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Pourquoi et comment infléchir la courbe de la pauvreté: la position de Jim Yong Kim et Kaushik Basu

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Réunions de printemps 2013: Jim Yong Kim et Kaushik Basu Quelles solutions pour mettre fin à la pauvreté ? La discussion entre Jim Yong Kim et Kaushik Basu, respectivement président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale, aura permis à des internautes du monde entier de découvrir plus en détail la vision de l’institution pour mettre fin à la pauvreté chronique et absolue.

La lutte contre la pauvreté fait depuis longtemps partie des objectifs de la Banque mondiale mais la croissance alerte que connaissent les pays en développement depuis quelques décennies, qui s’accompagne d’un recul de la pauvreté, offre une fenêtre de tir exceptionnelle « pour faire de cet objectif une réalité en une génération ». C’est ce qu’a affirmé Jim Yong Kim lors de cette rencontre retransmise en direct en anglais, arabe, espagnol et français, et suivie sur Twitter (#wblive et #ilfaut).

Selon une étude récente, le nombre d’individus ayant moins de 1,25 dollar par jour pour vivre en 2010 est plus faible qu’il y a 30 ans (1,2 milliard contre 1,9 milliard) alors même que la population des pays en développement a augmenté dans le même temps de 59 %. Mais diverses épées de Damoclès planent sur ces progrès indéniables, comme notamment le changement climatique.

 « Je pense que nous sommes tous d’accord sur le fait que, si l’on ne fait rien, la réduction de la pauvreté ralentira », a indiqué Jim Yong Kim. « C’est le sujet même de notre rencontre aujourd’hui : nous voulons infléchir la courbe de la pauvreté. Actuellement, alors que les progrès les plus accessibles ont été accomplis, on commence à observer une stagnation de cette courbe. Il faut relancer la dynamique pour continuer à faire baisser la pauvreté. Voila le cœur de notre vision. »

Dans un discours prononcé le 2 avril, Jim Yong Kim a mentionné deux objectifs à réaliser d’ici 2030 : ramener la proportion des êtres humains ayant moins de 1,25 dollar par jour pour vivre — ils sont actuellement 1,2 milliard dans ce cas, soit un cinquième de la population mondiale — en deçà de 3 % ; et faire de la « prospérité partagée » une réalité pour les 40 % d’individus les plus pauvres de chaque pays, ce qui implique de relancer la croissance, améliorer le développement humain, réduire les inégalités et élargir l’accès à l’énergie et à d’autres services essentiels pour ces populations.

« Le chemin est encore long », a rappelé Kaushik Basu, en reconnaissant que « l’objectif de ramener à moins de 3 % le nombre d’êtres humains vivant sous [le seuil de pauvreté] est extrêmement ambitieux », mais que « nous sommes déterminés à y parvenir ».

Pour cela, la communauté internationale doit pouvoir toucher « les pauvres et les relativement pauvres, où qu’ils soient », a poursuivi M. Basu. « Si nous voulons être efficaces dans les pays les plus pauvres, nous devons nous engager davantage, même dans les pays mieux lotis, et nous n’y parviendrons qu’en nous accrochant à cette idée de prospérité partagée ».

La discussion d’une heure, animée par la correspondante de l’agence Reuters Lesley Wroughton, a été l’occasion de se pencher sur les inégalités de revenu dans le monde, l’égalité entre les hommes et les femmes, le changement climatique, les enjeux propres aux États fragiles et en situation de conflit ou encore la nécessité de construire des infrastructures et d’assurer un développement durable.

Pour Jim Yong Kim, la fixation de cibles concrètes contribue à renforcer le sentiment d’urgence et modifie la manière dont le Groupe de la Banque mondiale et d’autres organisations envisagent le développement. « Partout où nous intervenons, nous voulons que nos équipes sur le terrain agissent en ayant qu’un seul but en tête : la réalisation de ces deux objectifs » qui, d’après lui, « font l’objet d’un profond consensus » et suscitent une large adhésion chez les pays membres du Groupe de la Banque mondiale.

Mais la seule aide publique au développement ne suffira pas à mettre fin à la pauvreté. Rien qu’en Inde, il faudrait trouver 1 000 milliards de dollars pour remédier au déficit d’infrastructures. « Nous n’atteindrons pas cet objectif sans mobiliser toutes les ressources susceptibles de nous aider dans cette voie ». D’où l’importance, notamment, de la participation du secteur privé.

Souvent, les pays savent ce qu’ils devraient faire pour améliorer le développement humain et les services à la population — comme dans le secteur de l’éducation — mais ils n’y parviennent pas, a poursuivi Jim Yong Kim. « Combien de fois ai-je entendu ce commentaire : ‘nous avons quelques moyens et nous avons des idées mais nous n’arrivons pas à les concrétiser’ ? À la Banque mondiale, nous voulons être l’organisation qui aidera vraiment les pays à y parvenir ».


Auteurs

Donna Barne

Rédactrice pour les sites institutionnels

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