Au Burundi, bien qu’il n’existe pas de chiffres au niveau national reflétant l’ampleur des mariages précoces, de nombreux cas sont rapportés un peu partout dans le pays. Mais est-il une fatalité pour autant ?
Quelques éléments de réponses. L’âge légal du mariage au Burundi est de 18 ans pour une fille et de 21 ans pour un garçon mais cette législation n’est pas toujours respectée. Il en résulte des mariages précoces avec des conséquences sanitaires et socioéconomiques importantes. Il s’agit notamment de la mortalité maternelle élevée, la violence conjugale, la dépendance économique de la femme vis-à-vis de son mari mais aussi la pression de la belle famille. Ces éléments renforcent les inégalités basées sur le genre et bloquent l’avancé vers un développement durable sans laisser personne sur le chemin. Dévat illustre tout cela. Elle a été mariée de force à 15 ans à un homme de 25 ans et a subi de nombreuses violences commises par sa belle-famille.
Et puis l’une des causes les plus fréquentes des mariages précoces sont les grossesses non désirées. Parce que les filles qui tombent enceintes se retrouvent presque toujours dans l’obligation d’épouser le garçon responsable de cet accident. Depuis quelques années, les chiffres sur les grossesses non désirées deviennent de plus en plus alarmants. Entre 2009 et 2016, elles étaient estimées à 14 104. Les conséquences sont énormes. 115 193 cas d’abandons scolaires ont été enregistrés sur tout le territoire burundais de septembre 2015 à avril 2016. Et cela malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation surtout en milieu scolaire.
Le manque d’information des parents semble être l’obstacle majeur à l’éradication des mariages précoces et des grossesses non désirées au sein de nos communautés. Voulant sauver l’image de la famille, les parents préfèrent donner leurs filles en mariage avant l’âge légal que de la voir devenir fille-mère. À cela s’ajoute l’éducation donnée à la fille burundaise qui consiste à lui faire penser que sa plus grande réussite dans la vie est de trouver un mari. Pour ces raisons, la création des familles « étoiles » au sein des communautés se présente comme une solution susceptible de réduire considérablement les mariages précoces. Il s’agit de la mise en place d’un système d’identification de familles modèles pour la prévention et la gestion des cas de mariages précoces. Ces familles seraient invitées à faire le tour du pays pour sensibiliser les communautés sur les méfaits des mariages précoces sur la vie de famille.
Déployée à grande échelle, cette approche communautaire, devrait avoir un impact favorable l’éradication des mariages et des grossesses précoces. À terme, ces actions permettraient de faire évoluer les mentalités en matière d’éducation des enfants, d’équité et de respect mutuel entre les genres.
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