Alors que nous entrons dans la deuxième année de la campagne Stop TB in my lifetime, le moment est venu de faire le bilan pour savoir où nous en sommes et d’étudier les priorités qui permettront d’atteindre cet objectif important. Au-delà des messages qui exhortent la communauté mondiale à endiguer cette maladie guérissable, il y a les visages de ceux qui souffrent ou dont la vie a été écourtée prématurément. Ces visages restent gravés dans ma mémoire et renforcent ma volonté de mettre un terme à la tuberculose.
Leurs histoires sont étonnamment similaires. Au moment où ils arrivent au centre de santé, nombre de patients ont une toux persistante, sont très anémiés et sont incapables de travailler ou d’aller à l’école. Lorsqu’ils reçoivent des soins, ils en sont souvent à un stade avancé de la maladie, ce qui accroît le risque qu’ils contaminent d’autres personnes et rend le traitement plus complexe et plus onéreux. Ils n’ont pas accès aux dernières technologies qui permettent de diagnostiquer avec précision une tuberculose liée au VIH ou des souches multirésistantes. Ils risquent donc de ne pas être diagnostiqués et de continuer à transmettre la maladie.
En cette Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, nous devons reconnaître les progrès qu’a accomplis l’Afrique. Si ce continent est en bonne voie pour atteindre l’objectif du Millénaire pour le développement qui consiste à réduire le nombre de nouveaux cas de tuberculose, il faut poursuivre les efforts afin de réduire le nombre de décès imputables à cette maladie. Les progrès des soins intégrés tuberculose/VIH sont remarquables dans certains pays, comme le Kenya et le Rwanda, grâce au dépistage systématique du VIH chez les patients tuberculeux (Rapport 2012 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde, OMS, 2012). Les recherches en matière de test rapide hors laboratoire, de vaccins et de méthodes de diagnostic avancent à bonne allure. Mais il ne faut pas s’arrêter là si l’on veut éradiquer la tuberculose de la planète.
Pour endiguer la propagation de la maladie, il est absolument primordial d’améliorer la rapidité et la précision du diagnostic. Dans le cadre d’un projet financé par la Banque mondiale et visant à développer un réseau de laboratoires de santé publique en Afrique de l’Est (a), les États membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (Kenya, Rwanda, Tanzanie, Ouganda et Burundi) œuvrent conjointement au renforcement de la capacité des laboratoires et à l’amélioration de l’accès aux dernières technologies de diagnostic moléculaire. Le déploiement du nouveau système GeneXpert au Kenya permet de faire bénéficier de services de diagnostic critiques des populations vivant dans des zones transfrontalières isolées (Malindi, Wajir, Busia). C’est une véritable révolution pour la prise en charge de la tuberculose : en l’espace de quelques heures, les patients reçoivent en effet les résultats de leurs examens et peuvent bénéficier d’un traitement approprié, ce qui fait économiser du temps et de l’argent aux ménages et aux systèmes de santé. Au-delà de la tuberculose, les laboratoires développés dans le cadre du projet seront en mesure de réaliser des examens sur d’autres pathologies et de fournir rapidement aux responsables de la santé publique les informations dont ils ont besoin sur de nouveaux agents pathogènes. Le projet s’atèle donc à la fois à une dimension essentielle de la lutte contre les maladies transmissibles et à un aspect négligé des systèmes de santé.
Cette vidéo tournée au Kenya rend compte de l’essence du projet.
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