Les leaders religieux, maillon essentiel pour faire prendre conscience des dangers des mariages précoces

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Adamou Boubacar Amadou Adamou Boubacar Amadou

Le Niger a l’un des taux d’alphabétisation les plus faibles d’Afrique subsaharienne. C’est aussi un pays dont la population est jeune et où tout un entrelacs de croyances culturelles et religieuses enracinées façonne les modes de vie. 

Malgré l’extrême pauvreté des habitants et une structure sociale patriarcale, les Nigériens accordent une grande valeur aux pratiques morales et éthiques et s’en tiennent à ces convictions. 

Pourtant, les incohérences de nos croyances, conjuguées aux carences de l’éducation, peuvent perpétuer des pratiques aux conséquences délétères pour la société et pour nous-mêmes. 

C’est le cas du mariage précoce, pratiqué un peu partout dans le pays depuis des décennies. 

Si ces formes d’union concernent les deux sexes, elles ont surtout des effets négatifs sur les filles, qui constituent l’écrasante majorité de cas. 

Au-delà des nombreuses justifications sous-tendant cet usage, religieuses, culturelles ou monétaires, je reste persuadé que la principale cause du maintien de cette pratique dans mon pays tient à l’absence de prise de conscience de ses conséquences désastreuses pour l’enfant. 

Ce problème peut être résolu par une éducation adaptée des hommes et des femmes — et surtout des hommes, vu le caractère patriarcal de notre société — ainsi que par l’implication des pouvoirs publics à travers l’adoption d’une législation interdisant le mariage des enfants. 

Premiers responsables des mariages précoces, les parents ne prennent en général en compte que leur intérêt propre avant de s’engager dans une décision aussi funeste. Pour se justifier, certains invoquent des excuses comme la volonté d’éviter une grossesse hors mariage, qui serait un motif de honte pour toute la famille. D’autres y recourent principalement pour des raisons financières. 

Mais tous, et avec eux les maris, oublient les conséquences terribles de ces unions qui exposent les adolescentes aux violences conjugales et aux complications graves et mortelles d’une grossesse précoce. 

Dans une société qui ignore les conséquences des mariages d’enfants, l’instruction fait partie des solutions.

Au Niger, cette instruction doit avoir lieu au niveau des enfants, à l’école, et à celui des parents, à travers les médias locaux. La radio pourrait participer à cette éducation des citoyens, car ce moyen de communication est largement utilisé dans le pays et, compte tenu du faible niveau d’alphabétisation, particulièrement indiqué pour toucher les personnes impliquées dans de tels actes. 

Mais pour que la campagne d’interdiction des mariages précoces soit vraiment efficace, il faut y associer les responsables religieux. 

Dans un pays majoritairement musulman, ces figures exercent une forte influence sur les habitants. Un message de leur part criminalisant la pratique des mariages d’enfants et démontrant qu’elle est contraire aux préceptes religieux pourrait jouer un rôle décisif pour y parvenir. 

Enfin, le gouvernement doit prendre des mesures pour bannir ces pratiques, à travers l’adoption d’une législation interdisant le mariage avant l’âge légal. 

Le mariage précoce empêche les filles de poursuivre leurs études et d’accéder ainsi à l’autonomie. Il contribue aussi à aggraver les écarts entre les hommes et les femmes et, ce faisant, à entraver le progrès socio-économique du pays. 

Mettre fin aux mariages d’enfants permettra de libérer le potentiel du Niger et de stimuler son développement. 


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