Publié sur Opinions

Les stars du football peuvent jouer un rôle dans la lutte contre Ebola

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Un travailleur de santé qui porte un équipement de protection individuelle aide un autre agent de santé au cours d'une session de formation sur le virus Ebola en Sierra Leone. Au moins 100 membres du personnel de santé sont morts cette année du virus Ebola en Sierra Leone seul. © John James / UNICEF


​Avant de présider la Banque mondiale, j’étais médecin, spécialiste des maladies infectieuses. Alors je sais l’importance d’interventions coordonnées entre de multiples acteurs et organisations pour mettre fin à une épidémie. Et, à cet égard, Ebola ne diffère pas des autres crises sanitaires.
 

À la veille d’un déplacement de deux jours en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone — les trois pays les plus durement touchés — pour m’entretenir avec leurs dirigeants et avec ceux qui sont aux avant-postes du dispositif de riposte, je voudrais rappeler que si la lutte contre Ebola a marqué des points depuis quelques semaines, notre ambition est d’éradiquer totalement l’épidémie. Pour cela, nous devons redoubler d’ingéniosité stratégique et tactique.
 
L’un des volets essentiels de cette prochaine phase d’intervention prend la forme de campagnes de sensibilisation. C’est la raison pour laquelle le Groupe de la Banque mondiale s’est associé à 11 personnalités, qui ne sont rien moins que quelques-uns des meilleurs joueurs de football au monde, dans l’espoir de porter un coup fatal à l’épidémie.
 
Pour cette campagne baptisée « 11 contre Ebola », les stars du ballon rond se font les porte-voix de messages sur des méthodes simples, mais efficaces, de réduction de la transmission du virus et de prise en charge des malades.
 
Le footballeur portugais Cristiano Ronaldo appelle la population à « éviter tout contact corporel », le Sierra-Léonais George Davies invite les malades à « rechercher immédiatement une aide médicale » et le Français Raphaël Varane recommande de ne pas « toucher les personnes décédées ».
 

11 stars du football pour Ebola


 Spots télévisés, billets postés sur les médias sociaux, vidéos en ligne et affiches montrent les membres de l’équipe en tournée en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, pour dire aux gens comment combattre cette épidémie. En apportant aux populations affectées des informations vitales qui vont leur permettre de se prendre en mains, ces joueurs contribuent aussi à apaiser les craintes associées au virus et à combattre les discriminations à l’encontre des malades.
 
Cette initiative est aussi là pour nous appeler tous à la vigilance : alors que la communauté internationale redouble d’efforts pour y mettre fin, n’oublions pas que la crise Ebola est à la fois locale et mondiale.
 
Selon le bilan publié cette semaine par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de cas d’Ebola a franchi la barre des 16 000 alors que l’on déplore 6 943 décès. Par ailleurs, les pertes économiques pour la région de l’Afrique de l’Ouest se chiffrent en milliards de dollars, du fait de l’absentéisme des employés, de la fermeture des marchés et de la montée des prix alimentaires.
 
Certains signes nous redonnent espoir, cependant : le nombre de cas recensés au Libéria est en recul et les populations prennent davantage de précautions au moment d’enterrer leurs morts. C’est là un facteur important parce que l’on sait que c’est par ce biais que l’on parviendra à faire réellement baisser les nouvelles infections.
 
Face à l’évolution de la situation sur le terrain, le moment est effectivement venu de passer à la vitesse supérieure. Comme ce virus a donné lieu à des épidémies récurrentes, nous devons le traquer là où il se manifeste encore. Nous n’avons pas le droit d’accepter autre chose qu’un bilan des nouvelles infections à zéro.
 
Nous n’y parviendrons pas sans un travail d’équipe. Nous devons mettre en place des procédures rigoureuses de recherche des contacts dès qu’un cas est confirmé ; persévérer dans la promotion de pratiques saines au moment des funérailles et de l’inhumation ; fournir un modèle de traitement par les communautés à la fois plus souple et décentralisé, qui permette de renforcer les capacités de tri des patients et de diagnostic ; concevoir et diffuser de nouvelles méthodes de diagnostic et de nouveaux vaccins ; et faire remonter les informations du terrain pour adapter la riposte à l’évolution de la situation.
 
C’est en éduquant en amont les communautés que l’on parviendra à limiter les risques de transmission et à inciter les populations à se rapprocher du personnel soignant. Il s’agit là d’un élément clé de la victoire contre l’épidémie, et la campagne « 11 contre Ebola » y contribuera. Notre espoir, c’est que les messages de Didier Drogba, Neymar ou Xavi feront leur chemin parmi les populations. Nous avons besoin d’équipes de ce calibre pour vaincre Ebola.
                                                                                                                                             
Participez à la discussion sur les médias sociaux, #wecanbeatebola
 
Jim Yong Kim est président du Groupe de la Banque mondiale


 

Auteurs

Jim Yong Kim

Ancien président du Groupe de la Banque mondiale

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