Les innovations low-tech sauveront l’Afrique

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The people in the fishing village of Orimedu (Lagos State) have benefited greatly from Nigeria's Fadama II project. The people in the fishing village of Orimedu (Lagos State) have benefited greatly from Nigeria's Fadama II project.

Nous ne cesserons jamais de le dire. Préparer les jeunes Africains aux métiers de demain passe par le renforcement du capital humain et par l’adoption véritable des technologies de l’information et de la communication (TIC). C’est un fait indéniable quand on voit les avancées observées dans les pays occidentaux. Qu’en est-il pour l’Afrique ?

Une chose que j’ai apprise durant mes années d’activités dans les laboratoires de fabrication numérique, c’est qu’en Afrique, l’innovation n’est plus perçue comme un mouvement réservé aux grandes entreprises multinationales. « L’innovation, c’est de résoudre un problème avec les outils qu’on a à sa disposition. »

Lorsqu’on lit le roman autobiographique Le garçon qui dompta le vent de William Kamkwamba, un jeune homme au Malawi qui a inventé un système d’énergie éolienne pour sauver son village de la famine, on comprend combien il est important pour les habitants d’un milieu donné de trouver eux-mêmes des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. C’est là qu’intervient le low-tech.

Même si l’expression low-tech est un oxymore, il faut comprendre que c’est une technique basée principalement sur le recyclage, la réutilisation de matériaux. C’est un bon moyen pour pallier le problème de coût excessif des équipements pour les expériences en laboratoire. C’est surtout un bon moyen de favoriser la recherche et la découverte de nouvelles techniques avec un petit budget et en se basant sur les techniques et les technologies existantes. C’est une belle méthode de renforcement des capacités. Si les bienfaits du recyclage et de l’économie circulaire ne sont plus à rappeler, il convient de souligner que le low-tech s’appuie sur l’imagination. Dans chaque milieu où des personnes adoptent le low-tech, les habitants sont encouragés à identifier ensemble les problèmes communs qu’ils rencontrent, trouver des solutions et les construire avec leurs compétences, leurs stratégies et leur imagination.

Et les laboratoires de fabrication numérique (Fablab), ces espaces ouverts au monde où les geeks, les curieux et les professionnels se retrouvent, s’associent pour concevoir des solutions, facilitent les choses. Ces dernières années, beaucoup de belles inventions et entreprises sont nées dans ces laboratoires. S’ajoutent à cela, les incubateurs qui se chargent de l’accompagnement des nouvelles entreprises émergentes. Les Fablabs sont les meilleurs supporteurs du low-tech. Le principe de ces laboratoires est d’utiliser des outils ouverts et les plus accessibles pour permettre au plus grand nombre de personnes d’accéder à ces technologies et techniques.

Il convient que les gouvernements comprennent l’importance du low tech et créent des mécanismes pour permettre aux bénéficiaires et aux inventeurs de les intégrer plus facilement dans leur quotidien et dans le développement de leur pays.

Le monde que nous imaginons, c’est un monde où les habitants sont autonomes au point de satisfaire eux-mêmes leur besoins fondamentaux. C’est un monde où la connaissance africaine dans toute sa diversité et sa beauté est mise en relief par les Africains eux-mêmes, avec les outils qu’ils ont, avec les communautés scientifiques et technologiques qu’ils ont. Nous imaginons un monde tracé par les innovations low-tech pour aboutir à l’industrialisation.  


Auteurs

Kêlvin Adantchede Nonvignon

Lauréat du concours Blog4Dev2019 au Bénin

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