Développer l'éducation et la formation des filles pour mettre fin au mariage des enfants au Libéria

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Arthur Weedor,  lauréat du concours Blog4Dev Libéria Arthur Weedor, lauréat du concours Blog4Dev Libéria

Au Libéria, il faudra encore du temps pour mettre fin aux mariages précoces. Après quatorze ans de guerre civile, de nombreuses familles ont tout perdu. L'économie du pays est détruite. Les gens ont du mal à nourrir leurs enfants. 

La plupart des filles d'âge scolaire font du petit commerce pour aider leur famille. Il ressort d'une étude réalisée par mon équipe de BIRD-Liberia que ces activités concernent la plupart des filles pauvres et vivant dans les bidonvilles. Lorsqu'elles vendent dans les rues de la capitale, Monrovia, elles sont vulnérables et facilement exposées à la prostitution. Faute de soutien, certaines abandonnent leurs études et s'unissent à des hommes adultes.  

Le mariage des enfants, phénomène très préoccupant, se pratique surtout dans les communautés tribales. Il devient aujourd'hui plus aigu dans le pays. Les maternités du Redemption Hospital et du John F. Kennedy Hospital, les deux grands établissements publics, enregistrent un nombre croissant d'adolescentes mariées, en particulier parmi les jeunes filles non scolarisées. 

Les autorités locales n'ont entrepris aucune action adéquate pour répondre aux besoins des jeunes en général, sans parler des filles. Selon les données du ministère de l'Éducation, il n'y a qu'un établissement scolaire public dans la commune de Gardnersville, une banlieue de Monrovia. Il ne peut accueillir tous les enfants d'âge scolaire et, pour ceux qui habitent loin, il n'existe pas de service de transport. De plus, les élèves ne bénéficient ni d'une cantine, ni de manuels gratuits. Dans ces conditions, la plupart des filles de milieux défavorisés et habitant à distance de l'école sont dans l'impossibilité de suivre l'enseignement. 

C'est pourquoi il faudra, selon moi, au moins douze ans au Libéria pour réduire le nombre de mariages précoces. Au cours de cette période, nous aurons besoin d'une aide internationale pour autonomiser les filles. En effet, l'État ne déploie pas les efforts nécessaires pour résoudre les problèmes concernant leur éducation. Il faudrait qu'il mette en place les conditions permettant qu'elles acquièrent des compétences, en apprenant notamment à se créer un réseau, et qu'elles poursuivent leurs études. Il devrait en outre éduquer les parents et leur communauté. En plus d'assurer une éducation de qualité, les pouvoirs publics doivent promouvoir l'adoption de réglementations et de politiques favorables aux filles, comme le préconise un rapport de l'International Center for Research on Women (ICRW) (a) 

Pour mettre fin au mariage des enfants au Libéria, il faut aussi instaurer les conditions adéquates pour que les parents assurent la subsistance de leurs enfants et que leurs filles ne soient pas contraintes de vendre dans la rue ou de s'unir à un homme pour soutenir leur famille. Il faut ABSOLUMENT mettre en place des formations gratuites destinées aux filles, leur donner accès à l'emploi grâce à la scolarisation, et assurer une aide aux familles démunies qui ont des filles à élever. Une solution serait, par exemple, d'ouvrir un « centre d'apprentissage familial » dans chaque quartier ou agglomération, pour apporter instruction et formation aux filles. 

Nous pouvons accomplir ces avancées, pour le bien du Libéria et pour un avenir meilleur. Lorsque les familles seront en mesure de satisfaire à leurs besoins et d'accroître leurs investissements au profit des filles, le Libéria commencera à réduire le nombre de mariages précoces. Ce sera un premier pas vers leur éradication. 


Auteurs

Arthur Weedor

Lauréat du concours Blog4Dev Libéria

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