Publié sur Opinions

Stockage de l’énergie: vers des solutions propres dans les pays émergents?

 IFC 
Le stockage est essentiel pour l’intégration
des énergies renouvelables dans les réseaux
électriques. Photo: IFC 

Depuis plus d’un siècle, on construit des réseaux électriques en pensant que l’électricité doit être produite, transportée, distribuée et utilisée en temps réel, parce que son stockage n’est pas économiquement rentable. Mais tout cela est en train de changer.

Le stockage à grande échelle dans des accumulateurs est en passe de devenir commercialement viable.  C’est une bonne nouvelle d’abord pour le milliard de personnes dans le monde qui n’a toujours pas accès à l’électricité, mais aussi pour les énergies propres, car le stockage de l’énergie peut contribuer significativement à leur expansion.
 
Alors que la production d’énergie propre se généralise dans le monde, la variabilité et la fluctuation de cet approvisionnement intermittent commencent à avoir une incidence sur les systèmes électriques pour lesquels le stockage est un élément critique. Le stockage peut lisser les pics et les creux qui caractérisent le solaire ou l’éolien, et décaler la distribution d’électricité entre le moment de la production et celui du pic de consommation. Il n’existe pas de niveau d’approvisionnement en énergie renouvelable clairement défini pour éviter la discontinuité de la fourniture, mais, généralement, les exploitants de réseaux se mettent à investir dans des dispositifs de stockage lorsque 10 % de leur production provient du solaire ou de l’éolien.

Depuis plus de dix ans, les fabricants de systèmes de stockage et d’accumulateurs perfectionnent leur technologie : ils en augmentent la durée de vie et la résistance dans des environnements complexes, font évoluer les systèmes de gestion et, surtout, réduisent continuellement les coûts. Ce secteur se trouve désormais à un tournant, les systèmes de stockage étant, d’un point de vue commercial, de plus en plus compétitifs face à d’autres solutions. En Amérique du Nord et en Europe, plusieurs prestataires proposent désormais des technologies et des solutions concurrentes. De surcroît, les capacités en termes d’installation et d’exploitation existent déjà. Les premières estimations montrent que le recours aux énergies propres est viable dans un nombre croissant de scénarios, et sur un nombre toujours plus important de marchés. Le stockage stationnaire est manifestement en train de sortir de sa position de niche pour se répandre largement, même si, comme pour le solaire, il existe un décalage entre le point où l’on atteint la viabilité économique et celui où cette innovation est adoptée par les partenaires commerciaux.

D’après une étude récente (a) commandée par IFC, le programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP) de la Banque mondiale (a) et le ministère de l’Énergie des États-Unis, le recours au stockage de l’énergie pourrait s’accroître de 40 % par an au cours des dix prochaines années dans les pays émergents.  On pourrait atteindre une capacité de stockage de 80 gigawatts, contre 5 actuellement, ce qui ouvrirait de nouveaux marchés et donnerait naissance à de formidables opportunités.
 
IFC anticipe un développement significatif du stockage de l’énergie  dans les prochaines années avec, à la clé, des économies d’échelle. L’institution s’intéresse à ce secteur depuis plusieurs années et continue d’appuyer le déploiement de systèmes de stockage énergétique dans les pays émergents.

À ce jour, nos engagements dans ce secteur ont consisté en des investissements en capital-risque de démarrage, afin de préparer le marché à des investissements classiques. Nous avons notamment investi dans Microvast, un fabricant chinois de batteries lithium-ion à chargement très rapide, dans Fluidic Energy, un producteur de batteries zinc-air utilisées pour l’alimentation des pylônes de télécommunication, et dans AST, une compagnie indienne qui installe des systèmes combinant solaire photovoltaïque et stockage pour alimenter des pylônes également.
 
Nous avons observé, ces dernières années, une transformation remarquable du marché. Le stockage de l’énergie est désormais répandu dans les pays émergents. Toutefois, des difficultés persistantes, notamment en matière de financement, empêchent d’accroître l’utilisation des systèmes de stockage. Si l’on s’attend à ce que les coûts continuent à diminuer dans les années à venir, ils sont encore relativement élevés, ce qui restreint l’accès à des financements abordables dans ces pays. Des mécanismes d’investissement innovants, conjugués à un renforcement des normes et un soutien plus important de la part des pouvoirs publics, sont nécessaires afin d’exploiter tout le potentiel que recèle le stockage de l’énergie électrique.

S’agissant de l’ouverture des marchés pour l’énergie propre, IFC s’est fixé des objectifs ambitieux.  La promotion des technologies de stockage est cruciale pour remédier au problème de l’intermittence et améliorer ainsi l’accès et le recours aux sources d’énergie renouvelables. Outre la production et l’efficacité énergétique, le stockage de l’énergie sera le troisième élément fondamental du portefeuille d’IFC en matière d’énergie propre. Scaling Solar (a), le programme du Groupe de la Banque mondiale qui a permis d’accélérer et de faciliter l’accès au photovoltaïque solaire dans les marchés émergents, pourrait être étendu au stockage de l’énergie lorsque les coûts auront encore baissé. En effet, cette technologie se prête bien à une approche similaire fondée sur des appels d’offres standardisés.
 
Nous sommes plus que jamais déterminés à intensifier notre action dans ce secteur important, en tant que conseiller, investisseur et partenaire.


Auteurs

Alzbeta Klein

IFC’s Director and Global Head of Climate Business

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