Près de 20 000 personnes sont attendues dans les deux prochaines semaines à Durban à l’occasion du nouveau cycle annuel de négociations sur le changement climatique. À quels résultats parviendront-elles? À pas grand chose, si l’on en croit les pronostics pessimistes de la presse. Les pessimistes ont-ils raison? Non, pas nécessairement.
Les résultats souhaitables
En voici la liste. Il s’agit de mesures pratiques inscrites à l’ordre du jour et susceptibles d’affecter très rapidement la vie des populations :
- • La création d’un réseau mondial de centres technologiques pour permettre aux pays en développement de se doter des connaissances et des capacités nécessaires à la mise au point de technologies à l’épreuve du climat — ce qui en retour permettra d’attirer plus d’investissements, de favoriser la création de plus d’emplois et de faire baisser les coûts.
- • L’adoption d’un système qui aidera les pays en développement à élaborer et à financer leurs plans d’adaptation.
- • La décision d’intégrer totalement l’agriculture dans la Convention (ce qui, curieusement, n’a pas encore été fait), permettant ainsi aux paysans pauvres de bénéficier du financement de l’action climatique.
- • La simplification des règles d’octroi de crédits-carbone à partir des forêts, ce qui simplifiera par conséquent la prévention du déboisement et permettra aux habitants des forêts d’accéder aux ressources ainsi dégagées.
- • L’élaboration de règles communes permettant aux villes de s’attaquer au changement climatique (nombreuses sont les villes qui sont, sur ce front, plus engagées que les pays).
- • De nouvelles procédures d’accès aux ressources qui favoriseront la fourniture d’énergie durable à 65 % de ménages africains vivant actuellement sans électricité.
- • Des accords favorisant le développement d’un marché du carbone durable, ce qui aura pour effet de réduire les coûts liés à la lutte contre le changement climatique et de mettre des ressources financières et technologiques à la disposition des pays en développement.
Tout cela risque d’être éclipsé par les grandes questions politiques en jeu à Durban. Ce serait une erreur. Même si, prises individuellement, de telles mesures ne peuvent pas changer la donne, elles constituent néanmoins des éléments importants dans la perspective d’un accord mondial éventuel.
L’avenir des financements et de Kyoto
Évidemment, au-delà de ces mesures pratiques, il ya les deux grandes décisions politiques au cœur de Durban : le Fonds vert pour le climat et l’après-2012.
Le Fonds vert a de bonnes chances d’être lancé, et ce devrait être l’un des principaux acquis de Durban. Mais encore faut-il que ses modalités de création favorisent son essor et son efficacité. Tel qu’il a été pensé, le Fonds sera alimenté par des contributions volontaires. Il est donc important qu’il démontre sa capacité à déployer les efforts de grande ampleur qui s’imposent.
Le protocole de Kyoto expirant en 2012, il est compréhensible que l’ambiance de l’« avant-Durban » ait été dominée par les interrogations sur « l’après–Kyoto ». Les dernières semaines ont été marquées par l’espoir d’arriver à un compromis qui verrait les parties aboutir à un consensus sur un calendrier de négociation en vue d’un accord global, et l’Europe signer, en retour, pour l’ouverture d’une nouvelle période d’engagements dans le cadre du protocole de Kyoto. Tout est encore possible. Dans une perspective plus hypothétique, les délégués de Durban pourraient s’entendre sur une cible de limitation des émissions mondiales de GES à l’horizon 2050 et sur l’année de pic des émissions (celle-ci devant être antérieure à 2020 si l’on veut avoir une chance réelle de limiter le réchauffement global à 2° C), mais ne comptez pas là-dessus.
Le monde de l’action
À cette 17e conférence de l’ONU sur le climat, le plus grand espoir viendra probablement des milliers de participants qui ne participeront pas aux négociations sur le texte de la CCNUCC : secteur privé, société civile, chercheurs et organisations internationales. Ce sont eux qui font bouger les choses, promeuvent des échanges d’expériences et d’analyses, sont à l’initiative de nouveaux programmes et forgent des accords. Le rythme des innovations à la fois en matière d’adaptation et d’atténuation est remarquable. Or, pour pouvoir être transposées à une plus grande échelle, ces innovations doivent être soutenues par des règles acceptées au plan international. Plus les négociateurs regarderont du côté de ces acteurs de l’arrière-plan, plus ils verront que le succès est possible et accessible, et plus grandes seront les chances de réussite.
Andrew Steer explique l’action de la Banque mondiale dans la lutte contre le changement climatique :
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