre en œuvre des politiques sensées et cohérentes à même de promouvoir une croissance propre et un développement économique résilient.
La conférence de Paris doit refléter l’urgence de cette tâche. La mission du Groupe Banque mondiale consiste à mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et à promouvoir une prospérité partagée au profit des 40 % les plus pauvres de la population. Dans l’histoire de l’humanité, nous sommes la première génération qui a la possibilité de mettre un terme à l’extrême pauvreté, mais les effets du changement climatique pourraient rendre cet objectif irréalisable. À Paris, nous devons faire preuve d’ambition, car notre avenir et celui de nos enfants et petits-enfants en dépendent.
Ce billet a d'abord été publié en anglais par le Huffington Post dans le cadre d'une série de publications dédiée à la 21ème Conférence des Parties (COP21) de l'ONU qui se tient à Paris du 30 novembre au 11 décembre.
Prenez part au débat