Et les gouvernants ? Pas tant que ça… Lorsque Francis Maude s’est exprimé récemment à la Banque mondiale à propos du libre accès aux données publiques (open data) et du gouvernement ouvert (open government), il a déclaré : « À vrai dire, les gouvernements ont généralement recueilli et amassé quantité d’informations sur leur pays et sur leur population… »
Aujourd’hui, toutefois, le contexte a changé. Les citoyens exigent davantage de responsabilité et de transparence, et, grâce aux nouvelles technologies, il est plus facile de partager librement données et informations. Il existe également de bonnes raisons de le faire, puisque l’on sait par expérience que les services s’améliorent lorsque les citoyens sont plus informés. De surcroît, le libre accès aux données a le potentiel de donner naissance à tout un ensemble de nouveaux services et d’activités nouvelles.
Francis Maude chiffre le poids économique de l’open data à 140 milliards d’euros par an dans toute l’Europe, et à environ 16 milliards de livres sterling au Royaume-Uni. Les exemples abondent qui illustrent ces gains. Ainsi, le partage ouvert de l’information s’est traduit par une amélioration des services de santé pour les patients cardiaques. Plus prosaïquement, la société britannique Parkopedia utilise des données en temps réel pour proposer une application mobile très populaire permettant de trouver une place de stationnement — l’application est disponible dans 25 pays et couvre aujourd’hui 20 millions de places.
Si les pouvoirs publics sont parfois réticents à l’idée d’ouvrir leur « malle aux trésors » en raison des inquiétudes qu’ils nourrissent sur l’exactitude et la qualité de leurs données, Francis Maude estime qu’il convient au contraire d’être agile : « La vitesse l’emporte sur l’exactitude à chaque fois ». Il note que le fait de publier une information et de la soumettre à l’examen et aux commentaires du public contribue à améliorer sa qualité.
Même si l’ouverture de l’accès aux données se traduit souvent par une remise en cause de l’action publique, les autorités sont de plus en plus convaincues que les avantages surpassent les inconvénients. De fait, une cinquantaine de pays ont adhéré au Partenariat pour un gouvernement transparent, lancé récemment. On peut notamment citer le cas de la Lettonie, qui a conclu un partenariat en ligne avec ses citoyens afin d’élaborer une nouvelle législation, et celui de la Mongolie, qui a rendu publics tous ses contrats miniers et constaté que le surcroît de transparence s’était accompagné d’un afflux de fonds pour l’éducation et la santé.
Enfin, la question de la protection de la vie privée et de l’anonymat des citoyens constitue un véritable enjeu, auquel il faut répondre. Cependant, très souvent, elle sert de prétexte à un refus d’ouvrir l’accès aux données. Francis Maude considère pourtant que ce processus est inévitable et irréversible : « Les pouvoirs publics jugent que la transparence est risquée, difficile et inconfortable. Mais la transparence est tenace, et une fois que vous avez commencé, vous ne pouvez plus revenir en arrière… Je suis persuadé que la transparence va devenir le trait dominant de l’action publique de demain. »
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