Le rapport Commodity Markets Outlook (a), publié aujourd’hui, rend compte des effets du conflit en Ukraine et de la gravité des perturbations affectant les flux de produits de base.
Les prix des produits de base ont explosé au premier trimestre 2022
La hausse des prix est le résultat des effets de la guerre en Ukraine ainsi que de la croissance continue de la demande et de diverses contraintes liées à l'offre. Pour la plupart des matières premières, les prix devraient être nettement plus élevés en 2022 qu'en 2021 et le rester à moyen terme. Les perspectives des marchés de produits de base dépendent fortement de la durée de la guerre en Ukraine et de la gravité des perturbations affectant les flux de ces produits, avec pour principal risque des prix élevés pendant une période prolongée.
La Russie et l'Ukraine sont de gros exportateurs pour de nombreux produits de base
Ces pays jouent notamment un rôle de premier plan pour l'énergie, les engrais, certaines céréales et certains métaux. La Russie est le premier exportateur mondial de blé, de gaz naturel et de nickel ; l’Ukraine est le plus gros exportateur d'huile de tournesol. Les prix de ces produits de base ont enregistré des augmentations particulièrement marquées depuis le début de la guerre en Ukraine.
Les prix du pétrole brut ont atteint leur plus haut niveau depuis 2013
En mars 2022, le prix du Brent est ressorti à 116 dollars le baril en moyenne, un record depuis 2013. La guerre en Ukraine a commencé à perturber les exportations de pétrole de la Russie. Plusieurs pays, dont le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont annoncé leur intention d'interdire ou d’arrêter progressivement les importations de pétrole en provenance de Russie, tandis que de nombreux opérateurs évitent d'acheter du pétrole russe. En 2022, les cours du pétrole devraient s’établir en moyenne à 100 dollars le baril, avant de baisser légèrement, à 92 dollars, en 2023.
La production pétrolière de l'OPEP+ reste inférieure à ses objectifs
La production des pays producteurs de pétrole du groupe OPEP+ a augmenté au premier trimestre 2022, mais, au mois de mars, elle était inférieure de près de 1,4 mb/j à l'objectif du groupe. Outre un recul prolongé au Nigéria et en Angola, la production en Russie chute depuis le début de la guerre. Si certains pays de l'OPEP+, comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, disposent de capacités de production inutilisées, les capacités de nombreux membres de l'organisation semblent déjà avoir atteint leurs limites.
Entre mars 2021 et mars 2022, le prix du gaz naturel européen a été multiplié par près de sept, tandis que, sur la même période, le prix du charbon sud-africain a triplé, propulsant ces deux combustibles à des niveaux record. Cette augmentation s’explique en grande partie par les perturbations attendues au niveau des exportations russes de gaz naturel et de charbon, mais les prix avaient déjà commencé à remonter à la suite de la pandémie de COVID-19, dans un contexte de rebond de la demande et de limitation de l'offre. La hausse des prix du gaz naturel et du charbon, qui entrent dans la fabrication des engrais, a également fait grimper le coût de ces derniers.
Les prix des denrées alimentaires ont bondi en mars
L'indice général des prix des matières premières alimentaires de la Banque mondiale a progressé de 14 % au premier trimestre 2022 (t/t) et dépasse de près de 20 % le niveau enregistré il y a un an. Les perturbations des échanges et le coût élevé des intrants ont alimenté une envolée des prix de certaines matières premières alimentaires qui ont atteint des niveaux record. C'est en particulier le cas du blé. Les déficits de production ont également joué un rôle clé, notamment pour le blé et le soja, en partie sous l’effet du recul des rendements en Amérique du Sud. La hausse des prix des engrais est une source de préoccupation majeure, car elle aura une incidence sur le prix des denrées alimentaires l'an prochain.
Le prix de certains métaux atteint des sommets historiques
Le prix des métaux a globalement augmenté de 13 % au cours du premier trimestre de 2022 (t/t). Certains métaux ont atteint des prix record en mars sur fond d'inquiétudes quant à une rupture d'approvisionnement, tandis que les stocks sont tombés à des niveaux historiquement bas. La guerre en Ukraine a été un moteur essentiel de l'évolution des prix de l'aluminium et du nickel, tandis que les prix élevés de l'énergie ont affecté l'aluminium et le zinc. La Russie est un important producteur de métaux, comme l'aluminium et le nickel. Ces métaux sont des composants essentiels des technologies renouvelables, telles que les panneaux solaires et les éoliennes. Par conséquent, si ces métaux connaissent de nouvelles hausses de prix ou des ruptures d'approvisionnement, la transition énergétique risque d'être plus coûteuse.
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