Il faut soutenir l’éducation des filles car c’est l’un des investissements les plus judicieux qu’un pays puisse faire. C’est ce message fort que Michelle Obama a livré ce matin avec passion devant l’assemblée nombreuse qui s’était réunie dans l’atrium de la Banque mondiale pour un événement spécial organisé en marge des Réunions de printemps.
La Première dame des États-Unis ne s’est pas trompée de public, en s’adressant à un aréopage de ministres des finances et du développement, d’experts du développement, de dirigeants de la société civile et du secteur privé, et de journalistes.
« Une avocate extraordinaire des droits des filles et des femmes », c’est par ses mots que le président du Groupe de la Banque mondiale Jim Yong Kim a loué l’action de Mme Obama, avant de dévoiler que son institution allait investir 2,5 milliards de dollars sur cinq ans dans des projets d’éducation qui bénéficieront directement aux adolescentes.
La First Lady a salué une annonce « formidable », en soulignant qu’« il ne s’agit pas seulement d’un incroyable investissement, mais le signe puissant d’une mission à accomplir. »
« C’est l’expression de notre conviction que l’éducation peut transformer la vie et les perspectives de millions de filles dans le monde, de même que les perspectives de leurs familles, de leurs communautés et, bien évidemment, de leurs pays ».
La manifestation d’aujourd’hui est venue commémorer le deuxième anniversaire de l’enlèvement de 200 lycéennes nigérianes par le groupe terroriste Boko Haram.
Elle a été l’occasion pour les ministres des Finances et diplomates du Ghana, d’Inde et du Rwanda de témoigner des efforts déployés par leurs États pour accroître le nombre d’adolescentes qui achèvent l’enseignement secondaire. Et, pour le secrétaire américain du Trésor, Jack Lew, de rappeler que l’égalité des chances pour les filles et les femmes est au cœur d’une croissance inclusive. La correspondante de la BBC Katty Kay a assuré la présentation de cet événement spécial, diffusé sur le web en plusieurs langues (anglais, arabe, espagnol et français).
Avec des mots vibrants qui lui ont valu à plusieurs reprises les applaudissements du public, Mme Obama a exhorté les décideurs et les leaders d’opinion à travers le monde à mettre l’éducation des filles au tout premier rang de leurs priorités.
« Les preuves sont innombrables et irréfutables : quand nous investissons dans l’éducation des filles et que nous accueillons les femmes dans la population active, elles ne sont pas les seules à en tirer profit, nous sommes tous gagnants », a-t-elle poursuivi.
Quelque 62 millions de filles dans le monde ne vont pas à l’école, et, parmi elles, la moitié environ sont des adolescentes. Dans les pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne, il y a 78 filles pour 100 garçons qui terminent le premier cycle des études secondaires.
La poursuite des études est corrélée à de nombreux aspects positifs : des mariages plus tardifs et des maternités à un âge plus élevé, des taux de mortalité maternelle et infantile inférieurs, des taux de natalité plus bas et des taux de prévalence du VIH/sida moins élevés. Selon une étude de la Banque mondiale, chaque année d’étude secondaire supplémentaire pour une fille est associée à une hausse de 18 % de sa capacité de gain à l’âge adulte.
« Il n’est pas indispensable d’être un économiste de la Banque mondiale pour comprendre qu’en libérant tout le potentiel de la moitié de la population, les nations y gagneront en croissance et en prospérité », a souligné Jim Yong Kim.
Et d’ajouter qu’une augmentation du nombre de filles qui achèvent le cycle secondaire a des retombées de grande ampleur sur le plan de la croissance économique. « Imaginez un peu quelle pourrait être la croissance des pays si l’on assurait aux filles l’égalité des chances et si, concrètement, chaque adolescente pouvait suivre 12 années de scolarité. »
« À cet égard, a-t-il poursuivi, je soutiens la revendication du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, à savoir que ces 12 années d’enseignement de qualité doivent être désormais la règle à laquelle nous devons aspirer pour tous les enfants, dans tous les pays. »
L’aide annoncée par le Groupe de la Banque mondiale proviendra en grande partie de l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, et sera consacrée à des projets d’éducation ciblant les filles de 12 à 17 ans. Elle concernera pour l’essentiel l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud, puisque ces régions concentrent les plus grands nombres de filles non scolarisées.
Pour Michelle Obama, l’incitation à éduquer toutes les filles n’est pas qu’une affaire de ressources. « Il faut, avant tout, être sincèrement convaincu que les filles méritent d’aller à l’école. Et cette question me touche beaucoup. Quand je voyage à travers le monde et que je rencontre des filles qui rayonnent d’intelligence et qui ont soif d’apprendre, je me vois en elles. Et je vois mes propres filles. »
« Ne nous y trompons pas. Ces jeunes filles sont nos filles. Chacune d’entre elles est notre fille. C’est à nous de nous en occuper. »
« Quand la moitié de la population ne sait pas lire ni écrire ou compter, quand la moitié de la population n’a pas les moyens de s’extirper de la pauvreté ni d’en faire sortir sa famille, quand la moitié de la population est rabaissée, maltraitée et opprimée, qu’importe le nombre d’infrastructures d’eau, de programmes agricoles ou de projets d’entreprenariat qu’on entreprend. Quand la moitié de la population n’est pas en mesure de contribuer pleinement à la société, il ne peut y avoir de développement véritablement durable. »
Prenez part au débat