Vidéo en anglais.
En parcourant les propositions venues d’Afrique pour le concours « Développeurs au service du développement », j’ai réalisé que ce n’est pas dans des documents d’orientation bavards et théoriques qu’il fallait chercher les solutions aux défis de développement auquel est confronté mon continent. Mais qu’il existe, au contraire, des solutions bien vivantes et qu’elles se trouvent dans les innovations en provenance du secteur des TIC en Afrique.
À travers ce concours, la Banque mondiale invitait le public à créer des applications logicielles susceptibles d’aider à trouver des réponses aux défis du développement dans le monde. À la surprise générale, le plus grand nombre de propositions est venu de développeurs africains. Sur les 107 propositions reçues du monde entier, un tiers des applications provenaient d’Afrique (plus que l’Amérique du Nord et l’Europe). Au niveau de la région, c’est l’Ouganda qui a connu la plus forte participation, suivi par le Nigeria, le Kenya, le Ghana, l’Afrique du Sud, le Niger et le Rwanda.
Les applications proposées ne manquent pas d’inspiration. L’agriculture au Nigeria ? Il y a une application qui permet aux agriculteurs de faire la publicité de leurs produits auprès des acheteurs du monde entier. La santé au Ghana ? Il y une application qui permet aux professionnels de partager les meilleures pratiques en matière de santé maternelle et infantile. Vous voulez mesurer le rôle de la diaspora africaine dans les économies ? Il y a une application qui permet de suivre, cartographier et visualiser sur le web les paiements vers le continent des Africains de la diaspora. L’on a dit que c’est aux Africains de construire l’avenir de l’Afrique. Oubliez l’avenir, avec des applications comme celles-là, l’avenir, c’est maintenant.
La plus grande inspiration, je la trouve de plus en plus dans l’esprit d’innovation de mes pairs. La Kenyane Ory Okolloh, cofondatrice d’Ushahidi et chargée de stratégie pour Google (Afrique), a ouvert la voie aux femmes africaines en les montrant sous un jour nouveau : celui de femmes expertes en TIC ayant des solutions à proposer. En organisant l’initiative Villages in Action dans sa ville natale de Masindi en Ouganda, avec juste un ordinateur portable et une petite bande passante, Teddy Ruge a réussi à offrir à sa communauté une tribune sur les objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) grâce à laquelle celle-ci a pu faire entendre sa voix à travers le monde. Et c’est vrai jusque dans la musique : quand l’artiste ghanéen Wanlov Kubolor a utilisé une plateforme comme YouTube pour mettre en ligne la vidéo de son nouveau titre Human Being (Just Like You) et en faire bénéficier ses 50 000 fans sur Facebook, j’ai visualisé chaque nation en conflit en Afrique et j’ai pensé qu’il fallait que le message de Wanlov soit entendu par les dirigeants de ces pays... car trop souvent, il ne l’est pas.
Les vrais leaders de l’Afrique sont en train de se lever. Ils ne se battent pas pour le partage du pouvoir. Ils ne regardent pas les populations mourir pour satisfaire leurs ambitions personnelles. Non, les vrais leaders du continent exploitent la technologie pour fournir des solutions aux défis auxquels leurs pays d’origine sont confrontés. Ils doivent être reconnus. Ils doivent être félicités. Et ils doivent en inspirer d’autres, beaucoup d’autres… jusqu’à ce qu’ils se comptent par millions.
Pouvoirs publics, organismes internationaux, entreprises du secteur privé : tous ces innovateurs sont la réponse que vous cherchez. En fait, ils sont la réponse de l’Afrique : ce sont eux qui répondent à l’appel et se lèvent – et il y a, parmi eux, l’un des tout nouveaux lauréats du concours « Développeurs au service du développement » de la Banque mondiale.
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