Alors que la hausse et la volatilité des prix alimentaires ont précipité 44 millions de personnes dans la pauvreté, ce sujet brûlant a été débattu dans le cadre d’un Open Forum organisé par la Banque mondiale. Pendant deux heures, lors d’un débat retransmis sur le web, les experts ont réagi aux interventions des 3 000 internautes ayant participé au chat de 24 heures et aux quelques 500 suggestions et commentaires envoyés des quatre coins du monde avant l’événement (l’ensemble des envois couvre 91 pays).
Les intervenants du panel, constitué de spécialistes des marchés des produits de base, de la directrice exécutive du Programme alimentaire mondiale des Nations unies (PAM), d’universitaires et du ministre rwandais de l’Agriculture, ont débattu de l’impact de la spéculation, du problème de l’utilisation de produits agricoles pour les biocarburants, du gaspillage, du manque d’infrastructure pour acheminer les productions jusqu’au marché, du prix des engrais et des barrières commerciales.
Les solutions à ces questions ont également été discutées, qu’il s’agisse de promouvoir une agriculture durable pour augmenter la productivité, de faciliter le commerce des denrées de première nécessité ou d’assurer une plus grande transparence en matière de stocks alimentaires.
Cet événement a suivi de près la publication de la dernière édition du « Food Price Watch » de la Banque mondiale, lequel relève une hausse de 36 % des cours mondiaux des produits alimentaires, avec au premier rang des plus fortes augmentations, celles du prix du maïs (74 %), du blé (69 %) et du soja (36 %). Les cours du pétrole brut ont augmenté, quant à eux, de 21 % au premier trimestre 2011.
« Nous assistons à une convergence sans précédent des marchés des produits alimentaires et des combustibles. On sait qu’au delà de 70 dollars le baril, le problème de la faim va commencer à s’accélérer à un rythme très élevé. Au delà de 100 dollars le baril, on sait qu’on est dans une véritable situation de crise », a expliqué la directrice exécutive du PAM Josette Sheeran.
Les participants en ligne, à la veille des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, ont fait part de leurs propres expériences de la faim et de la hausse des prix alimentaires.
« Vraiment, ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est pourquoi ces flambées des prix si soudaines ? », demande Zeritu, en Éthiopie, dans un commentaire envoyé dans les semaines précédant l’Open Forum. « C’est un véritable mystère pour moi... c’est comme si tout à coup, la situation devenait incontrôlable. »
« Je connais deux personnes atteintes de la tuberculose et qui, à ce moment précis, n’ont pas assez à manger », écrit acTBistas. « L’une d’elles, Esther, habite au Nigeria, elle ne peut pas prendre ses médicaments parce qu’elle n’a pas à manger et elle n’a pas non plus de quoi nourrir ses enfants ; l’autre est à Tijuana, au Mexique, c’est une mère qui se réjouit que son fils ait son traitement contre la tuberculose mais qui se désespère parce qu’il a faim et qu’elle n’a pas d’argent pour pouvoir acheter de la nourriture. Avoir faim, ça fait mal. »
Les internautes ont aussi proposé des solutions, comme Jingjie qui suggère d’encourager la conchyliculture : avec la culture des coquillages, « il n’y a pas à nourrir les animaux et en plus ça peut contribuer à améliorer la qualité de l’eau, ce qui fournit plus de services écosystémiques ».
« Étant donné le besoin de faire face aux problèmes de faim et de nutrition, et aussi les possibilités de générer des emplois et des revenus au niveau de l’agriculture, c’est vraiment l’année où il faut donner la priorité à l’alimentation », a déclaré le président de la Banque mondiale dans la vidéo précédant la discussion.
Revivez les débats et accédez à la retranscription du chat sur Open Forum : Crise alimentaire.
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