Comment le Lesotho a su mettre fin au mariage des enfants

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Mantsebeng Suzan Maepe, lauréate du concours Blog4Dev Lesotho Mantsebeng Suzan Maepe, lauréate du concours Blog4Dev Lesotho

Dans ce billet lauréat du concours Blog4Dev, l'auteur nous transporte dans un Lesotho du futur où le mariage des enfants n'existe plus. 

« Maman, pourquoi il y a une fille de 13 ans qui se marie avec un vieil homme ? », demande Sello, sourcils froncés, en regardant une photo. Nous sommes en 2030. Sello et sa mère découvrent les collections du musée national. Il a dix ans et semble perplexe. Masello, sa mère, tente de lui expliquer que les mariages précoces étaient fréquents autrefois. Son fils est totalement abasourdi par cette histoire. « Mais c'est un crime contre l'humanité ! Maman, raconte-moi comment les choses ont changé. On croirait entendre une légende... » 

Comment le Lesotho a-t-il réussi à mettre fin au mariage d’enfants ? Grâce à la volonté de tous les habitants du pays. Le Lesotho croyait au proverbe qui dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant. Selon ce principe, le pays a réussi à éradiquer ce qui était sans doute le plus grand défi qu'il avait à relever. Les communautés se sont mobilisées et les citoyens ont commencé à réfléchir aux causes profondes du mariage des enfants : la culture, le développement socio-économique, le statut inférieur des femmes et l'éducation. 

Forts de ces informations, les dirigeants ont élaboré un plan stratégique national pour mettre fin aux mariages précoces, assorti d'un calendrier précis, d'objectifs et d'indicateurs clairs. Le président a commencé par prioriser cette cause dans le budget national, ce qui a apporté au gouvernement suffisamment de ressources pour combattre les mariages d’enfants. Le droit coutumier, qui ne stipulait aucun âge minimal auquel un enfant peut être marié et approuvait donc indirectement ces unions, a été modifié et des sanctions ont été prévues. Des campagnes de sensibilisation ont été organisées dans tout le pays, en particulier dans les régions où les enfants étaient souvent mariés très tôt. 

Les normes culturelles étant l'une des principales causes des mariages précoces, des chefs communautaires respectés ont été choisis pour conduire la mobilisation. L'État a veillé à ce qu'ils obtiennent l'adhésion des communautés, les a sensibilisés et informés sur l'importance de l'éducation des filles et sur la nécessité de faire en sorte que toutes les femmes contribuent au développement de l'économie locale. Cette adhésion a permis de systématiser le signalement immédiat, dans les villages, des unions impliquant des enfants. 

Les hommes, principaux responsables des mariages précoces, ont été particulièrement visés par les campagnes de sensibilisation. En effet, selon la loi de l'économie, s'il n'y a pas de demande, il ne peut pas y avoir d'offre. En outre, afin de s'attaquer aux facteurs socio-économiques tels que la pauvreté et la faim qui poussent souvent les parents et les personnes qui élèvent des enfants à les marier pour survivre, le gouvernement a adopté une stratégie de diversification des moyens de subsistance pour sortir les communautés de la pauvreté. 

Le pays a aussi mis en place un système d'enseignement gratuit dans les lycées, car la plupart des filles étaient contraintes d'arrêter leurs études par manque d'argent. Le système éducatif a également été modifié pour ne pas laisser de côté les adolescentes qui tombent enceintes alors qu'elles sont encore scolarisées. Ces filles ont pu bénéficier de sessions de cours pendant l'été où, en plus des programmes scolaires nationaux, elles sont formées pour acquérir des compétences entrepreneuriales. 

« Et c'est comme cela que nous avons réussi à réaliser l'impossible », conclut Masello. 


Auteurs

Mantsebeng Suzan Maepe

Lauréate du concours Blog4Dev Lesotho

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