Selon les estimations de l'UNICEF (a), 46 % des filles au Malawi sont mariées avant d'avoir 18 ans et 9 % avant 15 ans. Cette situation prive nos sœurs d’une éducation suffisante, elle les expose à des risques accrus de décès pendant l'accouchement et aggrave la pauvreté.
La mauvaise application des lois sur le mariage, la pauvreté, les croyances culturelles et l'absence de modèles sont autant de facteurs qui contribuent à perpétuer la pratique des unions précoces. Mais il y a des signes d’espoir.
Premièrement, l'âge minimum légal du mariage a été porté à 18 ans dans la Constitution. Reste à faire appliquer la loi, sans pour autant créer de nouvelles structures : tous les chefs de village devraient être habilités et disposer des moyens pour faire respecter cet âge minimum. Et ceux qui violent la loi doivent être poursuivis en justice.
Il y a des exemples qui vont dans ce sens. À Salima et Dedza, la cheffe de district Theresa Kachindamoto a sauvé des centaines de filles d’une union précoce et veillé à ce qu'elles retournent à l'école.
Deuxièmement, les populations doivent être sensibilisées au fléau que constitue le mariage des enfants. Les expériences de personnes mariées quand elles étaient enfant devraient être largement diffusées pour que leurs communautés respectives comprennent les dégâts que provoque cette pratique. De telles ressources humaines cachées abondent dans nos villes et nos villages. Plutôt que les blâmer pour leurs choix ou leur situation, nous devrions les mettre en avant pour prévenir d'autres malheurs.
Troisièmement, nous pouvons nous appuyer sur la tradition pour mettre fin aux mariages précoces. Pour marquer leur passage à l'âge adulte, les enfants du Malawi sont soumis à une cérémonie d'initiation, appelée chinamwali. En plus d'apprendre aux enfants les normes et principes culturels, ces rassemblements pourraient être l'occasion d'organiser des discussions sur le respect, la façon de se comporter en bons citoyens, la santé sexuelle et reproductive et la lutte contre le mariage précoce.
De tels enseignements remplaceraient le système actuel, où les instructions portent essentiellement sur le sexe et encouragent la purification sexuelle, ou kusasa fumbi, autrement dit le fait d'avoir des rapports sexuels comme rite de passage vers l'âge adulte. Cette tradition corrompt l'esprit des filles et celles-ci finissent par se marier jeunes. Au lieu de cela, les parents pourraient réfléchir à des moyens appropriés de donner des conseils pendant le chinamwali, sans pour autant aller à l'encontre de la tradition dans son ensemble.
Quatrièmement, dans les écoles et les communautés, des personnes pouvant servir de modèle devraient rencontrer les filles et les garçons afin de les motiver et les guider. Ces personnalités devraient être judicieusement choisies en raison de l'importance évidente de leur exemple pour les communautés ciblées. Il faut pour cela que leurs histoires entrent en résonance avec les difficultés de la vie ou l'origine des enfants et qu'elles aient une influence significative sur eux pour qu'ils choisissent l'éducation avant tout. En outre, les écoles devraient faire un sérieux effort pour veiller à ce que les élèves puissent découvrir la carrière de leurs rêves, en organisant des voyages éducatifs sur différents lieux de travail et dans des établissements d'enseignement supérieur. Ainsi, ils pourraient entrevoir un avenir possible grâce à l'éducation. De cette manière, ils seront encouragés à aller à l'école et à s'efforcer d'y rester, aux côtés de leurs camarades.
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