Taina Tagicakibau, Secrétaire permanente du Ministère de l'environnement des Fiji, s'adresse au public durant Rio+20 afin d'expliquer l'urgence et le besoin d'actions pour protéger les océans. Photos: Mariana Kaipper Ceratti/Banque mondiale
La conférence Rio+20 aura connu une journée d’une importance capitale pour les océans. À l’heure où les négociations sur le projet de déclaration finale de la conférence entrent dans une phrase cruciale, je suis heureuse de voir un dossier passer du débat sur les mots à celui sur l’action. Organisé en marge de la conférence Rio+20 et réunissant ceux qui réfléchissent et agissent sur les problématiques liées au milieu marin, le Forum mondial sur les océans m’a donné l’occasion de rendre publique la naissance officielle du Partenariat mondial pour les océans.
C’est avec plaisir que j’ai pu annoncer le ralliement de 83 pays, organisations de la société civile, entreprises privées, organismes de recherche et autres entités à un effort commun destiné à améliorer la gestion et la protection des océans.
Tous ont souscrit (par courriel) à une déclaration en faveur de la santé et de la productivité des océans afin de combattre la pauvreté. Je vous invite à lire cette déclaration et à nous faire part de vos commentaires.
Lire : Déclaration en faveur de la santé et de la productivité des océans afin de combattre la pauvreté (PDF, en anglais)
Je suis impressionnée par l’enthousiasme que suscite ce partenariat. Tour à tour, les pays évoquent désormais la crise qui menace les océans et l’inaction ayant suivi les promesses de la dernière conférence de Rio ; l’un après l’autre, ils conviennent qu’il faut réunir sans plus tarder toutes les parties intéressées (du secteur public, privé et non gouvernemental) afin de concevoir des solutions innovantes.
Il est temps de mettre en place une plate-forme d’action mondiale.
Arni Mathiesen (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), qui participait à mes côtés au même panel du Forum mondial sur les océans, nous a rappelé la situation très préoccupante dans laquelle se trouve actuellement le « monde bleu ». Il a averti que si rien ne change, et compte tenu des projections actuelles de la population et du PIB, l’offre mondiale de poisson ne serait plus en mesure de répondre à la demande d’ici 2030. C’est-à-dire que l’on risque d’être confronté, très prochainement, à une véritable crise sur le plan de la sécurité alimentaire, mais aussi de l’emploi et des perspectives économiques pour de nombreux pays.
Voir : Océans : Notre ressource vivante (infographie)
Alors que 32 % des pêcheries océaniques mondiales sont surexploitées, épuisées ou en phase de reconstitution après épuisement des ressources (contre 10 % en 1970) et que 53 % de pêcheries sont déjà pleinement exploitées, on ne peut plus continuer comme avant. Les pertes au niveau mondial se chiffrent à 50 milliards de dollars par an. Si le constat est préoccupant pour nos océans, il l’est également pour les 350 millions de personnes qui dépendent de ceux-ci pour travailler et subvenir à leurs besoins ainsi que pour le milliard d’autres qu’ils permettent de nourrir. Pour beaucoup, il s’agit là d’une question de vie ou de mort.
Cet enjeu, Taina Tagicakibau, secrétaire permanente du ministère de l’Environnement des îles Fidji, l’a parfaitement résumé dans un entretien filmé sur place : « L’océan, c’est notre vie et notre moyen de subsistance. L’océan est notre maison. Bien plus qu’une simple étendue d’eau, l’océan est tout pour nous. »
Aux Fidji et aux nombreux autres petits États insulaires et côtiers qui ont adhéré à notre Partenariat mondial pour les océans, nous souhaitons la bienvenue. Le soutien exprimé publiquement par un nombre très considérable de pays et d’organisations donne le véritable coup d’envoi de ce partenariat. Les conditions sont désormais réunies pour permettre la mise en œuvre des orientations qui sortiront de cette Conférence des Nations unies sur le développement durable. Nous avons le vent dans le dos. Des dirigeants convaincus sont à la barre. Cap sur l’action.
Vous trouverez ci-dessous la liste des objectifs que fixe la déclaration et que le partenariat doit nous permettre de concrétiser d’ici 2022 :
Durabilité des ressources halieutiques et des moyens de subsistance provenant de la pêche de capture et de l’aquaculture
Conformément aux engagements internationaux conclus précédemment et compte tenu des effets croissants du changement climatique :
- Accroître significativement la production mondiale de poisson de consommation issu d’une aquaculture et d’une pêche durables par l’adoption de pratiques exemplaires et la réduction des risques environnementaux et sanitaires, de manière à encourager les investissements ;
- Limiter l’accès aux zones de pêche par la mise en place de régimes fonciers responsables, qui garantissent notamment des droits de pêche aux pécheurs et les incitent à se sentir concernés par l’état des pêcheries ;
- Permettre la reconstitution des stocks halieutiques et augmenter les bénéfices annuels nets des pêcheries de capture d’au moins 20 milliards de dollars, notamment par la diminution des subventions encourageant la surpêche.
Protection des habitats côtiers et océaniques et biodiversité
Conformément aux engagements internationaux conclus précédemment et compte tenu des effets croissants du changement climatique :
- Diviser par deux le taux actuel de disparition des habitats naturels et réduire la dégradation et la fragmentation de ces derniers au moyen d’approches de gestion articulées autour des écosystèmes ;
- Porter à au moins 10 % la proportion des zones côtières et marines faisant l’objet d’une gestion et d’une protection et renforcer les autres mesures de préservation ;
- Conserver et restaurer les habitats côtiers naturels afin de réduire leur vulnérabilité et d’augmenter leur résistance aux conséquences du changement climatique.
Réduction de la pollution
Conformément aux engagements internationaux conclus précédemment et compte tenu des effets croissants du changement climatique :
- Réduire la pollution à des niveaux qui ne portent pas préjudice aux fonctions écosystémiques et à la biodiversité ;
- Soutenir la mise en place du Programme d’action mondial afin de réduire la pollution, notamment en ce qui concerne les déchets marins, les eaux usées et les excès de nutriments dans l’eau, et approfondir le consensus autour d’objectifs réalistes pour la réduction de ces agents polluants.
Rachel Kyte
Vice-présidente pour le développement durable www.worldbank.org/sustainabledevelopment
Twitter : @rkyte365
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