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La migration : un phénomène multiforme

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Ce billet est le premier d'une série intitulée « Migrations, Territoires et Développement: à la recherche d’un nouveau modèle d’interactions », publiée initialement sur le blog du Centre pour l'intégration en Méditerranée (disponible en également en anglais et arabe).

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La migration internationale des personnes s’inscrit comme la quatrième composante de la mondialisation, aux cotés des échanges de produits, des mouvements financiers et des flux d’information. De ces quatre dimensions, c’est celle qui présente les caractéristiques les plus complexes car elle relève avant tout d’une somme de pratiques sociales qui renvoient à des comportements individuels ou micro-collectifs, lesquels échappent largement aux politiques publiques ou au jeu des grands acteurs privés. Quitter ou retrouver son pays d’origine, accéder à un pays d’accueil, s’y établir, transférer des fonds, des droits ou des compétences relève de décisions qui ne se laissent pas facilement encadrer, orienter ou contraindre.

Cette prévalence des pratiques individuelles dans leur infinie diversité conduit à une vaste mosaïque de phénomènes, par essence difficilement modélisable. Si on croise le champ de la migration avec celui du développement, on accroit encore la difficulté à comprendre pour agir. Il faut donc être à l’écoute des phénomènes qui agitent les migrations, de leurs mutations, des évolutions très rapides qu’elles connaissent, accélérées par l’élévation générale des niveaux d’éducation (sur toute la planète) et les moyens de déplacement et de communication tout à fait nouveaux.

La découverte des années 2000. En fait, on a « découvert » le rôle possible des migrants sur le développement de leur pays d’origine au début des années 2000 quand on s’est aperçu que les migrants opéraient, au niveau mondial, des transferts financiers d’un montant trois fois plus important que le total des flux d’aide au développement. L’analyse du lien entre migrations et développement s’est alors focalisée sur ces transferts financiers.

Mais aucune relation entre ces transferts et le développement (la croissance économique ou la réduction de la pauvreté) n’a été trouvée. Ou plutôt, on a trouvé des relations contradictoires. Alors on a commencé à penser la migration comme un phénomène social total, et le lien entre migrations et développement dans un espace à plusieurs dimensions : sociologique, historique, anthropologique, juridique, géographique, politique... et pas seulement économique.

Quelles politiques de soutien ? Très vite, les autorités des pays d’origine et des pays d’accueil ont cherché à définir des politiques publiques pour faire fructifier ces transferts. Jusqu’à présent, ces politiques ont été définies au niveau national, tant au Nord (pays d’accueil) qu’au Sud (pays d’origine). Toutes ces politiques cherchent à orienter ces transferts vers les investissements productifs.

Mais le soutien sous différentes formes que les migrants peuvent apporter au développement de leur pays d’origine relève, comme le reste des comportements migratoires, de pratiques sociales qui ont existé indépendamment des politiques publiques. Celles-ci peuvent ou non l’encourager, mais leur élaboration et leur mise en œuvre demeure délicate et complexe, tant sont diverses les populations de migrants, leurs comportements et la nature du lien qui les relie à leur pays ou région d’origine.

D’où, jusque là, la difficulté d’élaborer des politiques publiques nationales qui agissent d’une façon significative sur ces transferts et sur leur orientation, tant dans les pays d’émigration que dans les pays d’immigration !

Au fil de cette série, nous chercherons à comprendre ces difficultés et comment les dépasser.
 

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