Le développement de tous et pour tous, ou comment promouvoir l'autonomie des jeunes Zambiennes

La culture zambienne accorde toujours beaucoup d’importance au mariage, en particulier pour une femme. Encore aujourd’hui, on considère souvent qu’elle n’en est pas une si elle n’a pas de conjoint.

De tels stéréotypes expliquent que les filles soient souvent condamnées à se marier avant l’heure, surtout dans les zones rurales. Les études indiquent que le phénomène résulte principalement de la pauvreté des familles. Notre forte culture africaine et l’importance qu’elle accorde au rôle de jouent aussi un rôle de premier plan, de même que le manque d'accès à une éducation de qualité, en particulier pour des filles destinées à devenir mères.

Malgré les nombreuses qualités de la culture zambienne, je crois qu’il faut changer la vision qu’elle propose des étapes de l’existence. Il reste à trouver comment. Voici des idées pour mettre un terme aux unions précoces :

• Impliquer les leaders d’opinion afin qu’ils influent sur les mentalités – Il s’agit des chefs de village, des représentants des pouvoirs publics, des enseignants, des infirmières, des médecins et autres personnes que la société valorise. Leur intervention accélérerait la mise en application de mesures déjà adoptées, telles que la politique nationale sur l’enfance.
• Mettre en place des programmes de mentorat – Le mariage précoce est prédominant parmi la population rurale, tandis que la population urbaine est bien informée des avantages de l’éducation et des conséquences des grossesses adolescentes. Il faut souligner que les filles ne subissent pas toujours un mariage forcé : parfois, c’est elles qui prennent les devants. Or il est indéniable qu’une jeune fille qui a bénéficié d’une éducation de qualité et qui est en contact avec des modèles de réussite féminine peut accomplir bien davantage que ce dont la société la croit capable.
• Améliorer les systèmes d’état civil – Il importe de faire en sorte que chaque enfant possède un acte de naissance qui attestera plus tard de son âge. En Zambie, il arrive que les parents prétendent leur fille plus âgée que l’âge requis pour la marier. Une meilleure informatisation de l’état civil rendrait les certificats de naissance plus accessibles par la suite.
• Apporter une éducation publique aux parents et aux filles – Il faut notamment leur faire prendre conscience des maux qu’engendrent les grossesses précoces et des conséquences néfastes du manque d’instruction de la population féminine sur l’économie. Mais aussi éduquer les parents sur les lois concernant les mariages précoces, et surtout, apprendre d’eux-mêmes et de leur fille quels facteurs ont influencé leur choix d’un mariage avant l’âge pour pouvoir y remédier.
• Améliorer la situation économique des ménages – La pauvreté demeure la principale cause des unions précoces. La mise en œuvre de politiques et de programmes bien conçus et visant à donner plus d’autonomie aux familles influencerait leurs décisions, notamment en matière d’éducation des filles. Enfin, pour réduire leur pauvreté, il est capital de les former à la gestion de leurs finances.

En conclusion, nous devons retrouver notre culture ubuntu d’origine, celle qui appelait au développement de tous et pour tous. Si, avec l’aide des leaders d’opinion, nous encourageons l’émancipation des individus, nous aboutirons à une société qui verra chez une fille davantage qu’une source de revenus.