À l’occasion de la Journée internationale des femmes, j'ai rencontré Zandile Mkwanazi, directrice générale de GirlCode, basée en Afrique du Sud. J'étais curieuse d’en savoir plus sur son parcours dans le secteur des technologies et sur ce qui la pousse à agir au nom des femmes et de la technologie numérique. Voici un résumé de notre conversation !
Question. Eisa : Je suis curieuse d’en savoir plus sur votre parcours dans le secteur de la technologie numérique ainsi que vos motivations.
Répondre. Zandile : À l’université, j'ai étudié les mathématiques appliquées et computationnelles. Durant ma maîtrise, j'ai eu l'occasion de participer à un programme de stage où nous avons travaillé sur la création de logiciels pour différentes entreprises. Après l’obtention de mon diplôme, j'ai cherché un poste d'analyste quantitatif dans une banque, mais j'ai réalisé que je voulais plutôt m’orienter vers la technologie. J'étais fascinée par l'utilisation de la technologie pour avoir un impact positif et créer des solutions pertinentes. J'ai donc recherché un emploi dans une entreprise du secteur technologique et j'ai commencé à travailler en 2014.
Q. Comment Girl Code a commencé ?
R. Dans l'entreprise où je travaillais, il n'y avait pas beaucoup de femmes. Au fur et à mesure que j'assistais à des conférences sur la technologie et des hackathons, je regardais autour de moi et je ne voyais pas de personnes qui me ressemblaient. J'ai pensé « Quelque chose ne va pas. Où sont les femmes ?». Alors, j'ai organisé un hackathon pour les femmes où nous avons invité des femmes diplômées de l'université. J'ai pensé que ce serait une zone neutre pour qu'elles puissent venir montrer leur talent à des employeurs potentiels à la recherche de développeurs de logiciels. Ce qui a commencé comme un hackathon exclusivement féminin s'est transformé en une entreprise sociale visant à donner du pouvoir aux jeunes filles et aux femmes par le biais de la technologie. Plus les femmes s'impliquent dans la technologie, la conception, le développement et le leadership, plus les entreprises et leurs produits auront du succès et seront diversifiés à l'avenir.
Q. Que fais GirlCode ?
R. Aujourd'hui, GirlCode a deux programmes principaux ; le premier est notre Bootcamp en ligne de trois mois qui offre des cours de codage à temps plein pour les jeunes femmes adultes sans emploi âgées de 18 à 35 ans. Dans le cadre de ce programme, nos stagiaires peuvent choisir entre quatre cursus : python, AWS cloud Practitioner, python pour l'analyse de données ou développement web. D'autre part, nous avons un programme de 10 mois qui permet aux jeunes de la quatrième (9-10 ans) à la dixième (15-16 ans) année d'explorer la technologie et de développer leurs compétences par le biais de projets pratiques. Elles apprennent à créer leurs propres histoires interactives, jeux et animations et à utiliser le code à partir de zéro en Html, CSS et JavaScript. En outre, nous organisons un hackathon annuel ouvert à tous pour célébrer la journée de la femme sous un thème différent chaque année. Enfin, nous accueillons fréquemment des journées de l'emploi dans les écoles pour présenter GirlCode et sensibiliser les filles et les femmes aux métiers de la technologie.
Q. Combien de filles et de femmes avez-vous formées jusqu'à présent ?
R. Tout d'abord, laissez-moi vous parler de notre vision et de notre mission, qui est de former 10 millions de femmes d'ici 2030. Actuellement, nous avons touché plus de 70 000 jeunes filles et femmes au cours des huit dernières années. La COVID-19 nous a un peu ralenti, mais nous continuons à élargir notre champ d'action.
Q. Combien de femmes ont trouvé un emploi dans le secteur des technologies grâce à votre formation ?
R. L'année dernière, environ 500 femmes sans emploi ont participé à notre camp d'entraînement, et nous avons aidé 170 d'entre elles à trouver un emploi permanent de développeur de logiciels. Nous travaillons au renforcement de nos processus de suivi et d'évaluation afin d'être en mesure de garder une trace de toutes nos anciennes élèves.
Q. Pouvez-vous nous donner un exemple de réussite de GirlCode ?
R. Hier, j'ai rencontré l'une des femmes que nous avons formées et qui a commencé son premier emploi en tant que développeur de logiciels junior dans l'une de nos entreprises partenaires. Elle m'a contactée en 2013 et a participé à de nombreux hackathons et journées d'orientation professionnelle, et l'année dernière, elle a officiellement rejoint notre bootcamp en ligne. Aujourd'hui, elle a déménagé de Pretoria au Cap et travaille dans une entreprise de technologie en utilisant les compétences et les talents que nous l'avons aidée à acquérir. C'était la première fois qu'elle voyageait dans une autre province.
De même, en 2019, nous avons établi un partenariat avec une entreprise au Royaume-Uni, et huit femmes qui se sont formées avec nous ont été embauchées et ont emménagé au Royaume-Uni. L'une d'entre elles a même pu faire venir sa mère et son fils pour qu'ils viennent vivre avec elle, ce qui montre l'impact générationnel que la technologie peut avoir : elle peut améliorer la vie des femmes et celle de leur famille.
Q. Le prochain rapport 2023 de la Banque mondiale sur le numérique en Afrique souligne qu'un simple forfait de données coûte environ un tiers du revenu des Africains les plus pauvres. Quels sont les principaux obstacles auxquels vos bénéficiaires sont confrontés en matière d'accès à la technologie ?
R. Je pense qu'il y a deux obstacles principaux, le premier étant le coût des données. Beaucoup de nos bénéficiaires n'ont pas les moyens d'être en ligne. Le second est l'accès à un appareil tel qu'un ordinateur portable. Globalement, l'Afrique est confrontée à un problème de manque d'infrastructures. Dans l'ensemble, l'accès à l'apprentissage en ligne est encore impossible pour de nombreux jeunes, et c'est un problème qui, espérons-le, pourra être résolu dans les années à venir afin que davantage de personnes, en particulier les femmes, puissent accéder aux possibilités offertes par l'internet.
Q. Dites-nous ce qui est nécessaire pour accroître la capacité des technologies numériques à transformer la vie des femmes.
R. Nous avons besoin de l'engagement de plusieurs parties prenantes. Il faut que les gouvernements, les entreprises et les fondations s'impliquent. L'accès aux plateformes éducatives doit se développer et être accessible à tous. Les fournisseurs de services peuvent contribuer à faciliter cet accès en augmentant la disponibilité et l'utilisation de plateformes éducatives à tarif zéro. Enfin, la multiplication des centres communautaires aurait un impact positif sur l'accès aux technologies numériques. Tout cela pourrait permettre aux femmes d’obtenir de meilleurs emplois, mieux rémunérés, d’améliorer la vie de leur famille et de leur communauté, et à contribuer à la croissance économique de leur pays.
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