Au menu, un Sénégal sans mariages d'enfants

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Oumou kalsoum Diallo, lauréate du concours Blog4Dev au Sénégal Oumou kalsoum Diallo, lauréate du concours Blog4Dev au Sénégal

Chaque année, le mariage précoce continue encore et encore de ravager l'avenir de nos enfants. Non seulement sa prévalence est plus élevée en milieu rural, mais il concerne aussi les familles les plus démunies. Parler du mariage précoce au Sénégal revient inévitablement à parler de l'avenir des jeunes filles car elles en sont les principales victimes. En route pour préparer « un Sénégal sans mariage d’enfant » sachant que pour réaliser ce plat très riche en ingrédient il va falloir la participation de tout un chacun. 

Sénégalais, êtes-vous prêts ? 

Le premier ingrédient dont on aura besoin est le changement des mentalités, un ingrédient primordial. Vous vous demandez certainement de quelles mentalités s’agit-il ? Celle qui martèle que le mariage précoce est source de culture ou de tradition depuis des décennies, celle de croire que le mariage précoce protège l’enfant contre les tentations sexuelles avant le mariage, celle de penser que le mariage précoce est un moyen de survivre à la 

pauvreté. Puisque nous parlons de changement, alors changeons ! Il s’agira de localiser les zones les plus touchées par ce phénomène au Sénégal, grâce à des statistiques et enquêtes à l’échelle nationale, d’identifier les populations et d’échanger avec elles sur les dangers de ces mariages.  

La stratégie elle est simple, convoquer annuellement tous les organismes nationaux luttant contre ce problème, grâce à un Forum national contre le mariage précoce. À l'aide de ce forum, les acteurs échangeront, proposeront et agiront selon chaque zone touchée. Enfin, à la fin de chaque session, des rapports seront publiés, compilés  en bilan national et hop ! On passe à l’action. Des résultats positifs sont attendus. Ensemble nous serons plus forts, comme on le dit souvent. 

Le deuxième ingrédient est à base de sauce nommée « éducation » .Je parle bien d’école. Il est indispensable de prévenir le mariage précoce dès l’école, la seconde famille de l’enfant. Car éveiller la conscience de l’enfant dès le début de son cursus scolaire l’aidera à connaître et comprendre les périlleuses conséquences de ce phénomène de société. D’où l’obligation d’améliorer les structures scolaires des zones rurales qui sont les plus touchées et notamment sensibiliser les parents à l’aide du premier ingrédient.  

Nous avons dit plus haut que les filles sont les plus exposées. Oui, en effet car elles abandonnent l’école très tôt, par exemple à cause de contraction de grossesse, de dépression ou de violence conjugale : tous les fruits du mariage précoce. Il faut donc encourager l’éducation des jeunes filles. Comme disait Theresa Kachindomoto, militante pour l'éducation des enfants et pour la lutte contre les mariages précoces au Malawi : « Éduquer une fille, c’est éduquer toute sa communauté, c’est éduquer le monde ».  

Encourageons davantage les filles surtout celle des milieux ruraux et octroyons des bourses de soutien scolaire. 

Enfin la touche finale de notre recette, une superbe épice : « la loi anti-mariage de mineur ». Il est grand temps de revoir cette loi. D'après la Convention internationale des droits de l'enfant, l’âge légal du mariage est de 18 ans pour les filles et les garçons mais le code sénégalais de la famille fait barrière et porte l'âge légal à 16 ans. Nous devons signer une pétition pour faire réagir l’Assemblée nationale. 

La mise à jour de la loi permettra d'anéantir la pratique du mariage précoce puisque des sanctions seront appliquées et dissuaderont la société de maintenir cette tradition. D’après le Code sénégalais de la famille, « toute naissance doit être déclarée à l’officier de l’état civil dans un délai d’un mois », optons alors pour la réduction de ce délai ramenons-la à une semaine. Avoir un certificat de naissance est un droit. 

Sénégalais, Sénégalaise, êtes-vous toujours prêts ? Ensemble cuisinons « un Sénégal sans mariage d’enfant » 


Auteurs

Oumou kalsoum Diallo

Lauréate du concours Blog4Dev au Sénégal

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