Pour mettre fin aux mariages précoces, le Rwanda s’est doté de politiques et de moyens financiers. Mais, en réalité, la réussite de ce combat repose sur nos communautés. Les autorités auront beau mettre en place les meilleures politiques et prévoir des sanctions sévères, ce sera toujours la population qui aura le dernier mot. La meilleure façon d’en finir avec les mariages d'enfants est de s'adresser directement aux membres des communautés dans lesquelles cette pratique est monnaie courante.
Si l’on veut véritablement trouver des solutions pour réduire le nombre de mariages précoces, il est indispensable d’associer les principales parties prenantes. Il ne faut pas agir en leur nom, mais au contraire agir à leurs côtés. Si de nombreux responsables gouvernementaux s'estiment peut-être incapables d'apporter des solutions efficaces, les chefs communautaires ne le sont pas ! Parce qu’il n’y a pas de remède universel contre ce problème, ils sont les mieux placés pour apporter des solutions adaptées au contexte local et à leurs besoins.
Dans la plupart des pays africains, les chefs traditionnels sont très influents. Ils connaissent personnellement les habitants de leur village, ils comprennent leurs croyances et ce qui motive leurs actions. Ils sont respectés et les villageois se rangent généralement à leurs avis. Par conséquent, il est important de les former et de s'assurer de leur soutien pour qu'ils contribuent à faire baisser le nombre de mariages précoces.
Il est également essentiel que nous sensibilisions les enfants dans les écoles. Certaines filles pensent que c’est la coutume et normal d'être mariées très jeunes. Cependant, lorsqu'on leur montre les conséquences négatives d'un mariage précoce, elles seront plus enclines à résister à cette pratique et à faire appel aux autorités si nécessaire.
Les chefs religieux ont une autorité qui peut faire évoluer les normes et les pratiques de leurs adeptes. Ils exercent une influence sur les mentalités concernant les rôles assignés à chaque sexe, et en particulier aux femmes. C'est pourquoi les inciter à prendre la tête des initiatives de lutte contre le mariage des enfants augmenterait les chances de réussite. Ils peuvent en effet plaider en faveur de l'autonomisation des femmes, ce qui modifierait la manière dont elles sont considérées et renforcerait leur confiance en elles, contribuant ainsi à la limitation des mariages précoces.
Les pouvoirs publics devraient créer, dans chaque village, des collectifs chargés de traiter spécifiquement ce phénomène. Ces structures pourraient par exemple encourager la création de clubs de filles où seraient proposées des activités de partage d'informations et de sensibilisation aux conséquences néfastes des unions précoces. En outre, il serait utile d’offrir des projets générateurs de revenus à ces jeunes filles, car la pauvreté et le chômage sont parmi les principales causes du mariage des enfants.
Mais par-dessus tout, alors que les organisations et les gouvernements ont tendance à traiter ces enfants comme de simples statistiques, il est capital qu'ils commencent à les traiter comme des êtres humains et à les impliquer dans la recherche de solutions à leurs problèmes.
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