La prochaine édition du Rapport sur le développement dans le monde est déjà bien engagée. Elle est consacrée aux chaînes de valeur mondiales et aux enjeux du commerce pour le développement. Pour en avoir un avant-goût, rendez-vous dès maintenant sur le site web du Rapport sur le développement dans le monde 2020 (a).
Depuis le dernier rapport phare de la Banque mondiale traitant de cette question, il y a plus de trente ans ( L’industrialisation et le commerce extérieur), le monde a connu des transformations porteuses d’évolutions en grande partie positives sur le plan du développement. Plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire sont désormais intégrés aux marchés internationaux grâce aux chaînes de valeur mondiales.
Une part de plus en plus importante des échanges se déroulent dans le cadre de ces chaînes d’approvisionnement mondialisées : les pièces détachées et les composants d’un produit franchissent souvent plusieurs frontières avant leur assemblage final. Mais les règles du jeu ne sont pas équitables et la croissance des chaînes de valeur mondiales est inégale. Quel avenir pour les pays qui en sont encore exclus ? À l’heure des mutations technologiques et de la remise en cause de l’ouverture, existe-t-il une voie de développement par le commerce ? Et si oui, comment ces pays peuvent-ils parvenir à tirer parti des échanges commerciaux et des chaînes de valeur mondiales individuellement et en collaborant ?
Le Rapport sur le développement dans le monde 2020 s’attachera à répondre à trois questions fondamentales :
Les chaînes de valeur mondiales sont-elles, pour les pays à faible revenu, un levier ou au contraire un obstacle au développement ? Ces réseaux mondialisés permettent aux pays de se spécialiser dans la production de composants spécifiques ou dans la réalisation de certaines tâches et contribuent à la création de capital et de savoir-faire. La réalisation de tâches plus sophistiquées exige cependant des compétences et des capacités qui font défaut dans nombre de pays en développement.
Quel est l’impact des chaînes de valeur mondiales sur la croissance des revenus et la répartition des bénéfices ? Le risque est que certains pays restent cantonnés dans des activités sans perspective d’avenir. Dans des marchés concurrentiels, les bénéfices tirés de l’intégration à ce type de structure de production et de répartition pourraient être largement partagés, mais ils pourraient aussi être inégalement répartis si les acheteurs ou les vendeurs ont trop d’emprise sur le marché. Cet aspect joue un rôle important en matière de réduction de la pauvreté.
La technologie, aubaine ou malédiction pour le développement ? La baisse des coûts du commerce stimule les échanges. Il en va de même de la création de nouveaux produits marchands, en particulier dans le secteur des services. L’expansion rapide des plateformes numériques facilite l’accès des petites entreprises à de nouveaux marchés, favorisant ainsi la participation aux chaînes de valeur mondiales. La puissance commerciale de ces plateformes sape cependant une partie des bénéfices. Si l’automatisation et l’impression 3D encouragent les pays à produire plus près, la hausse de la productivité pourrait accroître la demande d’éléments importés en provenance de pays en développement et stimuler le commerce.
Le rapport s’emploiera aussi à proposer des pistes d’action publique pour aider les pays à tirer davantage profit des chaînes de valeur mondiales, en mettant notamment l’accent sur les réformes visant à améliorer les échanges et le climat de l’investissement, mais aussi sur les filets sociaux et le recyclage professionnel. Enfin, en raison même de la fragmentation internationale de la production, ces politiques nationales ne suffiront pas et doivent s’accompagner d’une coopération internationale pour garantir une croissance inclusive.
Une brillante équipe est aux manettes. Elle est pilotée par Pol Antràs, Caroline Freund et Aaditya Mattoo, qui codirigent le rapport, et par Daria Taglioni, chef d’équipe du projet. Pol Antràs est professeur d’économie à l’université Harvard (chaire Robert G. Ory), où il enseigne depuis 2003. Ses travaux de recherche portent principalement sur le commerce international et les activités multinationales. Caroline Freund est directrice du pôle Commerce, intégration régionale et climat de l’investissement à la Banque mondiale. Aaditya Mattoo est directeur de recherche pour le Commerce et l’intégration à la Banque mondiale. Daria Taglioni est économiste principale au sein du pôle Commerce et compétitivité du Groupe de la Banque mondiale et experte principale en solutions mondiales pour les chaînes de valeur mondiales.
Nous publierons régulièrement en ligne des versions provisoires du rapport afin d’assurer un processus de consultation aussi transparent que possible. Je vous invite vivement à suivre nos travaux et à y prendre part jusqu’à la publication du rapport final, au mois d’octobre prochain. D’autres membres de l’équipe publieront des billets dans les semaines et les mois qui viennent sur des aspects plus spécifiques de leurs études. Rendez-vous prochainement pour en savoir plus !
Et, en attendant, consultez ici (a) la première mouture du Rapport sur le développement dans le monde 2020.
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