Éduquer parents et enfants, la meilleure arme pour mettre fin aux mariages précoces en Tanzanie

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Davis Mazula, Blog4Dev Tanzania winner Davis Mazula, Blog4Dev Tanzania winner

Selon la Banque mondiale, près d’une fille sur trois en Tanzanie est mariée pendant l’enfance et près d’une sur quatre a son premier enfant avant l’âge de 18 ans (a). Ces chiffres montrent que les unions précoces sont dans ce pays une véritable épidémie, qui exige des solutions d’urgence. Ce même rapport indique — c’est le bon côté des choses — qu’en y mettant fin, la Tanzanie gagnerait 5 milliards de dollars par an. 

Les mariages d’enfants s’expliquent en Tanzanie par le poids des coutumes, de la pauvreté et du manque d’instruction. En d’autres termes, les filles les moins éduquées, les plus pauvres et vivant dans les zones rurales sont le plus souvent mariées très jeunes. Les solutions sont donc à chercher autour de ces facteurs.

En éduquant les victimes, les auteurs des faits et tous les autres membres de la société, on parviendra à changer les mentalités et à mettre en lumière les effets néfastes des unions précoces sur les filles comme sur l’ensemble de la nation. Plus on apportera à celles-ci et à leur communauté une éducation accessible et socialement constructive, moins elles risqueront d’être mariées à un âge prématuré. En effet, donner accès à une éducation secondaire gratuite, qui dispense une éducation sexuelle et procure aux filles les compétences nécessaires pour gagner leur vie, c’est leur permettre de connaître et d’exercer leurs droits, avec à la clé, à terme, la fin des mariages d’enfants.

Qui plus est, on devrait combattre ce fléau en éduquant les parents et autres adultes par des actions de formation et par des réunions au sein des conseils de village. Des parents instruits sont moins enclins que les autres à marier leurs filles avant l’âge.

Même si la Tanzanie a déjà franchi une étape en fixant un âge minimum au mariage — grâce au combat de Rebeca Gyumi, militante pour l’égalité des sexes — il faut encore se battre pour l’application de cette loi et pour que l’on adopte des mesures de protection des filles. La défense du respect de la loi peut s’exprimer via les réseaux sociaux ou via des campagnes telles que la Msichana Initiative, qui soutient l’éducation des filles et lutte contre les obstacles qu’elles rencontrent.

Chacun d’entre nous, fille ou garçon, doit militer contre les mariages précoces. Les jeunes en particulier peuvent participer sur les réseaux sociaux à des campagnes de sensibilisation en faveur de l’autonomie des filles. Ils peuvent aussi mobiliser les familles et les communautés par des interventions au niveau local, afin de combattre les normes sociales nuisibles.

Il est tout aussi important que l’État tanzanien, les organisations non gouvernementales et les personnes compétentes en matière d’éducation, de transport scolaire, de santé et d’hygiène, assurent ces services et toutes autres nécessités élémentaires pour les filles. Sans quoi, celles-ci n’y ont accès que par le mariage.

Mettre fin à ce fléau social qu’est le mariage des enfants passera par des efforts concertés et multisectoriels de la part des parties prenantes comme de chaque citoyen. Leur action contribuera également à réduire les risques associés aux unions précoces sur le plan de la violence conjugale et de la santé maternelle et infantile. Notre société a par conséquent le devoir vital de mettre fin au mariage des enfants et d’étendre les droits humains aux filles.

 


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