Il est important de pouvoir disposer d’un forum international réunissant les grands noms de la pensée économique autour de la lutte contre la pauvreté et de la promotion de la croissance dans les pays à faible revenu. Je constate avec satisfaction que, depuis son lancement il y a 22 ans, la Conférence annuelle de la Banque sur l’économie du développement (ABCDE) répond à cet objectif en mettant en relation théoriciens, intervenants de terrain et étudiants.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’un débat actif et constructif sur des questions telles que la création d’emplois, la réduction des inégalités et la promotion des femmes, ainsi que sur l’amélioration de nos approches en matière de production de capital humain et de formation des jeunes. Aussi la vice-présidence de la Banque mondiale chargée de l’économie du développement, dont je tiens les rênes, s’est-elle toujours attachée à soutenir ce forum avec enthousiasme.
Pour que les populations puissent tirer parti du développement et sortir de la pauvreté, il est indispensable qu’elles bénéficient de plus de perspectives. C’est pourquoi nous avons décidé de placer le thème de l’élargissement des opportunités de développement au centre de la conférence de cette année, qui se tiendra du 30 mai au 1er juin à Paris.
Nous sommes très heureux d’organiser cette édition 2011 avec l’OCDE, qui célèbre cette année son 50e anniversaire et porte les questions de développement — notamment l’emploi et la cohésion sociale — au premier rang de ses priorités. La conférence aura également lieu sous les auspices du gouvernement français, et plus précisément du ministère des Affaires étrangères et européennes et du ministère de l’Économie, des finances et de l’industrie. Le moment est tout à fait opportun, puisque les questions à l’ordre du jour de la conférence constituent également des priorités pour la présidence française du G8 et du G20.
L’élargissement des opportunités de développement suppose, entre autres, d’œuvrer avec les pouvoirs publics et les entreprises des pays en développement pour faciliter la transition vers un stade supérieur de développement. Il s’agit, par exemple, de déterminer comment passer de l’agriculture à la production primaire, ou comment développer des industries compétitives en fonction de l’avantage comparatif de ces pays. Cette transformation peut faire naître des opportunités d’emplois à plus forte valeur ajoutée. Néanmoins, les populations ne seront à même d’occuper de tels emplois que si elles disposent d’un niveau d’instruction suffisant et d’un accès aux services de base. De même, la protection sociale constitue un autre aspect important sachant que, durant les processus de transformation, certaines personnes peuvent être durement affectées par des difficultés, des chocs et autres problèmes de santé. En d’autres termes, des filets de protection sociale sont nécessaires pour protéger les catégories de population vulnérables : citadins dont la vie est dévastée par une catastrophe naturelle ou paysans pratiquant une agriculture de subsistance qui sont touchés par la sécheresse ou n’ont pas les moyens d’acheter des semences.
Il sera également question lors de cette conférence de la démocratisation de l’économie du développement. Le 1er juin, nous consacrerons à ce concept nouveau une table ronde qui promet d’être passionnante. Elle sera animée par Stéphanie Antoine, journaliste dynamique de la chaîne de télévision France24, et je me réjouis de la participation, entre autres intervenants, d’Esther Duflo, Mthuli Ncube, Mustapha Nabli, Martine Durand et Martin Ravallion. En particulier, les participants se demanderont comment faire en sorte pour que les chercheurs locaux et les bénéficiaires des projets puissent s’approprier les outils d’analyse et d’évaluation d’impact.
Il s’agit donc aujourd’hui de démocratiser l’économie du développement. Mais pourquoi ? Eh bien, nous entrons dans un monde de croissance multipolaire. Le savoir peut être produit au Nord, mais également au Sud. Nous devons promouvoir l’apprentissage Nord-Sud, l’apprentissage Sud-Sud, et aussi l’apprentissage Sud-Nord. Nous savons que les approches descendantes, en général, ne sont pas efficaces. Nous devons permettre aux populations de s’approprier le savoir afin qu’elles puissent s’en servir pour remédier aux problèmes locaux et explorer leurs propres opportunités. C’est la raison pour laquelle nous sommes en train de déployer une vision plus démocratique de l’économie du développement. Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, en est un fervent défenseur. Cette nouvelle approche se concrétise d’ores et déjà, en partie, via l’initiative pour le libre accès aux données, aux connaissances et aux solutions. De même, nous appelons les jeunes concepteurs de logiciels à créer des applications qui soient au service du développement.
Les acteurs du développement vivent aujourd’hui une période exaltante, et je suis certain que la conférence ABCDE va être l’occasion de partager et débattre de travaux de recherche tout à fait novateurs. Je vous invite à suivre cet événement phare sur Twitter (@ABCDEwb) et à assister aux retransmissions sur le web, du 30 mai au 1er juin.
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