Publié sur Opinions

Que peut-on apprendre des efforts d’intégration des réfugiés syriens sur le marché du travail en Grèce ?

Cette page en:
A shipping company worker counting pallets in warehouse before dispatching. A shipping company worker counting pallets in warehouse before dispatching.

La crise des réfugiés syriens dure depuis sept ans. Lors des deux premières années, la Turquie et la Grèce étaient surtout considérées comme d’importants pays de transit en raison de leur situation géographique. Toutefois, la fermeture de la route des Balkans occidentaux et la Déclaration UE-Turquie (a) ont progressivement conduit à transformer ces deux pays en une destination finale pour les réfugiés syriens. Face à cette évolution, l’action politique des deux États en matière d'accueil des réfugiés s’est également infléchie, pour passer d’une aide humanitaire à des solutions de développement au long cours (a).

L’appui de la Banque mondiale pour l’intégration des réfugiés sur le marché du travail en Grèce

Ces dernières années, les services d’intégration des réfugiés en Grèce se sont bornés à des initiatives ad hoc menées essentiellement par des organisations internationales et des ONG. Plusieurs interventions ont également eu lieu à l’échelle locale, la municipalité d’Athènes jouant un rôle de premier plan. Afin d'accompagner les efforts menés par la Grèce en faveur de solutions d’intégration pérennes, la Banque mondiale a œuvré en étroite collaboration avec le service national pour l’emploi (DYPA), en partenariat avec la Commission européenne. Le DYPA est désormais prêt à lancer le projet pilote « I.Ref.Job », destiné à aider les réfugiés à trouver un emploi.

Enseignements opérationnels

La conception et l’exécution de ce projet pilote (a) ont reposé sur un examen poussé d’autres expériences internationales et locales, qui a permis de dégager des principes directeurs pour l’intégration des réfugiés sur le marché du travail en Grèce, transposables à d’autres pays dans le monde :

  1. L’insertion des réfugiés doit s’effectuer dans les meilleurs délais afin qu’ils restent actifs et qu’ils ne pâtissent pas de séquelles durables (chômage ou inactivité prolongée) .
  2. En cas d’inadéquation entre l’offre et la demande d'emploi, il convient de fournir d’autres services qui répondent aux besoins du marché local : formations linguistiques, générales ou techniques, stages, subventions salariales…
  3. Les compétences linguistiques et générales doivent faire l’objet d’une attention suffisante, notamment aux premiers stades de l’intégration.
  4. Les services fournis aux réfugiés doivent tenir compte des difficultés spécifiques auxquelles ils sont confrontés  (méconnaissance des procédures administratives, avenir incertain, charges familiales et garde des enfants, détresse psychologique…).
  5. Une bonne compréhension des compétences et du bagage d’expérience des réfugiés est cruciale.

Le projet a mis en pratique ces cinq principes en s'appuyant sur les services publics d’aide à l’emploi existants, en instaurant un système efficace d’identification des acquis, compétences et expériences des réfugiés et en resserrant les liens avec le secteur privé. Il s’est également nourri des enseignements tirés de la mise en œuvre d’un projet similaire (a) mené par l’agence turque d'aide à l’emploi avec le soutien de la Banque mondiale et des financements de l’Union européenne.

Outils pratiques

On pourrait aisément réemployer dans d’autres pays deux outils parmi l’éventail développé. Le premier est un outil d’identification des compétences (a) des réfugiés, à savoir un questionnaire d’évaluation, étayé de supports visuels, destiné à recenser les principaux obstacles et freins à l’emploi, le bagage d’études, de formation, d’expérience professionnelle et d’aptitudes générales, ainsi que d’autres compétences utiles (connaissance du numérique, permis de conduire). Les résultats de cette évaluation permettent ensuite à des conseillers de mettre sur pied des plans d’action individuels et d’orienter les réfugiés vers des services appropriés. Le second outil est une stratégie de collaboration avec les employeurs (a) qui a été conçue dans le but de resserrer les relations du DYPA avec les entreprises, de répondre à leurs éventuelles préoccupations et de promouvoir l’intérêt économique que représente l’emploi de réfugiés, notamment sous l'angle de leurs objectifs de responsabilité sociale.

Alors que le nombre de primo-demandeurs d’asile dans l’Union européenne amorçait un reflux (a), la pandémie de COVID-19 et, plus récemment, la guerre en Ukraine ont reconfiguré la crise des réfugiés en Europe. Souvent soudaines, ces crises bouleversent le quotidien de ceux qui fuient leur pays et de ceux qui les accueillent. Pour atténuer ce choc, des solutions pérennes s’imposent. Une intégration rapide sur le marché du travail est un gage de réussite à long terme. Les réfugiés seront d'autant plus en mesure de prendre un nouveau départ et d'apporter une contribution positive à leur pays d’accueil que celui-ci se mobilisera au plus vite en faveur de leur intégration. Les crises migratoires passées ont montré que la mise en place de systèmes propres à faciliter l’intégration des réfugiés s'avère un investissement extrêmement rentable. L'action de la Banque mondiale en Grèce fournit des enseignements opérationnels et des outils pratiques qui peuvent aujourd’hui soutenir les initiatives concertées engagées par les pays européens et les partenaires de développement en vue d’accueillir les réfugiés ukrainiens.

Les activités d’assistance technique de la Banque mondiale ont été menées à bien avec le concours financier de l’Union européenne, dans le cadre du Programme d’appui aux réformes structurelles. La Banque mondiale a procédé à leur mise en œuvre en coopération avec la direction générale de l’appui aux réformes structurelles de la Commission européenne.


Prenez part au débat

Le contenu de ce champ est confidentiel et ne sera pas visible sur le site
Nombre de caractères restants: 1000