La jeunesse sénégalaise met sa créativité au service de la lutte contre le coronavirus

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L'Afrique subsaharienne a commencé à signaler ses premiers cas de nouveau coronavirus (COVID-19) fin février 2020. Le 2 mars, le Sénégal avait confirmé l'arrivée du virus sur son territoire. Depuis lors, le virus s'est rapidement propagé en Afrique de l'Ouest. 

Au Sénégal, la prise de conscience des dangers du coronavirus a grandi après l’annonce des premiers décès, notamment celui de l'ancien journaliste sportif Pape Diouf. Le décès de M. Diouf, légendaire agent de footballeurs et ancien président d'un club français, a eu un important retentissement dans la population et a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. La diffusion d'informations inquiétantes sur la progression de la maladie dans les pays européens a elle aussi accru la sensibilisation du public. Toute une série d'initiatives, tant locales que nationales, pour faire face à la pandémie ont ainsi vu le jour. 

Au niveau communautaire, la jeunesse sénégalaise a fait preuve d'ingéniosité et d'initiative. Des jeunes de Guédiawaye, en banlieue de Dakar, ont inventé et popularisé des solutions, comme le « Kayy Rakhassou », une station mobile de lavage des mains fonctionnant à l'énergie solaire. Ibrahima Ndiaye, l’un des deux jeunes ingénieurs à l'origine de l'invention, l'a conçue non seulement pour se laver les mains, mais aussi pour distribuer des masques de protection pour le visage. Des démonstrations de l'invention sur le terrain ont conduit à une généralisation de son utilisation dans divers quartiers de Dakar.  

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A mobile handwashing station
Le « Kayy Rakhassou », une station mobile de lavage des mains, créée par des jeunes de Dakar (© Ousmane Diop/ Kayy Rakhassou Youth Group, Sénégal)

Les Sénégalaises se sont elles aussi lancées dans la lutte contre le nouveau coronavirus. L’initiative Badiene Gokh, par exemple, est composée de femmes choisies et reconnues par leurs communautés pour leurs qualités de leadership. Le ministère de la Santé et de l'Action sociale a chargé ces femmes, qui s’occupent habituellement de questions liées à la santé reproductive, de relayer les mesures préventives chacune auprès de sa communauté, y compris dans des zones reculées, par le biais de réunions de sensibilisation.  

En outre, certaines couturières ont troqué la confection de boubous traditionnels brodés pour celle de masques. C'est le cas de la styliste Touty Sy, dont la devise est « 1 Sénégalais, 1 masque », à l’origine d'une collection de masques originaux. L'enthousiasme de cette créatrice lui a permis de gagner le soutien d'un millier de couturières, qui l'ont rejointe dans la production en série de masques de protection. 

Dans le but de mobiliser toute la société face à la crise, le gouvernement sénégalais, en coordination avec la Banque mondiale, soutient ces initiatives innovantes par le biais du projet d'amélioration de l'employabilité des jeunes par l'apprentissage informel (a). Ce projet aide les jeunes apprentis à créer et à innover au niveau local.  

Par exemple, les effets de la crise ont exacerbé la vulnérabilité des artisans travaillant dans le secteur informel. Pour y remédier, le ministère de l'Emploi, de la Formation professionnelle et de l'Artisanat, en collaboration avec la Banque mondiale, aide les couturiers locaux à poursuivre leur production. 

Le projet aide les entreprises de couture semi-industrielles qui s'appuient sur une main-d’œuvre locale à fabriquer 520 000 masques. Il bénéficie aussi directement à environ 7 000 maîtres artisans et apprentis travaillant dans huit métiers différents et enregistrés dans la base de données du projet. Ces artisans sont installés dans les quatre départements de la région de Dakar, ainsi que dans 13 capitales régionales et autres centres économiques. 

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Artisans supported by the World Bank’s Youth Employment Project
Artisans soutenus par le projet pour l’emploi des jeunes de la Banque mondiale (© Ousseynou Ndaw Sene)

Des artistes sénégalais ont peint des graffitis sur des murs et à l'extérieur de bâtiments publics à Dakar pour faire connaître les gestes qui protègent contre le virus. Ces graffitis sont réalisés, entre autres, par Doxandem Squad, un collectif de jeunes artistes qui cherche à sensibiliser aux questions sociales et sanitaires, en utilisant la culture urbaine comme moyen de communication. 

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Educational graffiti in Dakar
Des graffitis éducatifs à Dakar pour lutter contre la propagation du coronavirus (Lucienne M’Baipor / Banque mondiale)

Des musiciens sénégalais ont participé à la sensibilisation du public dans les langues locales, notamment le wolof, le sérère et le mandingue. Le célèbre chanteur Baaba Maal a revisité son tube Jam leeli jam yo (la paix) afin d’insuffler un esprit de résilience dans la population sénégalaise pendant la pandémie. La musicienne Fatou Guéwl Diouf a quant à elle utilisé son talent pour sensibiliser la population aux gestes barrières.  

Tous ces artistes marchent dans les pas de leurs aînés : Kocc Barma Fall, Cheikh Anta Diop, Amadou Hampathé Ba et Cheikh Moussa Camara. Ces grands penseurs, écrivains et philosophes sénégalais et grandes figures africaines sont devenus de véritables héros.  

En période de crise mondiale, les jeunes entrepreneurs et les artistes font preuve de créativité et d'ingéniosité. Pour accompagner le Sénégal dans cette passe difficile, la Banque mondiale continue de renforcer la résilience des populations en soutenant notamment l'accès des jeunes à l’emploi. 


Auteurs

Lucienne M’Baïpor

Senior Social Development Specialist

Ishanlosen Odiaua

Senior Social Development Specialist

Najat Yamouri

Spécialiste senior du développement social

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