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Partenariats et opportunités autour des emplois numériques

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Un « emploi numérique », qu’est-ce que c’est ? Supposons que vous disposiez d’un ordinateur, d’Internet et de capacités de paiement en ligne ou sur mobile. Tout cela vous donne-t-il la possibilité de trouver du travail ? La réponse est oui, à condition aussi de savoir lire et écrire et de maîtriser des compétences informatiques de base. Connaître l'anglais est également un gros plus…

Au début de l'année, la Banque mondiale et la Fondation Rockefeller ont organisé le forum Digital Jobs Africa pour discuter du potentiel que présentent les emplois numériques en Afrique.

Digital Jobs Africa est un programme sur sept ans qui a été mis en place par la Fondation Rockefeller, avec un budget de 100 millions de dollars, et dont l'objectif est de changer la vie d'un million d’habitants dans six pays africains (Afrique du Sud, Kenya, Nigéria, Ghana, Maroc et Égypte). Comment ? En favorisant l'émergence d'emplois liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et le développement des compétences associées parmi une population prometteur mais qui n'aurait autrement aucun accès à des emplois durables, à savoir les jeunes. Lancée en 2013, cette initiative est mise en œuvre en étroite coopération avec des acteurs du secteur privé, de l'État, de la société civile et du monde du développement.
 
En partenariat avec l'initiative Digital Jobs Africa, la Banque mondiale a entrepris un certain nombre d'activités visant à accroître et améliorer les opportunités de création d'emplois numériques en Afrique. Au Ghana, elle a notamment soutenu la mise en place d'un centre dédié aux TIC et le renforcement des capacités en matière de numérisation des données administratives (a) ; au Nigéria, elle a travaillé sur un programme de sensibilisation et de formation portant sur les possibilités du télétravail et du microtravail. Une étude sur l'externalisation en ligne a en outre été réalisée récemment pour analyser le paysage global de ce marché qui connaît un développement rapide (pour plus d'informations, consultez le site www.ictforjobs.org [a]).
 
Ces collaborations fructueuses ont conduit à un renforcement du partenariat entre la Fondation Rockefeller et la Banque mondiale sur le dossier des emplois numériques. Il s’agit toujours de développer les compétences des jeunes tout en créant des emplois de ce type dans différents secteurs (agriculture, e-commerce, enseignement, transports, etc.) grâce au cofinancement d’activités innovantes et à l’effet catalyseur.
 
Différents types d'emploi numérique
 
La Fondation Rockefeller considère comme des emplois numériques tous ceux qui découlent de l'application des TIC à une activité ou processus existant. Les emplois numériques consistent généralement à effectuer des tâches basées sur des informations, ce qui renforce la capacité des personnes à faire d'autres choses dans le futur. Ces emplois, dont le nombre augmente rapidement, peuvent être classés en cinq catégories :

  • Emplois créés par le secteur des TIC et les services liés aux TIC : il s'agit des emplois du secteur formel des TIC (externalisation des processus informatiques et de gestion, mobile/logiciel/matériel, développement des infrastructures haut débit, etc.). À titre d'exemple, on peut citer les opérateurs de centre d'appels, les administrateurs système, les programmeurs et les développeurs web, etc. 
  • Emplois créés par les TIC dans tous les secteurs : on trouve des emplois numériques dans tous les secteurs, y compris la santé, l'agriculture, l'enseignement, la vente au détail et l'industrie. On peut notamment citer les exemples suivants : gestion des diagnostics et des réclamations dans le secteur de la santé, facturation et gestion des stocks dans le secteur de la vente au détail, banque en ligne et paiements mobiles dans le secteur des services financiers. 
  • Emplois pouvant être effectués en ligne : ces emplois sont virtuels à tous les niveaux, qu'il s'agisse de trouver l'emploi, de faire le travail en question ou de se faire payer pour cela. Les activités concernées couvrent des secteurs aussi divers que le jeu en ligne, le microtravail et le crowdsourcing rémunéré (a). Les donneurs d'ordres sont aussi bien des PME que des grandes entreprises et des administrations. Ces emplois sont plutôt de nature complémentaire, mais aussi très flexibles du fait que le travail peut s'effectuer à n'importe quel moment et depuis n'importe où. 
  • Emplois émergents liés aux plateformes en ligne : il existe une grande variété de plateformes en ligne qui donnent actuellement naissance à des emplois d'une toute nouvelle nature. Nombre de ces plateformes se comportent comme des places de marché où n'importe qui peut avoir sa boutique électronique (comme eBay, Alibaba, etc.), ou se transformer en enseignant ou en formateur dans différents domaines pour celles qui sont tournées vers l'enseignement (Udemy, Skillshare, etc.). De plus, dans le cadre de l'« économie du partage (a) », un secteur en pleine expansion, certaines plateformes en ligne (a) permettent à leurs utilisateurs de gagner de l'argent en partageant et en louant leurs ressources, leur temps et leurs compétences. Ces services de particulier à particulier vont du covoiturage à l'hébergement et à la réalisation de tâches quotidiennes. Quasiment n'importe qui peut se transformer en taxi avec Uber et Lyft, en hôtelier avec Airbnb, ou encore en livreur ou en homme à tout faire avec TaskRabbit
  • Emplois créés par les entrepreneurs du numérique : la montée en puissance du Big Data, ces métadonnées rendues publiques par les États et divers secteurs industriels, constituent d'immenses opportunités en matière d'entrepreneuriat numérique. De même, l'effondrement du prix des machines à commande numérique et des ordinateurs (imprimantes 3D, découpe laser, Arduino et Raspberry Pi, etc.) donne la possibilité de trouver un emploi, de créer une entreprise et de gagner de l'argent à toute personne disposant de compétences dans la programmation, la conception, la fabrication ou la vente. De plus, acquérir ces compétences devient de plus en plus facile, notamment en se rendant dans l'un des pôles de hautes technologies (a) qui ont fait leur apparition en Afrique ou dans l'un des Fab Labs (a) qu'on trouve un peu partout dans le monde, ou encore en tirant parti de la multitude de cours gratuits qui existent en ligne. Le financement initial nécessaire au lancement d'une entreprise peut également être trouvé par le biais du crowdfunding sur des plateformes en ligne comme Kickstarter, Indiegogo et Goteo.

 
Quelle sera l'étape suivante ? 
 
Les opportunités liées aux emplois numériques vont continuer à se développer dans le futur proche, à mesure que de nouvelles innovations feront leur apparition sur les plateformes web. Pour que les pays parviennent à tirer parti de ces opportunités, il sera particulièrement important que les jeunes acquièrent les compétences numériques, celles du 21e siècle.

L'un des aspects intéressants des emplois numériques réside dans le fait que ces plateformes web vont elles-mêmes produire des données sur le marché du travail. En exploitant ces données, il sera plus facile pour les actifs d'identifier les compétences les plus demandées et d'acquérir celles-ci pour renforcer leur compétitivité sur le marché de l'emploi. Par exemple, Upwork (anciennement Elance et oDesk) propose une page Web (a) qui recense les compétences les plus demandées par le biais d'une plateforme qui met en relation l’offre et la demande de travailleurs freelance. Indeed, l'un des plus gros sites de recherche d'emploi en ligne, offre aussi diverses informations sur le marché de l’emploi, notamment concernant le nombre d'offres par habitant (a), les tendances à l'œuvre au sein des différents secteurs d'activité (a) et les compétences les plus demandées (a).

Parallèlement, la présence numérique des individus commence à jouer un rôle essentiel pour trouver un emploi et conserver celui-ci. Qu'il s'agisse d'e-commerce, d'enseignement en ligne, de transport ou d'hébergement, les plateformes en ligne dépendent de la réputation et de l'honnêteté des travailleurs individuels. La réussite de ces derniers dépend donc de leur réputation en ligne. En tirant parti des données sur les marchés de l'emploi et en exploitant de manière stratégique les réseaux sociaux et son « e-réputation », n'importe qui peut virtuellement trouver du travail. Mais il sera essentiel pour cela d'apprendre à naviguer efficacement dans l'économie numérique.
 
Dans le futur, la Banque mondiale et la Fondation Rockefeller continueront à collaborer pour favoriser l'émergence des emplois numériques et pour aider les jeunes à acquérir les compétences requises. 


Auteurs

Saori Imaizumi

Education Specialist (EdTech)

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