Deux méthodes pour mettre fin au mariage des enfants en Sierra Leone

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Samantha Marie-Louise Oakes-Howson, Blog4Dev Sierra Leone winner Samantha Marie-Louise Oakes-Howson, Blog4Dev Sierra Leone winner

Pour mettre fin au mariage des enfants en Sierra Leone, je propose deux méthodes dont l’efficacité repose sur leur complémentarité.

On peut qualifier la première de méthode « douce ». Elle passe par la promotion et par la médiatisation massives d’un aspect essentiel : la planification familiale. En effet, dans un pays où n’existent pas d’actions en la matière, les familles ont trop d’enfants, dont elles sont incapables d’assurer la subsistance. Cette surpopulation, qui nuit à l’économie et réduit la couverture sociale, a pour effet de contraindre les parents à vendre leurs filles. C’est pourquoi il faut renforcer les programmes de planning familial.

Pour mettre un terme aux unions précoces, il faut aussi réduire la pauvreté. Si ce phénomène est aussi fréquent, c’est entre autres raisons parce que les parents y trouvent une ressource pécuniaire vitale. Un soutien aux pays pauvres sous la forme de programmes d’aide financière permettrait de répondre aux besoins élémentaires des ménages.

On peut y parvenir en offrant des possibilités de microfinancement et en facilitant les investissements dans des exploitations agricoles, des usines et d’autres activités à grande échelle. Les parents bénéficieraient ainsi d’indispensables rentrées d’argent, sans avoir à recourir à des solutions aussi dévastatrices que le mariage de leurs enfants. La dernière étape de ce plan consiste à permettre aux filles d’accéder à l’éducation et à l’autonomie, de façon qu’aucune ne soit laissée pour compte. Je préconise la création d’organismes dispensant gratuitement des formations courtes aux filles à partir de 13 ans dans des métiers tels que la couture, la restauration ou la coiffure. Ces organismes devraient aussi offrir des emplois à leurs diplômées, qui contribueraient dès lors au budget de leur famille et pourraient poursuivre leurs études, si elles le souhaitent. Ainsi, les filles seraient considérées comme une importante ressource financière pour le foyer et on n’aurait plus à les marier pour de l’argent.

Voici maintenant la méthode dure. Elle s’attaque à la norme sociale, voire religieuse que constituent les unions précoces. Dans le but de changer radicalement les mentalités, elle consiste à établir clairement que le mariage des enfants est un crime et à multiplier les moyens de répression.

Avant tout, je propose l’application de peines lourdes, par exemple cinq ans, non seulement pour le mari potentiel mais aussi pour les parents de la jeune fille. Car à quoi bon prévoir des sanctions si elles ne sont pas réellement dissuasives ?

Cette mesure permettrait de réduire le nombre de mariages d’enfants, mais elle ne suffit pas : l’interdiction peut être contournée dans les faits avec des unions non déclarées. Pour y remédier, je suggère le lancement d’une campagne d’appels à témoignages : les personnes ayant connaissance d’un mariage d’enfant seraient incitées à le signaler en toute confidentialité. Dans le cas où l’enquête confirmerait les faits, les témoins percevraient une modeste indemnité. Si elles étaient adoptées, les propositions ébauchées ici permettraient de mettre fin aux mariages précoces en Sierra Leone.

 


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