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Maximiser les financements pour le développement : une stratégie qui fait ses preuves

Senegal
Saint-Louis (Sénégal). © Ibrahima BA Sané/Banque mondiale

Il faudra des investissements massifs pour mettre fin à l’extrême pauvreté et favoriser une prospérité partagée à l’horizon 2030.  Pour être à la hauteur de ces ambitions et atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), les besoins se chiffreraient jusqu’à 4 500 milliards de dollars chaque année. À l’évidence, nous n’y parviendrons pas en nous appuyant uniquement sur les financements publics. Soyons clairs : les pays ne réussiront à atteindre les ODD et à améliorer ainsi les conditions de vie de leur population que s’ils mobilisent davantage de ressources nationales et s’ils attirent plus de financements privés pour compléter et démultiplier les fonds publics et l’aide au développement. C’est ce que l’on appelle « maximiser les financements pour le développement ».

Plusieurs équipes de projet m’ont récemment fait part des effets positifs de cette approche dans la pratique, avec des exemples couvrant l’ensemble du globe, de la Colombie à l’Afrique de l’Ouest en passant par les Îles Salomon. J’y vois des sources d’optimisme et souhaiterais vous présenter ici deux initiatives particulièrement probantes.
 
Le logement en Afrique de l’Ouest
 
Nous savons tous que les ménages propriétaires de leur logement sont en mesure d’investir davantage et à long terme dans l’éducation, qu’ils se portent mieux et qu’ils ont un meilleur niveau de vie. Or, dans les faits, les familles pauvres n’ont guère les moyens d’accéder à la propriété. Dans les huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’offre de logements est très faible, la demande de plus en plus forte, et les prix élevés.  Faire construire une maison au Sénégal coûte plus cher qu’en Inde ou en Chine. Les besoins de financement dans le secteur du logement sont estimés à 122 milliards de dollars, alors que le PIB de la région s’élève à 115 milliards. Il ne fait aucun doute que les besoins de logement excèdent les ressources des États et que, pour pouvoir y répondre, il sera indispensable de s’appuyer sur les solutions apportées par le secteur privé. Le Groupe de la Banque mondiale s’est donc attaché à renforcer la Caisse régionale de refinancement hypothécaire et à élargir l’accès au financement immobilier ; il a aussi réussi à mobiliser 5 dollars de fonds privés sur le marché obligataire pour chaque euro investi. Avec des résultats concluants : l’offre de logements a augmenté, le secteur des crédits immobiliers a grossi, et 200 000 personnes supplémentaires ont pu acquérir un logement, ce qui a permis de créer 250 000 emplois.
 
La pêche aux Îles Salomon
 
Le secteur de la pêche illustre de manière exemplaire les avantages de cette approche de maximisation des financements pour le développement, et plus exactement de la bonne conjugaison entre gouvernance et investissement privé.  Cela s’applique particulièrement aux pays fragiles et aux petits États insulaires. Dans les Îles Salomon, 70 % de la population a moins de 29 ans, et la plupart des habitants vivent des ressources de l’océan. À Noro, une ville située à environ 2 900 kilomètres de Sydney, l’entreprise SolTuna est le premier employeur du secteur privé, avec près de 1 900 salariés, dont 66 % de femmes. Le Groupe de la Banque mondiale a soutenu cette conserverie pour l’aider à augmenter ses capacités de production, à accroître les opportunités pour les femmes et à améliorer ses conditions d’hygiène et de sécurité. Avec des résultats encourageants : les recettes publiques ont augmenté, et nous aidons actuellement les autorités à assurer une gestion durable de la pêche et des habitats océaniques.  
 
Voici en trois points ma vision de cette approche :


Auteurs

Hartwig Schafer

Vice-président de la Banque mondiale pour la région de l'Asie du Sud

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