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Les ingrédients d’une réforme de l’environnement des affaires réussie

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© Dominic Chavez/ International Finance Corporation © Dominic Chavez/ International Finance Corporation

La persévérance paye. Et cela vaut notamment pour les réformes de l’environnement des affaires. Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) s’emploient depuis plus d’une décennie à mettre en œuvre des programmes de réformes favorables aux entreprises. Un processus dont on peut prendre la mesure grâce au rapport Doing Business que publie chaque année le Groupe de la Banque mondiale et qui fournit un état des lieux des réglementations régissant l'activité des entreprises locales dans 190 économies du monde. Selon la dernière édition du rapport, parue au mois d’octobre 2019, les pays de la région MENA ont adopté en un an un nombre record de 57 mesures pour faciliter l’activité de leurs entreprises et comptent parmi eux quatre des dix économies les plus réformatrices au monde dans ce domaine : l’Arabie saoudite, la Jordanie, Bahreïn et le Koweït.

Au-delà des chiffres, l’ampleur des réformes se traduit par des améliorations profondes pour les entreprises déjà actives dans la région et pour celles qui souhaitent y voir le jour : des formalités d’importation et d'exportation plus rapides, une protection accrue des investisseurs minoritaires, un meilleur accès au crédit ou encore des démarches plus faciles pour créer ou développer une entreprise. Aujourd’hui, l'obtention d'un permis de construire dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord prend en moyenne 124 jours, soit 28 jours de moins que dans les pays à revenu élevé de l'OCDE.  

Si les statistiques sont encourageantes, il reste encore beaucoup à faire — y compris dans les domaines qui ont fait l’objet de ces progrès — pour donner aux entreprises la possibilité de croître et de créer les quelque 300 millions de nouveaux emplois dont les pays de la région auront besoin d’ici à 2050. Les défis sont considérables. L’obtention de prêts est encore aujourd'hui plus difficile dans la région MENA que partout ailleurs dans le monde. Les échanges internationaux coûtent cher et prennent beaucoup de temps : les formalités d’exportation s’élèvent en moyenne à 442 dollars et 58 heures, soit trois et quatre fois plus que les moyennes des pays à revenu élevé de l'OCDE. Les femmes entrepreneurs se heurtent à plus d’obstacles que les hommes dans l'accès aux opportunités économiques. Le rapport Doing Business compte ainsi 13 pays dans la région qui imposent toujours des formalités supplémentaires aux femmes qui souhaitent créer une entreprise.

La réforme est un processus au long cours. C’est un marathon, pas un sprint. Parvenir à des réformes significatives exige des efforts soutenus et coordonnés au sein des gouvernements. Pour réussir leur programme de réforme, les pouvoirs publics doivent, de l’avis des experts, réunir les conditions suivantes :

  1. garantir une autorité et un soutien politiques forts ;
  2. faire preuve de persévérance du court au long terme avec un programme de réforme bien structuré — les pays doivent se préparer à des efforts de longue haleine au moment de s’engager dans ce processus, car on ne réforme pas du jour au lendemain ;
  3. mettre en place un cadre institutionnel approprié et une bonne coordination entre les organismes d’exécution pour porter le processus de réforme ;
  4. assurer une communication et un dialogue constant avec le secteur privé, puisque ces acteurs sont les premiers bénéficiaires des réformes et qu’ils sont les mieux placés pour savoir où le bât blesse.

J’ajouterais à cette liste l’importance de l’apprentissage entre pairs. Notre expérience, au sein du Groupe de la Banque mondiale, nous a montré combien la facilitation des échanges entre pays réformateurs pouvait leur permettre de mutualiser leurs succès — et partager leurs échecs — pour s’inspirer des bonnes pratiques et les adapter à leur contexte national. C’est dans cet esprit que les services de conseil de la Société financière internationale (IFC) et la Banque mondiale se sont associés à l’Autorité fédérale de la compétitivité et de la statistique (FCSA) des Émirats arabes unis pour organiser une rencontre technique et d’approfondissement autour des conclusions du rapport Doing Business 2020. Cette troisième édition du Technical Deep Dive, une plateforme née en Afrique subsaharienne en 2017 et qui se déploie aujourd’hui à l’échelle mondiale, a rassemblé à Dubaï des délégations et représentants officiels de plus de 30 pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe et du Moyen-Orient. L’objectif de ce rendez-vous ? Examiner la méthodologie et les indicateurs Doing Business et partager les meilleures pratiques pour identifier les obstacles au développement du secteur privé et mettre en œuvre les réformes pertinentes.

Les pays réforment leur environnement d’affaires pour attirer et retenir des investissements privés qui contribueront à soutenir la croissance, créer des emplois et favoriser un développement sans exclus. Bien que les parcours de réforme varient d’un pays à l’autre, les principes essentiels énoncés ci-dessus peuvent être la clé de leur réussite commune. Ils seront cruciaux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à l’heure où les pays de la région cherchent à lancer une nouvelle génération de réformes destinées à renforcer la transparence et l’inclusion et à permettre une plus grande concurrence, afin de libérer la croissance de leurs entreprises et de s’imposer comme des destinations d’investissement de choix.


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