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Les pays émergents, aux avant-postes de la création d’emplois ?

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ImageÀ quelques exceptions près, les pays industrialisés sont encore en train de se débattre contre le chômage, incapables de se rétablir complètement après la crise économique de 2008. Aux États-Unis, la situation semble s’améliorer puisque le taux de chômage est retombé à 8,3 % en janvier, son niveau le plus bas depuis début 2009, selon le Bureau of Labor Statistics du Département du travail des États-Unis. Mais globalement, qu’il n’y ait pas assez de débouchés pour les jeunes, partout dans le monde, ou que l’économie mondiale ne crée pas suffisamment d’emplois par rapport au rythme de croissance de la population active, on ne peut que dresser un tableau sombre de l’emploi à l’échelle de la planète.

Néanmoins, il existe des raisons d’être optimistes, surtout dans les pays en développement. Si les grandes économies industrialisées sont encore aux prises avec le chômage, les marchés émergents s’en sortent assurément mieux.

Selon la nouvelle édition de JobTrends publiée aujourd’hui par la Banque mondiale, au troisième trimestre 2011, l’emploi a poursuivi son redressement, lent mais régulier, dans les économies émergentes. Il s’agit ici de pays tels que le Brésil, la Chine, le Mexique et la Turquie, mais ce ne sont pas les seuls. En Europe de l’Est et en Asie centrale, tout comme en Asie de l’Est et en Amérique latine, l’horizon de l’emploi s’est éclairci au cours de l’année dernière dans les 23 pays en développement figurant dans notre échantillon mondial.

La plupart des pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale pris en compte ont enregistré une vive reprise. Ainsi, en Turquie, la croissance de l’emploi a progressé à 7 %, et celle des salaires est restée soutenue. En Amérique latine, le rebond rapide des premiers mois a commencé à se modérer, mais le chômage a légèrement reculé dans la majeure partie de la région. Au Brésil, par exemple, malgré le tassement de la croissance du PIB et des salaires au troisième trimestre l’année dernière, le taux de chômage a reflué à 6 %. De plus, en décembre, ce pays a fait état d’un taux de chômage de 4,7 %, soit le chiffre le plus faible depuis 2002.

Les tendances se révèlent également positives en Asie de l’Est. La Chine urbaine continue d’associer une croissance impressionnante des bénéfices des entreprises à une hausse substantielle de l’emploi. Et en Afrique du Sud, bien que le chômage se maintienne à un niveau notablement élevé, la croissance de l’emploi est nettement repartie, grâce, entre autres, à un fléchissement de la progression des salaires.

Selon de nombreux observateurs, ces améliorations n’ont toutefois guère de conséquences car, après tout, dans une grande partie du monde en développement, les salaires et les conditions de travail sont inférieurs à ceux que l’on attend dans les pays industrialisés. Mais, si l’économie mondiale reste menacée par les problèmes de la zone euro, la volatilité des marchés et le climat général d’incertitude, toute évolution positive sur les marchés émergents demeure significative. Comme beaucoup l’auront noté, une grande question se pose en 2012 : les économies de marché émergentes seront-elles suffisamment solides pour absorber en partie l’impact potentiel d’une éventuelle dégradation de la situation dans la zone euro et ailleurs ? La poursuite d’un redressement lent mais régulier sur le front de l’emploi dans les économies émergentes ne peut être qu’un signe dans la bonne direction. Je suis convaincu que ces économies émergentes finiront par triompher.


Auteurs

Otaviano Canuto

Executive Director, International Monetary Fund

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