En cette « semaine du climat », il a beaucoup été question de pourcentages (quel est l’impact de l’activité anthropique sur le changement climatique), de conjectures (le réchauffement s’est-il ralenti) et de pistes pour l’action publique et les décideurs (quelles solutions pour endiguer le phénomène).
Qu’en est-il ressorti, concrètement ? Que nous, les êtres humains, sommes responsables des bouleversements climatiques sans précédent que subit notre planète.
Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en atteste et ses arguments sont convaincants. Pour commencer, il met fin aux débats byzantins sur la réalité du phénomène : pour le GIEC, il est hautement probable (à 95 %) que l’essentiel du réchauffement observé depuis 1950 soit dû à l’homme.
Il rejette ensuite les arguments des sceptiques selon qui le réchauffement se serait arrêté en 1998.
Enfin et surtout, il confirme que, faute de contrôle, l’homme continuera par ses activités de faire grimper la température terrestre, avec des conséquences dévastatrices sur le climat, le niveau des mers et la calotte glaciaire arctique.
Cette nouvelle évaluation internationale du changement climatique, que les délégations gouvernementales du monde entier viennent d’adopter à Stockholm, a ceci d’essentiel qu’elle dresse un tableau réaliste et sans concession de l’ampleur des défis qui nous attendent. Mais elle soulève aussi une question fondamentale : comment arrêter ça.
Dans son rapport Baissons la chaleur (pdf), la Banque mondiale avait lancé une alerte : dans l’état actuel des choses, le monde s’oriente vers une augmentation de la température terrestre de 4° C d’ici la fin du siècle. Avec des conséquences concrètes : vagues de chaleur extrême, déclin des stocks alimentaires mondiaux, recul de la biodiversité et hausse, dangereuse pour l’homme, du niveau des mers.
Le rapport de suivi publié en juin affine le propos : une hausse de seulement 2° C (un scénario qui n’a rien de la science-fiction pour notre génération) enfermera des milliers d’êtres humains dans la pauvreté.
Le Groupe de la Banque mondiale entend redoubler d’efforts afin d’aider les pays à identifier les solutions les plus rentables pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et se préparer aux menaces d’une planète en pleine poussée de fièvre.
Il œuvre aussi aux côtés d’autres acteurs pour élaborer ces solutions et accoucher d’idées audacieuses qui feront la différence : comment rendre les villes plus vertes et à l’épreuve du changement climatique, concevoir des pratiques agricoles climato-intelligentes ou innover pour améliorer l’efficacité énergétique à grande échelle et le rendement des énergies renouvelables.
Un autre défi de taille nous attend, inéluctable : inventer les conditions d’un démantèlement progressif des subventions aux combustibles fossiles polluants et aider à l’adoption des politiques et des structures qui, à terme, conduiront à stabiliser le prix du carbone.
Les preuves scientifiques qui viennent d’être publiées confirment la menace que le changement climatique fait peser sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté.
Des décennies de progrès risquent d’être balayées.
Réagissons face à cette perspective insupportable.
Rachel Kyte
Vice-présidente, Développement durable
www.worldbank.org/sustainabledevelopment (a)
Twitter: @rkyte365
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