Alors que les efforts se poursuivent pour renforcer la réponse de la communauté internationale à la crise des déplacements forcés, le Groupe de la Banque mondiale et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’emploient à mettre en place un centre de données commun. Avec cette nouvelle initiative, il s’agit d’améliorer le soutien apporté aux populations déplacées (réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, apatrides, rapatriés et demandeurs d’asile), ainsi qu’aux communautés locales. Les deux organisations ont récemment convenu d’établir la nouvelle structure à Copenhague, conformément aux recommandations d’un comité de sélection indépendant, et grâce à une contribution généreuse du Danemark (a).
Mais pourquoi créer un nouveau centre de ce type alors que les données disponibles sont déjà nombreuses et que d’autres organisations sont déjà actives dans ce domaine ? De quelles informations parle-t-on exactement et à qui sont-elles destinées ?
Cette nouvelle initiative répond à la nécessité d’améliorer la collecte, l’analyse et la diffusion de micro-données socio-économiques anonymes (pour protéger la vie privée et empêcher l’identification des individus) sur les ménages concernés par les déplacements forcés : quels sont leurs revenus, leurs dépenses de consommation, leurs compétences, leurs activités économiques ou encore leur état de santé ? Ces informations pourtant essentielles sont encore trop lacunaires aujourd’hui, les réfugiés et les déplacés internes, mais aussi les populations qui les accueillent, étant généralement exclus des enquêtes auprès des ménages en raison de conditions d’accès difficiles voire risquées. Quelle est la prévalence de la pauvreté chez les réfugiés, par exemple ? Cette question est encore largement sans réponse, et n’a fait l’objet jusqu’ici que de travaux de recherche limités.
C’est précisément pour combler ces lacunes que le centre a été créé, dans le cadre plus large du projet de « Pacte mondial sur les réfugiés », qui vise à agir plus efficacement face au phénomène des déplacements forcés. Concrètement, le fait de disposer de micro-données en plus grande quantité et de meilleure qualité nous permettra notamment d’entreprendre des évaluations de la pauvreté et des analyses sur les niveaux de qualification ou l’insertion sur le marché du travail des populations concernées, ou encore de conduire des études sur l’évolution de leur situation. Soit autant de travaux fondamentaux pour éclairer la prise de décisions, remédier aux vulnérabilités socio-économiques et faire un usage plus efficace de ressources limitées.
Le Groupe de la Banque mondiale et le HCR ont progressivement resserré leur collaboration et enrichi leur expérience dans le domaine des données, en menant notamment des travaux d’analyse conjoints dans la Corne de l’Afrique, au Moyen-Orient et dans le bassin du lac Tchad. Une étude sur la Jordanie et le Liban, par exemple, s’est attachée à mesurer pour la première fois le niveau de pauvreté et de bien-être des réfugiés, et permis ainsi de mieux cibler l’aide.
Les deux organisations collaborent actuellement à l’amélioration de l’analyse des données produites par le système mondial d’enregistrement du HCR et à la gestion des enquêtes de la Banque auprès des ménages. Elles préparent la création d’une bibliothèque numérique pour l’acquisition, la documentation, le catalogage, la diffusion et la préservation des ensembles de données pertinents.
Le nouveau centre, qui s’inscrit dans la continuité de ces efforts, a pour but de compléter les travaux existants et de favoriser activement les partenariats et la coopération autour des quatre objectifs suivants :
- assurer la collecte et l’analyse systématique des données démographiques et socioéconomiques ;
- faciliter le libre accès aux données sur les déplacements forcés ;
- promouvoir l’innovation pour améliorer les données sur les déplacements forcés ;
- renforcer la pérennisation d’un système de collecte de données mondiales, en s’appuyant sur les travaux spécialisés accomplis par la Commission de statistique de l’ONU et en renforçant les systèmes institutionnels nationaux si nécessaire.
Nous avons aujourd’hui une occasion unique de repenser et améliorer la manière dont nous gérons les situations de déplacement forcé. Cette nouvelle approche se fonde sur la prise de conscience de la nécessité de renforcer la complémentarité entre acteurs de l’humanitaire et du développement. Elle repose sur l’existence de données qui formeront le socle du programme d’action mondial, serviront de référence à la définition des politiques et interventions nationales et permettront, surtout, d’améliorer les conditions de vie des populations concernées. Une note de synthèse décrit plus en détails le nouveau centre commun de données HCR-Groupe de la Banque mondiale. Alors que nous nous engageons dans cette nouvelle initiative, nous espérons que d’autres partenaires s’y associeront.
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