Publié sur Opinions

Marchés des produits de base : perspectives et effets du coronavirus en six graphiques

Un ingénieur dans une installation de traitement de gaz naturel. © Oil and Gas Photographer/Shutterstock Un ingénieur dans une installation de traitement de gaz naturel. © Oil and Gas Photographer/Shutterstock

Pendant que le monde entier est aux prises avec l’urgence sanitaire provoquée par le coronavirus (COVID-19), les conséquences économiques des mesures de lutte contre la pandémie ont immédiatement rejailli sur les marchés des produits de base et devraient continuer de les déstabiliser à plus long terme .

Le choc subi par l’économie mondiale avec la pandémie de COVID-19 tire vers le bas la plupart des cours des matières premières et devrait entraîner de nouvelles baisses importantes des prix en 2020, selon la livraison d’avril du Commodity Markets Outlook.

Voici un aperçu de la situation et des perspectives d’évolution des marchés des produits de base en six graphiques.


1. La pandémie entraîne une baisse généralisée des cours des produits de base

 

Les mesures visant à freiner la circulation du virus ont conduit à un effondrement sans précédent de l'activité économique et du secteur des transports, entraînant une baisse généralisée des cours des produits de base.  En 2020, les prix de la plupart des matières premières devraient reculer par rapport à 2019, sachant que la baisse sera particulièrement marquée pour les produits énergétiques et la moins importante pour les produits agricoles. Ces prévisions sont cependant exposées à des risques élevés de révision à la baisse ou à la hausse, qui dépendent en grande partie de la rapidité à laquelle la pandémie sera jugulée et les mesures d’endiguement levées.


2. Le marché du brut frappé de plein fouet par la pandémie

 

C’est le marché du brut qui subit le plus lourdement les répercussions de la pandémie de coronavirus, les deux tiers de la consommation de pétrole étant destinés au secteur des transports.  Le baril de brut devrait ressortir en moyenne à 35 dollars en 2020, en raison d’un effondrement inédit de la demande de pétrole. Les cours du brent ont enregistré une chute de 70 % par rapport au pic atteint au mois de janvier, tandis que la décision historique de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d’autres pays producteurs de réduire massivement leur production n’est pas parvenue à faire remonter les prix en avril. Tous les indices de référence des marchés pétroliers ont plongé, avec, dans certains cas, de brefs épisodes de prix négatifs. Les prévisions anticipent une chute de la demande de pétrole brut de près de 10 % (en glissement annuel) en 2020, ce qui correspond à un tassement deux fois supérieur aux baisses enregistrées par le passé.


3. Les cours des métaux ont chuté dans le sillage de l’effondrement de la demande industrielle

 

Les cours des métaux ont globalement baissé au premier trimestre de l’année 2020, pénalisés par l’effondrement de la demande industrielle mondiale consécutif à la pandémie de COVID-19. 

Les mesures de relance économique et les inquiétudes grandissantes sur le plan de l’offre n’ont eu que peu d’effet jusqu’ici sur un renchérissement des prix des métaux. La baisse des cours des métaux imputable à la pandémie reste toutefois — pour l’instant — moins marquée que celle observée lors de la crise financière mondiale.


4. Les cours de la quasi-totalité des matières premières agricoles, excepté le riz, ont baissé

 

Les cours de la plupart des produits de base agricoles ont fléchi à la suite des mesures prises pour contenir la propagation du coronavirus, de niveaux de production records pour un certain nombre de céréales , et de conditions météorologiques favorables dans des zones de production de premier plan. Les prix du riz ont en revanche augmenté, en raison des restrictions commerciales annoncées par plusieurs producteurs d’Asie de l’Est et de récoltes insuffisantes pour cause d’aléas climatiques.


5. Malgré des marchés agricoles bien approvisionnés, la sécurité alimentaire suscite des inquiétudes

 

Les marchés alimentaires mondiaux restent amplement approvisionnés à la faveur de récoltes exceptionnelles, en particulier pour le maïs et le blé.  Les ratios stocks/utilisation atteignent des plus hauts historiques pour la plupart des denrées alimentaires de base. Les annonces récentes de restrictions de la part d’exportateurs majeurs, ainsi que les politiques d’achats excessifs de certains importateurs, soulèvent toutefois des inquiétudes pour la sécurité alimentaire qui, si elles se généralisent, risquent de favoriser les comportements de stockage. Les pays à faible revenu sont particulièrement vulnérables à l'insécurité alimentaire : la part de l’alimentation dans les dépenses de consommation y est nettement plus élevée que dans les marchés émergents ou les autres économies en développement.


VOIR AUSSI :


Auteurs

John Baffes

Économiste senior spécialiste de l'agriculture, Groupe d’étude des perspectives de développement, Banque mondiale

Peter Nagle

Économiste, Groupe des perspectives de développement

Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000