À l’époque de mes débuts dans le militantisme, il m’arrivait souvent de chercher comment m’habiller pour certains évènements sans dépenser trop d’argent. L’une de mes amies avait créé une petite entreprise de mode qui proposait des modèles originaux et accessibles à des jeunes comme moi. Elle avait embauché un couturier pour donner vie à ses idées, mais elle peinait à régler son loyer et ne disposait que d’un capital limité. En dépit de ces difficultés, elle a su réorienter son activité vers la fabrication de sacs faits main en agrémentant chaque pièce de sa peinture au style unique.
Son parcours m’a rappelé une réalité plus large : aujourd’hui, une personne sur dix vit dans l’extrême pauvreté, avec moins de 3 dollars par jour. Un jeune qui dispose d’une certaine stabilité financière peut subvenir à ses propres besoins, payer ses études et venir en aide à sa famille, ce qui contribue à lutter contre la pauvreté. La réduction de la pauvreté a toutefois considérablement ralenti à travers le monde au cours de la dernière décennie, du fait de crises mutuellement entretenues : la faiblesse de la croissance économique, les niveaux élevés d’endettement, la pandémie de COVID-19, les situations de conflit et de fragilité, et les chocs climatiques sévères.
Pour mettre fin à la pauvreté, il faut commencer par donner aux individus — et en particulier aux jeunes — les moyens de créer des opportunités et de façonner leur propre avenir. Les jeunes ne recherchent pas seulement un emploi : ils aspirent à se construire des moyens de subsistance qui leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille, de renforcer leur communauté et de favoriser une croissance inclusive.
L’Association internationale de développement (IDA), le fonds de la Banque mondiale dédié aux pays à faible revenu, aide les jeunes à transformer les opportunités en résultats concrets, en Afrique et au-delà.
Je fais partie du Cercle des jeunes champions de l’IDA, un réseau de jeunes leaders qui amplifie la voix des jeunes, met en lumière la façon dont l’accès à l’innovation, à la formation et à des emplois décents peut transformer les communautés, et exprime un engagement en faveur de l’éradication de la pauvreté. J’ai vu de mes propres yeux combien l’accès à des opportunités porteuses peut changer des vies. C’est à cela que s’attache l’IDA, via son soutien à des projets qui stimulent la croissance du secteur agroalimentaire, des technologies numériques et de l’entrepreneuriat. L’IDA joue un rôle essentiel dans la création de conditions propices à l’emploi en investissant dans les infrastructures, la santé et l’éducation. Elle promeut également des politiques qui attirent les investissements privés et renforcent la gouvernance.
En Éthiopie, par exemple, le soutien offert par le Groupe de la Banque mondiale via la Société financière internationale (SFI) et le Guichet du secteur privé de l’IDA a permis au distributeur de volaille EthioChicken de former et d’autonomiser des milliers d’agents avicoles à travers l’Éthiopie. Au Malawi, 10 nouveaux pôles technologiques construits avec le soutien de l’IDA ont formé plus de 19 000 jeunes en leur donnant des compétences fondamentales en matière de numérique, d’informatique et d’entrepreneuriat. Et dans mon pays natal, le Kenya, un projet pour l’emploi des jeunes aide les participants à trouver des opportunités de stages et d’emploi et à obtenir les ressources nécessaires pour créer leur propre entreprise.
Pour moi, un avenir sans pauvreté est un avenir où les opportunités d’emploi et les technologies innovantes convergent pour permettre à chacun de réaliser son plein potentiel. J’imagine un secteur agricole florissant où les petits exploitants agricoles sont rémunérés de façon équitable, où les familles deviennent plus résilientes et où les enfants peuvent continuer leur scolarité. J’exhorte les dirigeants du monde entier à investir dans la distribution de capital et l’enseignement de compétences techniques capables d’aider les jeunes à gérer leur entreprise de façon durable.
L’emploi reste le meilleur moyen de sortir de la pauvreté. Un défi majeur en matière d’emploi se profile pourtant dans les régions les moins bien équipées pour y faire face. Au cours de la prochaine décennie, 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler, tandis que seulement 420 millions d’emplois devraient être créés. Cet écart invite à innover, en particulier dans les secteurs dont le potentiel est encore inexploité, comme l’agroalimentaire.
Dans de nombreux pays soutenus par l’IDA, j’ai vu des jeunes transformer l’activité agricole en un domaine d’opportunités. Ils construisent des serres, produisent des récoltes dont ils font sécher les excédents, et établissent des filières de commercialisation durables en misant sur la transformation des produits et la création de valeur ajoutée. Ils fondent en outre des coopératives de vente, ce qui leur permet de se présenter comme un collectif plutôt que comme des individus isolés, et ainsi de renforcer leur position de marché pour négocier de meilleurs tarifs. Lorsque cet écosystème se pérennise, il améliore la sécurité alimentaire, stabilise les revenus, et jette les bases d’une résilience économique de long terme.
Des étudiants de l’Université de Cape Coast, au Ghana, travaillent dans un laboratoire du Centre africain d’excellence pour la résilience côtière (ACECoR) qui bénéficie du soutien de l’IDA.
Photo : Banque mondiale
Je suis passionnée par l’exploration des possibilités que nous offrent les nouvelles technologies en matière de transformation économique et d’accélération de la création d’emplois. Un domaine me semble prometteur : le déploiement de l’intelligence artificielle au service de l’administration fiscale. De nombreux entrepreneurs ont du mal à s’acquitter de leurs obligations fiscales de base, qu’il s’agisse de déclarer leurs revenus ou de comprendre les exigences auxquelles ils sont soumis. L’IDA pourrait aider les pays à développer des systèmes fondés sur l’IA qui simplifient le respect de ces obligations, par exemple des chatbots capables de guider les utilisateurs tout au long du processus, de signaler les documents manquants et de réduire les délais de traitement. En améliorant l’efficacité et la transparence, l’IA pourrait aider les gouvernements à augmenter leurs recettes de manière équitable tout en permettant aux petites entreprises de se développer.
La croissance économique ne peut à elle seule briser le cycle de la pauvreté. Il nous faut investir de manière significative dans les individus, les infrastructures et les institutions pour poser les fondations d’un système capable d’offrir des opportunités de façon durable. Grâce à ses ressources et ses moyens de financements, et notamment ceux de l’IDA, le Groupe de la Banque mondiale aide les pays à établir ces fondations en favorisant une croissance inclusive qui permet aux citoyens de sortir de la pauvreté tout en protégeant les plus vulnérables.
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