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« Le véritable penseur apprend autant de ses échecs que de ses succès », écrivait le philosophe John Dewey.
Mais comment faire de l’échec une source d’apprentissage ? Pour le président que je suis d’une institution qui œuvre au quotidien « pour un monde sans pauvreté », c’est une question qu’il faut affronter. Quand un enfant ou une mère meurt d’une maladie évitable, quand un pays ne parvient pas à nourrir sa population, nous sommes rappelés à une réalité souvent tragique : nous ne tirons pas suffisamment les leçons de nos échecs.
Bon nombre de dirigeants internationaux insistent depuis une dizaine d’années sur la mesure des résultats et sur l’importance des enseignements à tirer de nos succès comme de nos échecs. Pour la Banque mondiale, tout l’enjeu consiste désormais à concevoir des outils qui nous permettent de tirer plus vite les leçons de nos erreurs et de nos réussites. Je suis convaincu qu’en alliant les avancées révolutionnaires du traitement de l’information et de la communication avec une approche constructive de l’échec, nous serons bien davantage en mesure d’obtenir des résultats sur le front du développement, même dans les pays les plus pauvres.
Comment ? Je prendrais deux exemples. J’étais en Afrique du Sud il y a quelques mois. Les dirigeants du pays m’ont longuement entretenu de leur combat pour améliorer l’éducation des jeunes : ils sont parvenus à scolariser pratiquement tous les enfants en âge de fréquenter l’école primaire mais, à côté de cette véritable réussite, il y a beaucoup trop d’élèves en échec scolaire et le système ne prépare pas suffisamment les jeunes au marché du travail, m’ont-ils dit. J’ai été impressionné par leur franchise et j’ai quitté Johannesburg convaincu que l’Afrique du Sud parviendrait à améliorer son système éducatif. Pourquoi ? Parce que ses dirigeants sont déterminés à tirer les leçons de leurs erreurs et à trouver des solutions efficaces pour leur pays.
Je pense aussi à un voyage récent en Chine. Ce pays connaît un exode rural sans précédent et cette situation engendre des problèmes considérables, en particulier au niveau de la pollution et de la circulation urbaine. Pourtant, la Chine a beaucoup innové en matière d’urbanisation et ses idées mériteraient d’être plus largement partagées. Quant aux dirigeants avec lesquels je me suis entretenu, eux aussi étaient avides d’apprendre de l’expérience d’autres pays, notamment pour l’organisation des transports. Comme les Sud-Africains, les Chinois sont disposés à tirer les enseignements des échecs et des succès des autres. Fiers à bon droit de leurs résultats dans l’aménagement urbain, ils ne se voilent pour autant pas la face sur les progrès qu’ils doivent encore accomplir.
Pour aider la Chine, l’Afrique du Sud et tous ses autres États membres, le Groupe de la Banque mondiale va mettre en place des « carrefours des savoirs », qui commenceront par collecter des données et diffuser des études de cas rendant compte, à travers le monde, aussi bien d’expériences réussies que de ratages face à des enjeux majeurs de développement.
À l’époque où je présidais le Dartmouth College, le PDG d’une entreprise figurant au classement Fortune 500 m’avait distillé quelques conseils sur la manière d’appréhender des problèmes complexes et délicats, que je n’ai pas oubliés : « l’enjeu, ce n’est pas tant ce que vous savez, que la rapidité avec laquelle vous apprenez ».
Tirer les leçons des échecs est une entreprise difficile et ardue. Mais tous les dirigeants seraient bien inspirés d’admettre leurs erreurs et d’apprendre de leur expérience comme de celles des autres. Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à travailler avec des responsables du secteur public et du secteur privé pour tirer toutes les leçons de nos réussites et de nos échecs. Pour plagier l’un des principes de Google, si « nous échouons vite et apprenons vite », alors nous accroîtrons nos chances d’éradiquer l’extrême pauvreté dans toutes les régions de monde et d’y bâtir une prospérité partagée.
M. Jim Yong Kim est président du Groupe de la Banque mondiale.
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