Haliya Al-Jalal vit à Al-Adn, au Yémen. Mère de six enfants, elle se souvient de la corvée d'eau qui l’obligeait, elle et sa famille, à parcourir chaque jour de longues distances : « C'était très dur de devoir aller chercher de l'eau au ruisseau. Beaucoup d’enfants ont abandonné l'école pour se consacrer à cette tâche quotidienne. »
Un simple dispositif de collecte des eaux de pluie (a) permet désormais d'alléger cette charge. Pourtant, au Yémen, où le changement climatique menace de rendre les précipitations encore plus rares et les sécheresses plus fréquentes, des femmes comme Haliya Al-Jalal et les habitants de nombreuses communautés rurales restent vulnérables. Les enfants ont un avenir incertain et abandonner l'école peut être le prix à payer pour survivre.
Sécheresses, tempêtes violentes, canicules meurtrières. Ces scènes terrifiantes causées par la crise climatique ne sont désormais que trop courantes à travers le monde entier. Le changement climatique se manifeste par ces phénomènes météorologiques extrêmes, mais, plus subrepticement, il érode le capital humain , c’est-à-dire la santé, les connaissances et les compétences dont les individus ont besoin pour réaliser tout leur potentiel. Or cette érosion du capital humain frappe le plus durement les personnes pauvres et vulnérables. Comme le montre clairement l'histoire de Halilya Al-Jalal, le changement climatique a une dimension très humaine et c'est un aspect qu’il ne faut jamais oublier.
Le climat met à mal le bien-être et le potentiel des individus, quel que soit leur âge. La chaleur extrême, par exemple, est responsable d’une augmentation des hospitalisations chez les femmes enceintes et de la malnutrition chronique et aiguë chez les enfants en bas âge. Elle est également directement liée à une baisse des résultats scolaires, notamment des notes aux examens, et, en 2021, elle a entraîné une perte mondiale d'heures de travail chez les adultes actifs estimée à 470 milliards.
Les pauvres, en particulier, sont exposés à des risques plus importants, car ils vivent souvent dans des logements de mauvaise qualité, ne possèdent que peu ou pas d'épargne et n'ont pas accès à des systèmes sur lesquels s’appuyer, comme les soins de santé. Selon les travaux de la Banque mondiale, le changement climatique a une incidence importante et disproportionnée sur la pauvreté et les opportunités économiques, en particulier pour les membres les plus vulnérables de la société.
Mais les individus ne sont pas des victimes passives. Ce sont eux qui seront à l'origine des innovations et des adaptations nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique partout dans le monde.
Investir dans le capital humain (instruction, nutrition, santé et filets sociaux en cas de difficultés) est le meilleur moyen pour les pays de renforcer leur résilience aux chocs climatiques, d'améliorer la capacité de leur population à s'adapter à l'évolution du climat et d'empêcher une plus grande érosion de leur capital humain. Avec des investissements ciblés et des politiques inclusives, une transition verte et juste est possible.
Pour développer le capital humain et s'assurer que les individus disposent des compétences nécessaires pour prospérer dans une économie décarbonée, le Groupe de la Banque mondiale s’emploie avec ses partenaires à apporter une aide qui s'articule autour de trois grands axes :
1. Le renforcement des systèmes de santé
Des systèmes de santé plus solides permettent aux pays de mieux lutter contre la pollution, les conditions météorologiques extrêmes et les catastrophes naturelles. Les évaluations de vulnérabilité climatique et sanitaire réalisées par la Banque mondiale recensent les chocs potentiels d’origine climatique, en décrivent les coûts et montrent comment les pays peuvent renforcer leurs systèmes de santé pour y faire face.
2. Des systèmes éducatifs « climato-intelligents »
L'éducation peut aider les populations à acquérir des compétences en faveur de l'atténuation du changement climatique. Une formation technique et professionnelle adaptée peut également leur permettre de contribuer à la transformation économique ainsi qu'à une consommation énergétique plus propre. Au Népal et au Pakistan, par exemple, la Banque soutient plusieurs initiatives visant à former davantage de filles et de femmes aux filières scientifiques et technologiques, afin de les préparer aux emplois créés par la transition écologique. Grâce à des programmes comme « Energy2Equal » en Afrique et « Powered by Women » en Asie-Pacifique, IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, aide les femmes à occuper des emplois verts et à exercer des fonctions de leadership. Les investissements dans des infrastructures scolaires résilientes au changement climatique contribuent également à limiter des perturbations qui ont des répercussions importantes sur la scolarité des élèves.
3. Des programmes bien ciblés en matière de protection sociale et de soutien aux moyens de subsistance
Les filets sociaux peuvent non seulement protéger les populations en temps de crise, mais aussi les encourager à diversifier leurs activités afin de trouver des moyens de subsistance moins vulnérables au changement climatique. En Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique subsaharienne, en Asie de l'Est et dans le Pacifique, la Banque soutient les ménages pauvres à travers 157 programmes d'inclusion économique résiliente au changement climatique. Au-delà de fournir une aide qui prend la forme d’allocations monétaires, il s'agit de contribuer à renforcer la résilience à long terme en améliorant la gestion des ressources, les compétences entrepreneuriales et en apportant de nouveaux moyens de subsistance et emplois verts. Dans le cadre de notre riposte à la crise alimentaire actuelle, nous aidons les agriculteurs à accéder aux intrants de production et à adopter des pratiques agricoles durables, notamment en ce qui concerne l'utilisation des engrais.
La communauté mondiale doit s'unir pour placer les individus au centre des priorités de l'action climatique. Il faudra une action concertée à tous les niveaux et dans tous les secteurs pour parvenir à prévenir les effets à long terme des dérèglements climatiques sur le capital humain et à préserver des décennies d'avancées dans ce domaine. La transition vers une économie bas carbone va ouvrir de nouvelles perspectives. Pour cela, il faudra des personnes en bonne santé, dotées des compétences appropriées pour occuper les emplois de demain et en mesure de concourir à une productivité et une croissance accrues.
Nous devons placer les individus au centre de la riposte mondiale au changement climatique , afin que des personnes comme Haliya Al-Jalal et sa famille puissent bénéficier d'un développement vert, résilient et inclusif.
Ressources :
Banque mondiale Live : le visage humain du changement climatique (a)
Note sur le climat et le développement : Delivering for People and the Planet: Human Capital, Gender and Climate Change (pdf)
L'action climatique à l'œuvre : comment les pays et les communautés façonnent un avenir durable.
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