L’éducation est l’un des moyens les plus sûrs de parvenir à notre objectif fondamental : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030. Il y a pourtant de nos jours 121 millions d’enfants qui sont privés de l’accès à l’éducation. Ces jeunes sont précisément ceux qui sont les plus difficiles à atteindre, en raison des barrières que constituent la pauvreté, les inégalités entre les filles et les garçons, l’isolement géographique ou le handicap. Aujourd’hui, nous devons de nouveau rassembler nos énergies pour faire en sorte que tous les enfants puissent aller à l’école.
Mais ce n’est pas tout : s’il est indispensable d’améliorer l’accès à la scolarisation et l’assiduité scolaire, il faudra aussi relever un défi encore plus ardu, celui d’une école qui instruise véritablement. Il faut reconnaître, malheureusement, que les enfants les plus pauvres sont laissés pour compte dans la plupart des systèmes éducatifs. On estime que 250 millions d’enfants dans le monde ne savent toujours pas lire ou écrire, même après plusieurs années d’école. C’est un manquement tragique aux aspirations qui nous animent envers les jeunes du monde entier et leur éducation.
Il y a quinze ans, à Dakar, la communauté internationale s’est engagée à faire de l’éducation primaire universelle une priorité. Les pays en développement ont déployé des efforts héroïques dans cette direction, avec notamment le soutien du Groupe de la Banque mondiale qui a consacré 40 milliards de dollars à l’éducation. Cette semaine, le Forum mondial sur l’éducation se réunit en Corée du Sud afin de renouveler ses engagements en faveur de l’accès à l’éducation pour tous, mais aussi de déterminer comment l’on pourra, avec de nouvelles solutions, améliorer la qualité de l’éducation pour tous les élèves.
Aujourd'hui, en 2015, dans de nombreux pays en développement, les enfants les plus pauvres n’ont qu’un maigre espoir de terminer leurs études primaires. Nombreuses sont les raisons qui les poussent à abandonner l’école : le coût de la scolarité, l’éloignement géographique, leur exposition aux dangers physiques, les inégalités qui frappent les filles, l’absentéisme des enseignants ou leur propre échec scolaire. Nous devons impérativement veiller à ce que les enfants aient la chance d’acquérir la maîtrise de la lecture, de l’écriture et des mathématiques, mais aussi les compétences pratiques dont ils auront besoin pour réussir au 21e siècle.
S’il y a un milliard d’individus dans le monde qui restent de nos jours prisonniers de l’extrême pauvreté, c’est en partie faute de ce bagage scolaire. Pour mettre fin à la pauvreté, nous devrons nous assurer que l’éducation dont bénéficient les familles les plus pauvres repose sur des solutions plus intelligentes et davantage axées sur des données probantes. Et, à cet égard, les données, les technologies et la responsabilisation sont autant d’instruments qu’il faut exploiter en vue de renforcer les systèmes éducatifs et d’offrir des apprentissages de qualité à tous les élèves.
En Angola, par exemple, nous avons analysé au peigne fin les systèmes éducatifs et mis en évidence les politiques et les institutions les plus importantes pour assurer l’accès de tous aux apprentissages, ce qui a permis d’ouvrir la voie à une réforme de l’éducation de grande ampleur. Nous recourons aussi à des évaluations rigoureuses et des recherches de pointe pour orienter les politiques éducatives. Des études d’impact effectuées en Jamaïque, en Indonésie et au Mozambique, par exemple, ont montré les retombées importantes et durables des investissements précoces dans l’éducation des enfants. Dans ces trois pays, ce sont 900 000 enfants qui bénéficient, avec notre appui, d’un accueil préscolaire.
En outre, l’apport de la technologie peut permettre de sauter les étapes traditionnelles et, dans les zones reculées, de créer des classes « connectées » qui brisent l’isolement des enseignants et de leurs élèves. La technologie, c’est la possibilité pour les enseignants de créer ou d’accéder à des supports pédagogiques multimédias innovants. Je pense par exemple aux contenus gratuits fournis par la Khan Academy (a), que nous envisageons d’ailleurs d’exploiter dans les zones rurales du Guyana mais aussi dans des villes du Nigéria.
Enfin, nous nous efforçons de plus en plus de renforcer la responsabilité des pouvoirs publics et de leurs partenaires à l’égard des résultats obtenus, ce qui consiste, quand la situation s’y prête, à accroître les financements axés sur des résultats mesurables et vérifiables. En Tanzanie, nous avons un programme, baptisé « Big Results Now » (a), qui conditionne les financements à l’obtention de résultats préétablis, comme par exemple la répartition plus équitable des enseignants ou l’amélioration des acquis scolaires à la fin de la deuxième année du primaire.
Un faisceau de données de plus en plus fourni suggère que cette démarche est efficace. C’est pourquoi, au cours des cinq dernières années, nos opérations de financement axées sur des résultats ont atteint 2,5 milliards de dollars environ, ce qui correspond à 20 % de la totalité de nos investissements dans le secteur de l’éducation. Et nous comptons faire plus puisque nous prévoyons, afin d’accélérer les progrès, de doubler le volume de ces financements pour le porter à 5 milliards de dollars.
C’est bien simple : si nous nous contentons de continuer comme avant, nous ne parviendrons pas à faire en sorte que les enfants soient tous scolarisés et en situation d’apprendre. Il faudra être plus audacieux et ambitieux. Les ministres de l’Éducation et les autres dirigeants concernés doivent prendre en compte l’avertissement de Martin Luther King et se confronter à « l’urgence absolue du moment ». Nous devons nous engager à nous rassembler plus fréquemment afin de partager les théories les plus récentes et les innovations qui permettront d’avancer plus vite vers l’objectif d’une éducation de qualité pour tous.
Et ne jamais cesser de nous battre pour ce principe : que chaque enfant puisse aller à l’école et avoir accès à une éducation de qualité tout au long de sa vie , où qu’il soit né et quels que soient son sexe et sa condition économique.
Ce billet a été publié initialement sur le site du Huffington Post (a).
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