Le Malawi n’est pas épargné par la rupture due à l’économie numérique. L’automatisation, la robotique et l’intelligence artificielle transformeront bientôt radicalement notre façon de travailler, que ce soit sur le bouillonnant marché de Limbé, dans les usines de Kanengo ou dans les services de l’État à Ntchisi Boma.
Dans la mesure où des compétences comme le travail d’équipe, l’adaptabilité ou la résolution de problèmes complexes sont très recherchées dans l’économie numérisée, je propose deux recommandations qui pourraient aider les jeunes du Malawi à être bien préparés et compétents pour travailler à l’ère numérique.
Tout d’abord, je pense que les écoles devraient offrir des matières obligatoires portant sur le développement personnel et les compétences numériques. Depuis l’école primaire, et jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire, les programmes devraient intégrer le développement personnel et les compétences numériques ; ces deux matières devraient compter autant que des matières comme la littérature ou les mathématiques.
Lors des cours de développement personnel, les élèves devraient apprendre à cultiver les qualités humaines que les machines ne peuvent mettre en œuvre – comme l’empathie – afin de renforcer leur intelligence émotionnelle. Cela contribuerait à développer leur conscience de soi et leur bien-être psychique, tout en les aidant dans leur manière d’interagir avec les autres. Développer une meilleure compréhension d'eux-mêmes et savoir comment réagir face à diverses situations rendra les étudiants plus flexibles et adaptables à l'économie numérique en constante évolution.
Lors des cours de compétences numériques, ils devraient acquérir des capacités telles que la programmation informatique, car à l’avenir, et comme jamais auparavant, les gens interagiront sur leur lieu de travail avec les machines et les applications numériques.
Ces matières devraient par ailleurs être enseignées de manière non conventionnelle. Pour le développement personnel, et au lieu d’évaluations reposant sur des examens, les élèves devraient être évalués sur la façon dont ils entrent en interaction avec les autres. Cela leur permettra de développer d’excellentes capacités de communication, de savoir travailler en équipe et de cultiver des valeurs humaines comme la réconciliation, l’humilité et la compassion. Ainsi, en sortant du lycée, tout élève sera doté d’intelligence émotionnelle et de la capacité de travailler avec les technologies numériques.
Ensuite, les étudiants pourraient bénéficier d'un programme post-universitaire d’innovation et de développement. Le gouvernement devrait adopter une réglementation exigeant qu’à la fin de leur cursus, et pour pouvoir obtenir leur diplôme dans n’importe quelle université ou centre de formation du Malawi, l’ensemble des étudiants prenne part à un programme obligatoire d’innovation et de développement professionnel pendant un an. Une institution spécifique pourrait être mise en place pour gérer ce programme.
Les participants pourraient être répartis en petits groupes de travail pluridisciplinaires de 10 à 15 diplômés issus de diverses institutions, possédant différentes gammes de connaissances et de compétences. Une équipe pourrait par exemple être composée d’un ingénieur, d’un économiste, d’un écologiste et d’autres professionnels frais émoulus. Chaque groupe se verrait attribuer un domaine de recherche, les groupes étant répartis sur l’ensemble du pays.
Les groupes pourraient être guidés par un facilitateur spécial expert, qui accompagnerait les élèves à travers le processus d’innovation, depuis l’identification d’un problème de développement dans leur domaine de recherche jusqu’à la mise en œuvre d’une solution innovante à ce problème. Pour concevoir leurs innovations, les groupes devraient axer leurs efforts sur l’utilisation de technologies numériques.
Ces groupes de travail permettraient aux participants de renforcer encore davantage leur capacité de travail en équipe et de résolution de problèmes complexes ainsi que leur créativité. Le programme développerait également leur intelligence émotionnelle puisque les participants utiliseraient leurs compétences humaines, dans le cadre de leur travail, afin de communiquer et d’avoir de bons rapports avec d’autres personnes d’origines sociales variées.
Ces étudiants obtiendraient leur diplôme après avoir présenté une innovation tangible, testée et évolutive qui apporte des solutions à des problèmes sociaux et débouche sur des opportunités d’entrepreneuriat et d’emploi. Bien sûr, et c’est un plus, ils seraient prêts à travailler dans l’économie numérique !
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